Algérie

Le prêche bancaire


Cela veut peut-être tout dire, ce n'est pas un banquier ou un autre professionnel de la finance qui a présidé aux travaux du «colloque sur les modes opératoires de la finance islamique» organisé au Centre international des conférences (CIC) d'Alger. On connaît l'argumentaire du marketing promotionnel des banques islamiques en Algérie : ça ne va pas plus loin que le prêche sur le caractère «licite» et leur conformité aux préceptes religieux des transactions et de l'ensemble des services qu'elles proposent aux clients. Le concept de base est d'ailleurs assez simple, pour ne pas dire rudimentaire : les banques islamiques, contrairement aux établissements classiques, ne financent pas vos achats et n'accompagnent pas vos investissements. Elles les acquièrent pour vous et vous les revendent sur-le-champ. Le tout est d'éviter la riba, qui veut dire «l'usure», interdite en islam et de rester dans la tidjara qui désigne le commerce, une activité particulièrement prisée dans les orthodoxies islamiques, d'ailleurs.C'est «halal», c'est facile, ça rapporte souvent gros et ça peut extirper aux contraintes fiscales de l'Etat. Pour la petite histoire, il est souvent dit dans ces milieux que le fait de tricher sur l'impôt public ou ne pas en payer du tout est tout à fait «halal» ! Ce n'est donc pas un expert de la finance qui a ouvert les travaux de la rencontre sur la finance islamique de? Club-des-Pins mais Bouabdallah Ghoulamallah, le président du Haut Conseil islamique. Comme pour ne pas laisser le moindre doute à la «qualité» et la portée des débats, qui vont naturellement déterminer les conclusions, on a été directement et franchement à l'essentiel, avec ce message explicite aux Algériens : vous ne trouverez peut-être pas davantage spécial en recourant à une banque islamique mais vous pouvez être sûrs de la conformité des services qu'elle mettra à votre disposition avec la loi divine. Dans la foulée, M. Ghoulamallah n'a même pas cru utile d'observer un minimum de courtoisie à l'endroit des banques «conventionnelles» qui sont pour l'essentiel les établissements publics d'un Etat qui le paie. Et si ça se trouve, a même fourni gracieusement la logistique du colloque ! Mais il faudra tout de même lui reconnaître sa conscience? professionnelle. C'est en? concurrent qu'il traite ces banques : «Les produits de la finance islamique sont plus sûrs et plus équitables que les produits conventionnels.» A sa décharge, il a développé tout son discours après s'être félicité de la promulgation par la? Banque d'Algérie d'un règlement encadrant la banque islamique en Algérie. Il n'y a pas longtemps, c'est le directeur d'une banque publique qui est venu sur un plateau de télévision louer les vertus de la finance islamique ! C'est dire?
S. L.
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