Une semaine après le déclenchement des pires émeutes depuis des décennies
en Grande-Bretagne, les grandes villes du pays restaient hier samedi, sous
haute surveillance policière malgré le calme qui semblait s'installer et le
gouvernement a appelé à la rescousse un super flic new-yorkais. Pour la
troisième fois consécutive, aucun incident important n'a été rapporté dans la
nuit de vendredi à samedi, mais les forces de l'ordre, mobilisées en masse, restaient
en état d'alerte craignant que le week-end ne soit l'occasion de nouveaux
dérapages entre matches de foot et soirées arrosées dans les pubs. Une
manifestation de l'English Defence
League (EDL), un mouvement d'extrême droite, a
d'ailleurs été interdite près de Birmingham. Pas moins de 16.000 policiers sont
toujours déployés rien qu'à Londres d'où étaient parties les émeutes, samedi
dernier, après l'embrasement du quartier déshérité de Tottenham,
dans le nord de la capitale. Le match de la 1re journée du championnat
d'Angleterre entre Tottenham et Everton,
hier après-midi, a été reporté à la demande de la police, mais les neuf autres
matches sont maintenus. Comme ceux des 2ème, 7ème , 3ème
et 4ème divisions anglaises, prévus à Londres, ce week-end. La police a
poursuivi sa contre-offensive, multipliant les arrestations : plus de 1.600
personnes ont déjà été interpellées, dont 1.222 dans la seule capitale. Les
tribunaux, qui travaillent sans relâche depuis plusieurs jours, vont tenir des
audiences spéciales ce week-end pour faire face à l'afflux de suspects. Le
Premier ministre conservateur, David Cameron, qui prône la manière forte face à
des actes «criminels», a même souhaité que les fauteurs de troubles n'aient
plus droit à un logement social. «Si vous vivez dans un logement social, vous
profitez d'une maison à prix réduit et cela vous donne des responsabilités», a
lancé M. Cameron, critiquant «l'attitude trop molle» qui a prévalu envers les
pillards. Le conseil municipal de Wandsworth, un
quartier du sud de Londres, a d'ailleurs émis un avis d'expulsion contre un
locataire, dont le fils est soupçonné d'avoir participé aux violences. La
décision finale reviendra à un juge.
Une pétition électronique circule
également, qui demande que les casseurs soient privés de leurs droits sociaux. Elle
a déjà recueilli plus de 160.000 signatures, ce qui ouvre la possibilité pour
le Parlement de s'en saisir s'il le souhaite. Pour éradiquer les troubles, M. Cameron
a aussi demandé à l'ex-chef de la police new-yorkaise, Bill Bratton,
de travailler comme consultant pour « Scotland Yard » et de lui faire partager
son expérience dans la lutte contre les violences urbaines. Bill Bratton, qui a également dirigé la police de Boston et de Los Angeles, va prendre part à une série de réunions à
l'automne avec ses homologues britanniques, notamment sur la question des gangs,
pointés du doigt à plusieurs reprises cette semaine, par le gouvernement pour
leur rôle dans les émeutes. Mais il a d'ores et déjà, averti les autorités
britanniques que la multiplication des arrestations n'était pas une réponse
suffisante. «Il ne suffit pas de faire des arrestations pour régler les
problèmes», a-t-il déclaré au « New York Times ». «Il va falloir beaucoup (...)
de techniques et de stratégie de prévention.» Le ministre de l'Economie, George
Osborne, a soutenu cette approche, estimant que le problème n'était pas de
revenir sur les coupes budgétaires qui affectent la police, mais de se pencher
sur les problèmes de fond. «Il y a des problèmes sociaux dont les racines sont
très profondes auxquels il faut s'attaquer», a-t-il souligné, évoquant les
«communautés qui ont été laissées à l'écart du reste du pays». Huit jours après
l'embrasement de Tottenham, la presse britannique
commençait à tirer un premier bilan d'»une de ses semaines les plus
humiliantes» depuis l'après-guerre pour la Grande-Bretagne, qui
a «changé» à jamais le visage du pays. «En une semaine, la Grande-Bretagne
qu'on connaissait a disparu à tout jamais», affirmait ainsi le « Daily Mirror », à côté d'une
photo de policiers entourant un blessé, dans une rue de Londres en proie aux
flammes.
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Posté Le : 14/08/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Nathalie Auriol De L'afp
Source : www.lequotidien-oran.com