Algérie

Le pouvoir force l'illusion de campagne



Le pouvoir force l'illusion de campagne
"Les grands de ce monde ne rendent visite qu'aux grands." Ainsi, Sellal a traduit l'escale de John Kerry en action de soutien américain pour le quatrième mandat de Bouteflika. En matière de "traduction", l'on avait déjà eu un aperçu des libertés que les services officiels peuvent prendre avec les discours de nos invités, obligeant l'ambassade US à émettre sa propre transcription des propos du ministre."L'incident" n'a pas d'autre valeur qu'anecdotique, s'il n'illustrait ce fait que le pouvoir ne recule devant aucun cynisme pour se fabriquer le soutien "populaire" qu'il n'a pas. En tout cas, qu'il n'a plus, au vu de l'hostilité qui s'exprime de plus en plus fréquemment à l'endroit des promoteurs du quatrième mandat. Bien sûr, ceux-ci essuient vaillamment les antipathies qu'on leur exprime et continuent leur bonhomme de campagne. Visiblement, ils s'étaient préparés à contourner le ressentiment populaire prévisible par des subterfuges déjà éprouvés, mais cette fois-ci systématisés.En particulier, en adoptant cette espèce de technique de transfert des foules, d'une commune à l'autre, d'une daïra à l'autre et d'une wilaya à l'autre, pour bourrer les salles de meetings. Si bien que chaque élu d'APC ou APW, chaque membre d'organisation parapublique est tenu d'assurer une présence à toutes les manifestations de campagne qui se déroulent dans les circonscriptions environnantes. Certes, le pouvoir ne manque pas d'adulateurs redevables d'un statut, d'une promotion, d'un marché, d'une affectation ou d'un passe-droit, ou en attente d'une récompense promise.Mais ils ne font pas la multitude qui pourrait donner l'illusion d'un soutien massif et qui, par le spectacle de leur affluence et la résonance de leurs applaudissements, pourrait justifier le triomphe électoral programmé.Alors, pour renfoncer les troupes administrativement mobilisables et celles motivées par les privilèges acquis ou à venir, l'on use de subterfuges les plus lamentables, comme ceux de ramener des étudiants à un rassemblement à la Coupole d'Alger en leur faisant croire qu'on leur a organisé une excursion vers la capitale, ou de suggérer à une administration d'inviter des médecins à une rencontre professionnelle pour qu'ils se retrouvent à souffrir un discours électoral dans un salon d'hôtel paré aux couleurs du candidat.Le clip qui fait actuellement controverse et qui a été présenté à certains participants comme le "We are the world" algérien illustre la typologie du public embarqué dans le soutien au quatrième mandat. Parmi les artistes... réunis par "l'?uvre" ? les United Artists ?, il y a des artistes redevables au régime, des intermittents de galas subventionnés, quelques aspirants artistes qui attendent l'ascenseur et d'autres qui disent avoir été dupés sur la finalité réelle de l'opération.L'avantage pour un pouvoir qui dépense sans compter quand il s'agit de financer sa promotion, c'est qu'en quinze ans, il a fini par diffuser, parmi les Algériens, une mentalité strictement vénale : la plupart des laudateurs, même vacataires, n'interrogent point leur conviction quand la proposition comporte un aspect pécuniaire. Souvent, ils n'ont pas, ou n'ont plus, de conviction à interroger.Pression, gratification, tromperie... tous les moyens sont assumés pour créer l'illusion d'un engouement électoral qui n'existe pas.M. H.musthammouche@yahoo.frNomAdresse email




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