Le présent avant tout !

C'est bien connu ! Les cataclysmes de toutes sortes, les catastrophes naturelles, les crises économiques majeures, les guerres aussi, les pandémies (comme le Covid-19, comme le Sida) sont toujours porteurs de drames et de deuils, de faillites, de déchirures et de déchéances. Mais, ils obligent, par la suite, à bien des changements dans les habitudes, les comportements et même dans la manière de « voir » le monde, ici-bas et pour l'au-delà pour ceux qui y croient. Bien sûr, il y a toujours des dérives durant les événements eux-mêmes : les pillards, les affairistes, les trafiquants de toutes sortes et même des meurtriers. Chacun de ces derniers tente de profiter de la situation de chaos ou de désordre de manière bien souvent inhumaine.C'est ce qui fait que, souvent, l'état d'urgence et même la loi martiale sont souvent décrétés par les pouvoirs publics. Malgré tout cela - événements et dérives qui sont bien souvent traumatisants, avec des traces qui vont durer dans le temps, à l'exemple des violences subies lors de la décennie rouge - on note des transformations positives imposées par la situation et/ou volontairement mais toujours difficilement assumées.
Quelques beaux exemples en ce temps, si long, si contraignant et si stressant de Covid-19 : ce qu'ont fait dernièrement des femmes de Kabylie. Après un marathon, on a vu le football les drainer. Ainsi, vendredi 25 septembre dernier, deux équipes féminines de football des villages Sahel et Tabouda près de Bouzguène dans la daïra de Azzazga se sont affrontées lors d'un match organisé au stade de Sahel. Une rencontre inédite qui a mobilisé une foule immense. Dans une ambiance festive, des femmes de différentes tranches d'âge ont livré un spectacle d'une rare beauté devant les regards joyeux et enthousiasmés de dizaines de femmes de la région. En effet, l'événement a rassemblé non seulement les femmes des villages voisins mais aussi celles des autres régions de la Kabylie. « C'est un match amical pour passer le temps, c'est tout. C'est aussi pour que la femme fasse valoir sa place sur cette planète où nous vivons ! Avant, la femme n'avait pas ses droits, c'est le moment pour elle de les arracher dans tous les domaines, y compris le sport », a déclaré une joueuse sexagénaire au micro d'une télé. Une ambiance de fête jamais observée dans un stade. Dans le strict respect des gestes barrières.
On a vu, au niveau de certains villages et cités de grandes villes des groupes de jeunes et vieux se mettre, enfin, sans attendre l'arrivée des moyens publics, à aménager des espaces de jeux pour les enfants - encore en vacances - et de repos pour les plus âgés et les accompagnateurs ou à faire « chanter les murs » et les escaliers.
On a vu, au niveau des institutions étatiques et des entreprises publiques (en dehors du problème récurrent du non-respect des gestes barrières par tous les présents en grande et petite réunion) beaucoup, sinon la totalité du travail s'effectuer par l'intermédiaire des moyens modernes de communication : la visioconférence (nationale et internationale), le télé-travail. Que d'économies de temps, d'argent (pas ou moins de frais de mission en devises fortes) et certainement plus d'efficacité, le temps numérique obligeant à aller droit au but et sans salamalecs.
On a vu, on a vu… Verra-t-on ' On l'espère. Encore qu'il ne faut pas se faire de grandes illusions. Les Algériens ' Un peuple généreux, courageux, parfois prétentieux qui « entend » beaucoup (hélas, il ne lit pas assez) mais qui n' « écoute » pas. De plus, têtu dans ses premières convictions, même les plus absurdes. Il est vrai, qu'en face, pour les explications de situations dramatiques, on retrouve les mêmes « qualités » ( '!). « Etant beaucoup plus disposés à s'adapter aux circonstances qu'à dégager de nouvelles perspectives d'action, ils (les Algériens) n'établissent aucun rapport entre les situations qu'ils vivent et leur manière d'être et d'agir habituelle, écrit Slimane Medhar (in « La violence sociale en Algérie ». Essai © Thala Editions, 2009). Les Algériens ' Un peuple du temps présent. Et du passé '