Algérie

le Pr Patrick Bourguet, médecin nucléaire à l'hôpital de Rennes (France), à "Liberté"



le Pr Patrick Bourguet, médecin nucléaire à l'hôpital de Rennes (France), à
Médecin nucléaire et ancien directeur du centre anticancer Eugène-Marquis de Rennes (France), de 2000 à 2010, le Pr Patrick Bourguet, ayant participé à l'élaboration du Plan cancer français, explique, dans cet entretien, les objectifs et l'utilité d'un Plan cancer au moment où l'Algérie s'engage à adopter le sien. Pour le Pr Bourguet, l'objectif d'un Plan cancer est de permettre aux patients l'accès, en priorité, à la chirurgie, à la radiothérapie et à la chimiothérapie.Liberté : Vous avez participé à l'élaboration, en 2003, du Plan cancer français. S'il vous était demandé de donner quelques conseils aux autorités sanitaires algériennes qui s'apprêtent à établir un Plan cancer national, que leur diriez-vous 'Le Pr Patrick Bourguet : Effectivement, j'ai participé au Plan cancer français, publié en 2003. J'avais négocié directement avec le ministère et l'assurance maladie, le déploiement de la tomographie par émission de positions, (TEP), qui a été inscrite dans le Plan cancer. Aujourd'hui, elle est devenue une technique parfaitement généralisée et à laquelle tous les patients ont accès. Je n'ai pas de conseils particuliers sur le plan algérien. Ce que je peux dire c'est mon regard sur le plan français qui, premièrement, a le mérite d'avoir été un plan complet traitant tous les aspects : du dépistage à la prévention jusqu'à l'organisation des soins et à la recherche.Deuxièmement, c'est un plan qui a été financé, c'est très important. Ce plan a finalement restructuré de fond en comble l'organisation de la cancérologie française. Je crois que ce plan peut être un bon guide pour l'Algérie et d'autres pays émergents. Le bémol par rapport à ces pays réside dans le niveau du système de santé qui est peut-être inférieur à celui du système français. Je cite l'exemple de la radiothérapie qui est encore naissante en Algérie. Et la cancérologie sans radiothérapie ce n'est pas de la cancérologie moderne. Dans un Plan cancer, l'objectif de base est de permettre l'accès aux patients, en priorité, à la chirurgie, à la radiothérapie et à la chimiothérapie.Ces trois méthodes de traitement sont indissociables. C'est quand on a ces armes-là qu'on peut réellement commencer à déployer un Plan cancer à fond et faire typiquement du dépistage. Autrement dit, on peut vraiment parler des choses de fond, une fois la base résolue.Doit-on comprendre par là que les conditions ne sont pas encore toutes réunies en Algérie 'Je ne sais pas. Faire le dépistage du cancer du sein, aujourd'hui, c'est bien, mais si derrière, vous n'avez pas une capacité de traitement, c'est un peu mettre la charrue avant les b?ufs. Il faut faire les choses en parallèle. Il y a des investissements de fonds urgents et la radiothérapie en fait partie. Après cela, l'écriture d'un Plan cancer tient compte aussi de la préparation des infrastructures, des équipements, de la densité médicale, etc. Aussi, il faut penser à la formation des personnels spécialisés, médical et paramédical. Exemple, si vous n'avez pas de radiothérapeutes, comment ouvrir des centres de radiothérapie 'Au vu de certains manques, notamment la radiothérapie, constatés actuellement chez nous, une campagne de dépistage serait-elle, pour autant, inutile 'Non. Mettre en place une campagne de dépistage exige du temps. Cela peut prendre des années. Donc, c'est bien de la lancer maintenant. Mais, en même temps, il faut investir à fond dans la partie traitement parce que s'il n'y a pas de traitement, c'est l'impasse.Qu'en est-il de l'avancement du traitement du cancer aujourd'hui ' Et quel est le coût de la prise en charge 'La prise en charge du cancer coûte une moyenne de 20% du budget d'hospitalisation, entre médecine et chirurgie. Mais, la satisfaction c'est que les traitements se sont beaucoup améliorés. Aujourd'hui, nous constatons une baisse de mortalité considérable, en attendant que la pathologie devienne une maladie chronique. Les traitements alternatifs permettent aux personnes atteintes d'un cancer de pouvoir continuer à vivre avec.Que pensez-vous de la compétence des médecins algériens 'Le niveau des médecins algériens est aujourd'hui comparable à celui de leurs confrères européens ; ils lisent et participent à des colloques internationaux. Donc, individuellement, les médecins algériens sont bons. Certes, il y a peut-être les moyens qui ne sont pas les mêmes qu'en Europe, ainsi que l'organisation sanitaire. Mais, ça vient.Avez-vous eu à traiter des Algériens dans votre centre (en France) 'Souvent. Personnellement, durant mes trente-cinq ans d'exercice au centre anticancer de Rennes, je me souviens de beaucoup de patients algériens qui venaient se faire traiter chez nous, notamment pour la radiothérapie. J'avais un ami radiothérapeute algérien, et tous les deux, nous nous désolions du fait que pour bénéficier de radiothérapie, les malades étaient obligés de venir jusqu'à Rennes. Alors qu'il y avait des radiothérapeutes formés, pourquoi n'y avait-il pas de radiothérapie en Algérie ' Dans les années 1980, c'était constant, nous recevions des dizaines de cas par an. Mais, plus maintenant, du moins à Rennes.Avez-vous un message à faire passer aux femmes à l'occasion de ce mois d'octobre (le mois mondial de la lutte contre le cancer du sein) 'Faites-vous dépister, votre santé et votre vie en dépendent.Et aux autorités sanitaires 'La santé de votre population, c'est votre pays de demain.




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