Donné perdant aux prochaines élections législatives par tous les instituts de sondage, le Premier ministre japonais, Taro Aso, est menacé dans son propre fief d'Iizuka, le c'ur de l'empire économique familial.
Dans cette ville de 130 000 habitants située sur l'île méridionale de Kyushu, le groupe Aso est partout : Lafarge Aso Cement, Aso System solution, supermarché Aso... Le holding familial, dirigé par le frère du chef du gouvernement, fait depuis longtemps la pluie et le beau temps sur la communauté. Taro Aso n'aura pourtant pas la partie facile lors de l'élection du 30 août où il sera confronté localement à un candidat du Parti démocrate du Japon (PDJ, centre), le principal mouvement d'opposition favori des sondages. « La compétition va être difficile », reconnaît Shuichi Saruwatari, le responsable de la campagne du Premier ministre sur le terrain. « Mais beaucoup dans cette ville placent toujours leurs espoirs sur M. Aso. » Débutant en politique à la fin des années 70, le fils prodigue s'est fait élire puis réélire régulièrement dans la « circonscription Aso », où le clan finance depuis des décennies de coûteux travaux d'infrastructures, s'attirant un solide soutien. Cette stratégie a été souvent été utilisée au Japon par le Parti libéral démocrate (PLD, droite) de M. Aso, au pouvoir depuis 1955 presque sans interruption, pour s'attirer les suffrages hors des grandes villes. Mais ces bases électorales, aujourd'hui vieillissantes, ne fournissent plus le contingent suffisant et le « système PLD » a atteint ses limites. Même à Lizuka, il pourrait ne combler qu'en partie l'impopularité du Premier ministre dans le pays. Agé de 68 ans, Taro Aso a conquis le poste suprême en septembre l'année dernière, avec l'ambition de faire gagner le PLD aux législatives. Mais son leadership contesté et ses gaffes verbales à répétition ont gâché son mandat. Contraint de dissoudre la Chambre des députés en juillet pour organiser les élections, M. Aso s'est peu après excusé auprès de son parti pour ses erreurs. « Nous ne sommes pas vraiment excités par cette élection », confie une commerçante d'Iizuka en arrosant ses plantes devant son échoppe. « Je ne peux pas le dire fort, mais M. Aso n'est pas si populaire par ici », murmure-t-elle. Les partisans du Premier ministre croient pourtant toujours en lui. « M. Aso est celui qu'il nous faut à Iizuka », affirme Yoshiko Sadoshima, une octogénaire qui a travaillé 30 ans au groupe Aso comme standardiste. « C'est un homme bien, même s'il était un peu turbulent dans sa jeunesse », ajoute-t-elle avec tendresse, en sortant de l'hôpital Aso Iizuka. Petit-fils de l'ancien Premier ministre, Shigeru Yoshida, personnage-clé du Japon de l'après-guerre, M. Aso a connu un itinéraire mouvementé malgré son pedigree parfait. Un temps directeur de la cimenterie familiale, le jeune Taro a aussi négocié des diamants en Sierra Leone et participé aux Jeux olympiques de 1976 dans l'équipe japonaise de tir. Une image délurée dont cet amateur de cigares à la voix rauque a souvent joué dans les médias, mais cela ne l'empêche pas d'être présenté aujourd'hui comme « celui qui va faire perdre au PLD sa mainmise sur le Japon ». Paradoxalement, les difficultés d'Iizuka, quasi-ville fantôme depuis la fermeture des mines de charbon Aso dans les années 60, pourraient aider l'enfant du pays à sauver l'honneur. « La population a nettement baissé et beaucoup ici pensent que la ville a besoin d'un politicien puissant », souligne M. Saruwatari, voulant croire à un nouveau succès de M. Aso sur ses terres.
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Posté Le : 14/08/2009
Posté par : sofiane
Source : www.elwatan.com