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"Le prêche" de Nouiri




Face à deux ivrognes pris la veille de l'Aïd El Kebir, Yasmina Nouiri, la juge, a effectué un véritable prêche digne de...
Deux gaillards nés en 1988, sont détenus depuis la veille de la célébration de l'Aïd El Kebir suite au trouble à l'ordre public, éméchés, gais et agressifs, à El Biar à 4 heures du matin, soit trois heures et demie avant la prière de l'Aïd.
Ils traînent un boulet où un chapelet d'infractions et délits comme par exemple état d'ivresse manifeste, trouble à l'ordre public, insultes, menaces, port d'armes blanches et surtout un «crime» qui n'existe pas dans le Code pénal et que seule la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Bir Mourad Raïs (cour d'Alger) saura décrypter à la fin des débats que nous suivrons en fin de chronique. L'avocat des deux inculpés se limitera à réclamer de larges circonstances atténuantes alors que Abderahim Regad, le représentant du ministère public demandera une amende, outre une peine d'emprisonnement de trois ans ferme. Durant l'interrogatoire, la magistrate a été cool, gentille, courtoise, polie, patiente, réservée, tranchante, brève dans ses questions et ses commentaires, car nous ignorions ce qu'elle avait mis de côté dans sa gibecière pour avoir finalement le dernier mot face aux deux détenus qui venaient de recevoir une véritable «douche» froide que le prêche en guise de premier verdict avant celui du 7 novembre 2012.
Après avoir oublié volontairement la destruction de bien d'autrui, relative aux coups assénés sur la tôle des véhicules garés dans les larges avenues d'El Biar, Nouiri s'étala longtemps sur le port d'arme blanche:
«-Madame nous étions chargés de surveiller des moutons du sacrifice et donc nous nous étions armés pour le rite lui-même. La juge du siège avait attendu une éventuelle question de Regad le parquetier qui n'en avait visiblement pas; probablement convaincu du bien-fondé de la réplique des inculpés qui seront obligés de se farcir une vingtaine de questions autour de l'état d'ivresse et du trouble sur la voie publique. Elle dit sans sourciller, ni cligner des cils:
«La loi ne punit pas deux jeunes qui achètent de l'alcool, s'enferment chez eux et peuvent s'empoisonner à volonté. Ce n'est pas interdit. Ce qui l'est, par contre, c'est de boire sur la voie publique et faire des scandales, attirant la réprobation autour de soi et ameutant les forces des services de sécurité et aller vers une barrique d'ennuis dont l'incarcération, les poursuites, les procès, la mise en examen, l'attente du verdict etc...»
La juge avait pris son ton le plus maternel pour marteler les mots les plus durs surtout lorsqu'elle enfila la djellaba de l'imam et confectionna un véritable prêche où l'émotion prit le dessus sur la répression. Elle serra les dents, entrouvrit ses fines lèvres et articula: «Ecoutez, en qualité de juge chargée d'appliquer la loi, je peux passer à la répression et vous infliger une lourde peine d'emprisonnement ferme qui s'achèvera bien un jour. Par contre, ce qui vous attend, c'est la punition qu'Allah vous réserve. D'ailleurs Il n'a pas attendu: vous étiez ivres le jour d'Arafat, soit la veille du 10 Dou El Hidja i-e les dix jours sacrés où l'interdit et le péché ne doivent pas avoir de place. Vous aviez raté la prière de l'Aïd, la cérémonie du Sacrifice des moutons que vous gardiez quelques heures auparavant et vous n'aviez reçu aucun voeu de vos parents ni présenté les vôtres aux proches, sans compter que vous aviez passé la fête aux «Quatre- Ha d'El Harrach.» Ce sera le dernier mot de la juge qui s'était aventurée à battre des cils lors de la plaidoirie de l'avocat des deux inculpés. Elle annonça la date de l'énoncé du verdict, se donnant une semaine pour décider du sort de deux idiots qui avaient fait en sorte de râter la plus grande fête de l'Islam, celle d'Ibrahim El Khallil qui a si bien obéi à Allah, qu'il était prêt à sacrifier Ismaïl, un de ses deux fils. Regad, lui, voulait ajouter un mot: trop tard, il revient aux deux inculpés puisqu'ils ont dit leurs remords et demandé pardon.


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