Algérie

Le premier communiqué officiel en tamazight



Fin décembre, le secrétaire général du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA) a indiqué que quatre ministères, à savoir les Ressources en eau, l'Energie, les Transports et le Tourisme, se préparaient à émettre des documents en tamazight.Un communiqué officiel d'une institution de la République en langue amazighe, qui l'aurait cru il y a quelques mois ' Peu de gens aurait gagé sur une telle éventualité, tant est que le pouvoir avait habitué à leurrer et à des annonces souvent sans lendemain.
Même si, ces derniers temps, l'abnégation des militants de l'amazighité l'a contraint à lâcher du lest et à accéder à quelques-unes de leurs revendications, comme la proclamation, fin décembre, de Yennayer, jour de l'an amazigh, chômé et payé, c'est-à-dire fête nationale. Hier, le ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire a publié un communiqué officiel, le premier que l'Etat algérien produit en langue amazighe. Le communiqué en question, relatif aux inscriptions pour l'accomplissement du Hadj 2018, est écrit en graphie latine, la plus usitée par les producteurs littéraires, les enseignants et les chercheurs universitaires. Ce qui pourrait constituer une avancée dans le débat, par moments polémiste, autour de l'usage de la graphie, laquelle a besoin d'être uniformisée. Car, jusqu'ici, l'enseignement de tamazight, toujours facultatif, il faut le dire, se fait dans les deux graphies latine et arabe. Un enseignement qui attend d'être généralisé et d'accéder aux caractères obligatoires. Une revendication qui a mobilisé des milliers de personnes à la mi-décembre dernier en Kabylie et ailleurs où des marches et des rassemblements ont été organisés. Une mobilisation si forte que, d'ailleurs, le chef de l'Etat, présidant le dernier Conseil des ministres de l'année 2017, annonça la consécration de Yennayer mais a également instruit le gouvernement à passer à des actes significatifs, entre autres, la généralisation de l'enseignement de la langue amazighe et l'usage de tamazight dans les documents officiels. Fin décembre, le secrétaire général du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA) a indiqué que quatre ministères se préparaient à émettre des documents en tamazight. Il a cité notamment les ministères des Ressources en eau, de l'Energie, des Transports et du Tourisme. La primeur en est revenue au département de Noureddine Bedoui. Et c'est une bonne chose que ce soit un ministère de souveraineté qui commence. Emanant du ministère de l'Intérieur, l'acte est plus significatif et aidera à décrisper la situation mais surtout à vaincre les résistances qui, pour sûr, ne manqueront pas. Il est important que ce soit le ministère de l'Intérieur qui ose en premier, car sa publication en appelle à d'autres actes en tamazight de l'administration.
La mise en place de l'académie de la langue amazighe facilitera cette réappropriation et la promotion de cette langue plusieurs fois millénaire, que ni le temps ni l'homme n'ont pu altérer. Une survie miraculeuse qui fait de ce patrimoine un trésor inestimable.
Sofiane Aït Iflis


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