Algérie

Le précieux héritage de la bande dessinée algérienne TABLE RONDE AUTOUR DE JEUNES REGARDS SUR LA GUERRE



Le précieux héritage de la bande dessinée algérienne                                    TABLE RONDE AUTOUR DE JEUNES REGARDS SUR LA GUERRE
Des regards qui ont l'air de rêver à L'émir Abdelkader sur la lune...
Dans la même continuité de la thématique du Cinquantenaire, une table ronde a été organisée à l'occasion du Fibda avec les jeunes auteurs des ouvrages collectifs de deux générations «Monstres et Waratha» sous la houlette d'Etienne Shréder, bédéiste ainsi que leurs différents regards, sur l'histoire de la guerre et de l'Indépendance algérienne.
«Monstres et Waratha» deux ouvrages collectifs sortis respectivement en 2011 et 2012, des premières et secondes générations de jeunes bedéistes Algériens audacieux et talentueux, héritiers des formations proposées par Etienne Shréder qui a étudié le droit pénal et la criminologie et qui s'est lancé à corps perdu dans la bande dessinée tout comme ses jeunes compagnons pour un résultat d'ensemble d'une étonnante richesse. Les jeunes auteurs se sont affirmés, tant sur le plan de la forme, des divers techniques, du scénario et des sujets traités, et ce malgré la précocité de certains artistes, autodidactes, pour qui la rencontre avec la bande dessinée, fut établie pour la première fois à l'occasion du Fibda. Après «Monstres» et l'idée d'illustrer la différence qui avait «un côté monstrueux» ainsi que l'étrangeté des bedéistes et de leur univers. «Waratha - héritage» sous le signe des 50 bulles, publié sous une forme plus petite que l'antécédente, rassemblant néanmoins plus de dessinateurs, répartis sur deux tomes. «Waratha» ou les héritiers d'une bande dessinée algérienne, d'une histoire, et «de la bande dessinée sans frontières» dont Safia et Meryem font partie et qui caractérisent cette seconde génération, qui s'est illustrée sous le signe du Cinquantenaire de l'Indépendance, avec des «réserves» qu'ils ont du dépasser selon les deux auteurs. Safia évoquera son travail au sein du collectif, «dépression, répression», «une expérience commune avec sa soeur jumelle, qui ont éprouvé la dépression nerveuse en commun, ce qui a permis selon Safia, d'avoir une certaine empathie naturelle avec le monde qui l'entoure et celui de «l'absence», en référence au passé. Un lien qu'elle aurait éprouvé avec l'histoire de la guerre d'Algérie qui était pourtant un thème qui l'avait «ennuyée». Malgré leur jeune âge, comme Meryem 18 ans qui s'est exprimé sur jeune regard sur la guerre quelle que soit sa situation géographique, l'auteur dira que le regard d'un enfant sur la guerre s'avère «beaucoup plus intéressant que celui d'un adulte». Sur la question de l'intérêt porté sur l'histoire de la guerre d'Algérie et la thématique du Cinquantenaire de la Bd, certains indiqueront n'avoir aucune «sensibilité» vis-à-vis de ce qu'ils «n'ont pas connu», excepté la curiosité «lorsque on perd des proches qu'on ne connaît pas». D'autres parleront d'un retour sérieux et nécessaire vers le passé qu'ils ont traité avec un certain ressentiment ou recul, à l'exemple des deux Bouchera, dessinatrice et scénariste, ont quant à elles entrepris une démarche plus impressionniste, en noir et blanc, avec une représentation du sang en noir, dans le but d'évoquer leur vision des «silhouettes» de l'Histoire. Toute une interprétation visuelle proposée à travers les images et le récit muet des deux artistes, sur l'exécution d'Ahmed Zabana sous l'instrument impitoyable de la Guillotine. Un travail que les auteurs ont décrit comme le fruit dune proposition aveugle, par l'évocation du mot «Guillotine» et qu'elles ont fini par s'être impliquées au fur et à mesure qu'elles «devaient penser à l'aspect technique» et «leur sensibilité avec le thème de la guerre d'Algérie». Etienne Shréder expliquera qu'en plus d'avoir évoqué, avec symbolique et réalisme, la guerre d'Algérie, d'autres bédéistes du collectif participant à «Waratha» auraient aussi parlé de l'indépendance de l'Algérie mais sous des traits divers, tel que le sentiment d'indépendance, à l'exemple d'un récit tiré d'une histoire réelle, où l'auteur revient sur les massacres de Guelma, «l'histoire d'un jeune quittant le foyer familial pour grandir et qui a vécu trois minutes de son indépendance en tant qu'homme avant de se faire tuer par une balle, tandis que sa mère l'attend encore au pas de la porte.» Plusieurs exemples ont été cités sur des illustrations marquantes. Les séquelles de la guerre qui restent de façon indélébiles, d'après un travail de Sofiane Belaskri qui s'est beaucoup documenté avant d'entamer cette bande dessinée dédiée à la Guerre de libération nationale. «L'identité» également, «la dépendance» et «l'autodétermination» des thèmes présents chez les jeunes auteurs qui ont participé à l'ouvrage collectif. Etienne Shredder conclura pour sa part que «la vraie création commence à partir de la contrainte», le père des deux ouvrages collectifs s'est dit «heureux» de travailler sur commande et de relever des défis, tels que la proposition de l'Histoire de l'indépendance de l'Algérie qui a été «un pain béni pour un Belge comme moi», selon sa formule.
Des jeunes artisans qui ont saisi les enseignements des maîtres tisserands, et qui excellent désormais dans l'art de tisser des personnages et des récits à travers la bande dessinée. Illustrant avec éloquence et finesse, des visions tragiques ou drôles sur l'Histoire. Des regards qui ont l'air de rêver à L'Emir Abdelkader sur la lune ou à l'indépendance que prendra la bande dessinée, de l'histoire de l'Indépendance nationale. Alors, félicitations aux nouveaux lauréats et les futures étoiles, pourvu qu'elles se multiplient pour perpétuer et élever l'héritage de la bande dessinée, après avoir reçu des enseignements de qualité tels que ceux prodigués par Etienne Shréder, des formations qui ont montré les fruits d'un résultat prometteur.


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