-Peu de temps avant l'annonce de la composante du gouvernement, votre bureau est réuni en urgence. Quel est l'ordre du jour de cette réunion '
Nous nous sommes d'abord réunis pour souligner les revendications soulevées par la scène politique démocratique et aussi notre position par rapport au parti au pouvoir, en dépit de son passé. Il se trouve que nous sommes dans une étape transitoire et il nous faut son aide, surtout que nous ne voulons pas que l'Etat disparaisse et que cela débouche sur l'anarchie. Nous voulons traverser cette phase en sécurité et le plus tôt serait le mieux, au plus tard dans les six mois, pour arriver à des élections législatives et présidentielle réelles, sous couverture d'une organisation indépendante et intègre, avec le suivi d'institutions internationales pour réaliser le saut qualitatif que mérite notre peuple.
Nous avons donc accepté de faire partie d'un gouvernement de transition qui garantira une transition pacifique et légitime et aussi assurera les deux rendez-vous électoraux le plus tôt possible. Nous insistons maintenant sur la création de deux institutions, l'une pour enquêter sur la corruption et l'autre pour la réforme constitutionnelle et législative.
-Donc, vous comptez participer au gouvernement aux côtés de personnalités de l'ancien système…
Nous avons veillé à ce qu'il y ait une large participation au gouvernement transitoire avec, en plus de trois partis connus – le PDP, le Renouveau et le Congrès – des personnalités nationales intègres, connues pour leur indépendance, en plus de l'UGTT.
La participation de figures du parti au pouvoir est une nécessité et nous veillons à ce qu'il soit présent dans les institutions administratives et les ministères, représenté par des personnalités qui n'ont pas été impliquées dans des assassinats et des affaires de corruption, des cadres acceptables. Nous discutons aussi actuellement pour savoir comment séparer entre le parti au pouvoir et les institutions de l'Etat, entre la mission du Premier ministre et ses responsabilités dans le RCDÂ ; nous voulons qu'il se retire de ses positions partisanes.
-Est-il question aussi de demander la dissolution du RCDÂ '
Oui, mais vous connaissez la situation sécuritaire et vous savez ce que font les milices de la garde présidentielle et les sbires de la famille Trabelsi, qui sèment la terreur. Nous prenons notre temps car nous ne voulons pas davantage de tensions. Nous pensons que parmi les deux millions d'adhérents que le RCD prétend avoir, une partie est volontairement adhérente et nous ne voulons pas qu'il y ait jonction entre ces gens et les milices. C'est une affaire qu'on laisse pour les jours qui viennent ; nous y tenons.
Il ne peut y avoir séparation entre l'administration et le RCD, sauf par la dissolution du RCD, qui doit reprendre au même point que les autres partis, c'est-à-dire en dehors des institutions et de l'administration.
Mais il y a des manifestants qui dénoncent la composante du gouvernement et le fait qu'il compte des personnalités du régime honni…
Il y a des fractions du paysage politique que nous respectons et avec lesquelles nous avançons, ensemble. Mais il y a des divergences sur la méthode.Comment réaliser les objectifs partagés : redresser la situation sociale et politique actuelle ' Ces frères veulent dépasser toutes les instituions anciennes de l'Etat et nous ne voyons pas de possibilités d'y arriver.
-On annonce l'arrivée d'El Ghannouchi pour demain. Votre parti est-il ouvert à la participation des islamistes '
Oui. Notre position, depuis le début des années 1990, est claire. Nous avons rejeté la solution sécuritaire dans le traitement du mouvement islamiste et avons œuvré avec ce dernier ces dernières années. Nous avons créé ensemble le mouvement du 18Â Octobre qui a rassemblé les gauchistes, les démocrates, le parti Ennahda et les islamistes en général. Nous ne voyons pas d'inconvénient à ce qu'un parti islamiste fasse partie de la carte politique de notre pays parce que c'est un droit. Chaque tendance peut participer, dans le cadre de la loi et du respect des règles d'alternance au pouvoir.
Les gens qui ont participé, le 14 janvier, à chasser Ben Ali font partie d'un spectre large du peuple. A l'instar du Parti communiste qui a changé son discours de la dictature du prolétariat à la démocratie, nous croyons aussi que les islamistes peuvent croire à la démocratie et à sa pratique. C'est notre conviction et notre condition.
-Q'avez-vous à dire au sujet des déclarations du président El Gueddafi '
C'est une question sensible à laquelle je ne veux pas répondre. Mais je demande au frère El Gueddafi : comme nous respectons le peuple libyen, qu'il respecte lui aussi le choix du peuple tunisien et son droit à décider de son destin. Ce qui est la base du principe de bon voisinage ; nous sommes plus que voisins, nous sommes frères.
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Posté Le : 18/01/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Nouri Nesrouche
Source : www.elwatan.com