Craignant une implosion générale qui remettrait en cause leur existence, les autorités algériennes anticipent sur la situation avec des demi-mesures. Elles cèdent sur l'accès de l'opposition aux médias lourds sans aller jusqu'à l'ouverture de l'audiovisuel qui est la revendication essentielle des Algériens. Elles libèrent les espaces publics aux partis tout en fermant la capitale et sans une vraie ouverture du champ politique. Ces «concessions» suscitent déjà beaucoup d'appréhensions chez les leaders politiques qui ont fait les frais de la politique des pouvoirs publics depuis le début des années 2000 et même bien avant cette date.
Cette suspicion est légitime. Comment garantir un libre accès aux médias lourds sans qu'il y ait une autorité qui fera respecter ce principe ' En l'absence d'un Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) indépendant, personne ne peut imposer l'équité dans l'accès aux médias publics (télévision et chaînes de radio). Les partis, les représentants des différentes associations et les syndicats n'ont pas le même temps de passage à la télévision ou à la radio.
Les partis de l'Alliance présidentielle et leurs organisations satellites se taillent toujours la part du lion dans les journaux télévisés de l'ENTV.
Défiant toutes les règles du journalisme et les normes du service public, les responsables de l'ENTV zappent carrément l'opposition. Et quand ils décident de changer, les responsables de l'Unique le font maladroitement. Ceux qui ont regardé le JT de 20 heures, vendredi, l'ont sans nul doute constaté. Exclus de l'antenne depuis plusieurs mois, le FFS et le RCD ont enfin été cités dans le journal. Mais ils ont eu droit uniquement à une phrase chacun. C'est celle-là, l'ouverture voulue '
«Il est indispensable de mettre en place un CSA capable de traduire dans les faits les promesses d'ouverture du champ médiatique à la classe politique», répond Fawzi Rebaïne, président de Ahd 54. Mais selon des spécialistes, seule l'ouverture de l'audiovisuel au privé est en mesure d'assurer un meilleur accès aux médias lourds pour les acteurs de la société civile. Cette ouverture n'aura toutefois aucune conséquence s'il n'y a pas une libération du champ politique.
Depuis 1999, aucun nouveau parti n'a été agréé et cela, en contradiction avec les dispositions de la Constitution. Les activités de l'opposition sont également réduites.
Dans des wilayas de l'intérieur du pays, les militants de certains partis de l'opposition sont victimes d'intimidations et de répression pour «avoir osé adhérer à une formation politique qui ne fait pas partie de la coalition gouvernementale».
Les associations sont aussi sous contrôle. Pas d'agrément de nouvelles associations et celles qui existent sont asphyxiées. Non seulement elles ne bénéficient d'aucune aide de l'Etat, mais leurs activités sont souvent court-circuitées ou interdites. En outre, le pouvoir a éliminé tous les organismes capables de contredire les chiffres et les bilans officiels. Les chercheurs qui osent remettre en cause les données officielles sont soit rappelés à l'ordre soit carrément sanctionnés par leur tutelle. Â
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Posté Le : 06/02/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Madjid Makedhi
Source : www.elwatan.com