Algérie

Le président Bouteflika rallonge de facto le délai accordé aux islamistes armés



«Les portes de la réconciliation sont ouvertes» «Les portes de la réconciliation sont ouvertes à ceux qui, dans leur geste de repentance, espèrent profondément intégrer la société. Même si les opinions divergent sur cette question, nous sommes conscients que le peuple algérien milite pour le rétablissement de la paix. Au pouvoir, nous penchons plutôt pour cette tendance». C’est ce qu’a affirmé, en forme de sentence, le président Bouteflika à l’occasion de la rencontre gouvernement-walis. Cette déclaration allonge de facto le délai accordé aux terroristes pour se rendre aux autorités. Le ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, avait, à l’époque, plombé l’atmosphère politique en soutenant que la lutte contre le terrorisme «se poursuivra, après l’expiration du délai de mise en œuvre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, prévue fin août», sans pour autant indiquer si le délai accordé aux terroristes est maintenu ou prorogé. Le ministre qui avait renouvelé son appel en direction des terroristes, toujours en activité dans les maquis, «à se rendre», avait averti ces derniers que, passé ce délai, l’Etat les «combattra par tous les moyens». Cette sentence du chef de l’Etat qui bénéficie désormais d’un vrai consensus au plus haut niveau de la hiérarchie politique est venue pour ainsi dire clore définitivement les doutes de certains responsables politiques qui s’interrogeaient sur une éventuelle rallonge du délai accordé, jusqu’au 31 août, aux terroristes pour se rendre aux autorités et bénéficier des mesures de clémence contenues dans la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Si cette éventualité était largement évoquée par certains responsables politiques qui voulaient donner encore plus de temps aux éléments les plus irréductibles, le président Bouteflika leur offre dès à présent une réelle opportunité pour rebondir sur la scène nationale. Le PT de Louisa Hanoun, d’abord, connu pour avoir à plusieurs reprises appelé ouvertement au prolongement de ce délai et le FLN, ensuite, qui s’est appuyé sur une disposition de la charte qui donne au président Bouteflika toute latitude d’accorder un délai ou non. En effet, seul le président Bouteflika possède les prérogatives (constitutionnelles) pour proroger ou laisser tel quel le délai imparti à la charte. Le FLN, qui ne voulait pas se mouiller, attendait impatiemment l’arbitrage du président Bouteflika pour se prononcer officiellement sur la question. Aujourd’hui que la question de la prolongation du délai est définitivement tranchée par le Président qui a mis fin ainsi aux doutes qui subsistaient encore, le FLN de Belkhadem, qui a fait de cette question un élément central de sa future campagne électorale, ne ratera pas l’occasion pour mettre à mal ses partenaires de l’Alliance, le RND et le MSP, qui étaient réticents sur certains aspects du contenu. Le ministre de la Justice, Tayeb Belaiz, avait avancé le chiffre de 2.200 prisonniers concernés par cette mesure de grâce. D’autres sources médiatiques donnaient l’hypothèse de 3.000 prisonniers. Quelque 2.500 islamistes algériens détenus pour actes de terrorisme, parmi eux certains émirs, à l’image de Abdelhak Layada, ont été libérés depuis le 4 mars dernier. Mais pour le moment, une certaine confusion règne au sujet du nombre de prisonniers élargis dans le cadre de la charte dont le bilan définitif a été à chaque fois reporté. Parmi les chefs des groupes armés les plus en vue ayant bénéficié de cette grâce, on compte l’ancien chef du Groupe islamique armé (GIA) Abdelhak Layada, dit Abou Adlane, condamné à mort par la justice algérienne et extradé du Maroc en 1993. Il y a également le chef politique, et numéro 2 de l’ex-FIS, Ali Belhadj, libéré une première fois en 2003 après avoir purgé 12 ans de réclusion, mais aussitôt mis sous mandat de dépôt le 27 juillet 2005 après avoir béni sur la chaîne arabe Al-Jazira l’enlèvement des deux diplomates algériens assassinés par le groupe d’Abou Mossab Al-Zarqaoui. Libéré depuis quelques mois, Ali Benhadj a bénéficié d’une autre grâce présidentielle. Le cas de l’ancien numéro 2 du GSPC, Abderrazak El Para, toujours en détention dans un lieu non identifié, reste énigmatique. Sera-t-il élargi au même titre que les autres émirs ou subira-t-il les foudres de la justice algérienne? Les plus proches et les plus fidèles lieutenants de Hassan Hattab, l’ancien émir national du GSPC, aujourd’hui reclus et rangé, qui étaient sur le point de remettre leurs armes aux autorités, n’ont pas manifesté pour le moment le moindre geste de repentance. Qu’attendent-ils pour annoncer officiellement leur reddition?




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)