Algérie

Le Premier ministre d'un Mali en crise à Alger : Pressions sur l'Algérie pour une intervention militaire



Le Premier ministre malien, Cheikh Modibo Diarra, est en visite en Algérie depuis hier où il est arrivé porteur d'un message du président de la République par intérim, M. Diacounda Traoré, au chef de l'Etat algérien, Abdelaziz Bouteflika.
Le communiqué des Affaires étrangères parle d'une visite qui «s'inscrit dans le cadre des consultations régulières entre les deux pays». «Le Premier ministre malien aura des entretiens avec les responsables algériens axés sur «la situation au Mali et au Sahel ainsi que sur l'état de la coopération bilatérale et les perspectives de sa redynamisation et consolidation», précise le communiqué. Un texte d'une facture hyperclassique alors que la «situation au Mali et au Sahel» est des plus chaotiques avec des appels de plus en plus pressants à l'intervention militaire et des critiques, à peine voilées, au sujet de la «passivité de l'Algérie».
Outre la situation au nord du Mali tombé entre les mains des rebelles targuis (Mnla et Ançar Eddine) et des groupes islamistes armés (Aqmi, Mujao et sans doute Boko Haram), les choses peinent aussi à se stabiliser à Bamako. Il était question hier, une fois de plus, de la dissolution de la junte dirigée par le capitaine Sanogo en réponse à une exigence fermement formulée par l'Union africaine, la Cédéao et l'Onu de retrait des militaires de la scène politique. Mais le retour à la «normale» n'est pas assuré, le porte-parole du gouvernement malien ayant annoncé que l'organe militaire créé après le putsch (le Comité national pour la restauration de la démocratie et le redressement de l'Etat, CNRDRE) sera remplacé par une «nouvelle structure». Hamadoun Touré, porte-parole du gouvernement, a indiqué que cette nouvelle structure aura une «mission de formation et de conseil» et les membres de l'ex-junte «vont accompagner le gouvernement dans la réforme de l'armée pour la reconquête des régions du nord du Mali et la préparation des élections».
LE NIGER FAIT FEU DE TOUT BOIS CONTRE L'ALGERIE
La situation n'est en tout cas pas suffisamment stabilisée au sein de l'armée pour parler de «reconquête» du Nord où les appels à une intervention militaire extérieure se font pressants. Des appels pris en charge par l'Union africaine qui entend saisir «formellement» l'Onu d'une requête en ce sens. Le président français, François Hollande, évoquant une «menace d'installation de groupes terroristes au Nord-Mali (...)» est dans cette optique. «Cette menace existe, c'est aux Africains de la conjurer, à eux de décider. La Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) en est à la fois l'instrument juridique et l'instrument éventuellement militaire». Le président nigérien Mahamadou Issoufou qui fait le forcing pour l'intervention militaire a évoqué la présence de «jihadistes afghans, pakistanais, en tout cas étrangers au Mali qui entraîneraient des groupes terroristes». Les présidents mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et français François Hollande se sont dits, hier, au cours d'un entretien téléphone, «préoccupés» par les «développements graves de la situation au Mali», a affirmé cette source diplomatique mauritanienne.
Messages codés que le Niger, inquiet d'un risque de contamination de la rébellion targuie, se charge de rendre clair en faisant feu de tout bois… contre l'Algérie. Son ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bazoum, a demandé à l'Algérie de «se ressaisir» et il lui reproche de ne pas avoir actionné le Comité d'état-major opérationnel conjoint (Cemoc). Ces pressions pour une intervention militaire de l'Algérie pourraient s'accentuer à la faveur de la saisine du Conseil de sécurité par l'Union africaine. Jusqu'à présent, l'Algérie a fait valoir qu'elle faisait infiniment plus sur le terrain que les «causeurs». La donne risque cependant de changer si le Conseil de sécurité donne son aval à une intervention militaire. La volonté de l'Algérie de réserver le traitement de la situation aux seuls pays du «champ» est déjà contrariée par la multiplication des acteurs gris et des man'uvres.




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