Algérie

le premier groupe des moudjahines de yabous frappe à khenchela


le premier groupe des moudjahines de yabous frappe à khenchela




Le 1er novembre 1954 dans les Aurès-Nememcha :
Les fils de la Révolution

«Pour comprendre les révolutions et ceux qui y participent,
il faut à la fois les observer de très près et les juger de très loin.» (~ Simon Bolivar)

Samedi 31 Octobre 2009 Il est des dates qui marquent l’histoire d’une nation. Celle du 1er novembre symbolise le soulèvement d’un peuple pour se libérer du joug colonial. Des hommes, dans leur majorité issus du MTLD, ont, un jour, dans la plus grande discrétion, décidé de passer à l’action armée en créant le CRUA. Dans les Aurès, comme dans les autres régions du pays, des actions simultanées, bien synchronisées, ont, par leur ampleur, surpris l’occupant. C’était parti pour huit années de guerre meurtrière. Qui sont ces hommes ? Pourquoi ont-ils choisi la date du 1er novembre ? Et enfin, pourquoi ont-ils déserté les rangs du MTLD et opté pour l’insurrection ? La scission du MTLD entre Messalistes et centralistes a joué un rôle primordial dans le déclenchement de la guerre. Certains militants neutres se sont démarqués de la lutte intestine qui minait le mouvement. Parmi eux, Mostefa Benboulaïd et Bachir Chihani. Sans rentrer dans le détail de cette scission, il est indispensable de rappeler certains faits ayant été à l’origine de l’insurrection armée.

En septembre 1954, des militants du MTLD se réunissent à Alger pendant deux jours. Un militant de Kouba dit : «Les Messalistes et les centralistes, c’est du pareil au même. Seul le pouvoir les intéresse.» À ce moment précis, Mostefa Benboulaïd, dépité de la tournure des évènements, déclare : «À partir de maintenant, nous n’assisterons plus à aucune réunion. Nous ne compterons désormais que sur nous-mêmes.» C’était la fin des tractations, de toutes les tentatives de ramener les Messalistes et les centralistes à la raison. Chacune des deux parties campait dans sa position. Le MTLD va voler en éclats. Le 20 octobre 1954, Benboulaïd réunit à Lokrine, un petit hameau situé à quelques kilomètres à l’est de Batna, dans la maison d’Abdellah Oumezziti, un groupe de militants composé de Chihani, Adjoul, Laghrour, Nouichi, Hadji et Khantra. Il leur communique une date, celle du 1er novembre 1954. Ils n’étaient pas surpris, car depuis quelque temps, quelque chose se préparait et eux aussi étaient préparés à la confrontation armée. En fait et bien avant cette date, c’est-à-dire en avril de la même année, le même Benboulaïd réunit dans sa ferme, à Tazoult (Lambèse), Adjel Adjoul, Tahar Nouichi, Messaoud Belaggoune et Abbas Laghrour. Ils prêtent tous serment de s’engager dans l’insurrection. Ils décident alors de ne rien divulguer aux militants jusqu’à la dernière minute. Cependant, ils entament les préparatifs et maintiennent ces militants sous pression.

Une fois la date du 1er novembre fixée, Benboulaïd donne des instructions fermes à ses compagnons et leur recommande la discrétion la plus totale. Chaque responsable devra réunir ses hommes le samedi qui précède de deux nuits la date du déclenchement de la lutte armée. Deux endroits sont fixés pour les rencontres, l’un à Khangat Maâche, à l’ouest de Foum Toub, où un effectif de soixante hommes est placé sous l’autorité de Nouichi, l’autre aux environs d’Arris, à Tighezza, où seront regroupés deux cents hommes sous l’autorité de Benboulaïd. Il est aussi prévu la distribution d’armes et d’uniformes. Durant la même période, la France se félicitait du calme régnant en Algérie. Elle ne soupçonnait rien, même si certaines agitations étaient sporadiquement signalées le long de la frontière algéro-tunisienne. L’optimisme de la France se fondait en grande partie sur la scission au sein du MTLD, seul parti dont elle craignît une action d’envergure. C’était une erreur. La révolution était en marche. La machine s’est mise en branle. Rien ne l’arrête.

Plusieurs groupes sont ainsi choisis pour les attaques du 1er novembre 1954. Leurs chefs triés sur le volet et les objectifs savamment désignés. Le groupe de Mchounèche est commandé par Hocine Berrehaïl et un certain Slimane. Celui de Kimmel est respectivement dirigé par Mohamed El-Abed, Messaoud Zahaf et enfin Abdelouahab Othmani. Le groupe d’Abdelhafid Soufi a pour cibles les villages de Khangat, Sidi Nadji et Ouldja. Abbas Laghrou a pour mission d’attaquer Khenchela en compagnie d’Ammar Maâche. Mekki Achouri, Mohamed Sebaïhi, Belgacem Meziani et Mostefa Goughali sont désignés pour diriger les attaques dans la région de Zalatou. Ali Benchaïba et Messaoud Benaïssa pour Ichemoul et Nouaoura pour Arris. Mohamed Chérif Soulimani, Sadek Bendaïkha et Mansour Goughali pour Barika et Ismaïl Kechroud pour Aïn Touta. Le gros morceau, Batna, chef-lieu de sous-préfecture, a été l’objet de soins particuliers. Trois groupes, totalisant une soixantaine d’hommes triés sur le volet, dirigés par Ali Baâzi et Mohamed Chérif Benakcha, doivent attaquer des casernes, les bureaux de la sous-préfecture, la gendarmerie. Ces groupes sont appuyés par les hommes de Tahar Nouichi, Belgacem Grine et Hadj Lakhdar qui sont chargés de faire sauter la station d’essence en face de la gare et la poudrière militaire.

Les villages de Chemora, Foum Toub, Timgad, El-Madher, Aïn Yagout, Toufana et Boulfreïs doivent recevoir la visite d’hommes appartenant au groupe de Tahar Nouichi. Le Khroub et Aïn M’lila doivent, respectivement, être attaqués par Bachir Hadji et Hadj Moussa. Même si toutes les attaques n’ont pas été couronnées de succès, elles ont dérouté l’ennemi. La guerre a bel et bien commencé. Et ses précurseurs, pratiquement tous décédés aujourd’hui, ont connu des fortunes diverses. Certains tombés au champ d’honneur, d’autres, comme Bachir Chihani, exécutés par leurs compagnons d’armes et d’autres encore, à l’image d’Adjal Adjoul, décédé en 1991, incarcérés au sortir de l’indépendance pour trahison.

yabous le 12/06/2010

a.mokrani

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