Algérie

«Le pouvoir fait appel au roman national afin de conserver son hégémonie sur la société»


C'est un angle pour le moins original que celui qu'a choisi l'historien Emmanuel Alcaraz pour traiter de la guerre de Libération nationale en abordant celle-ci sous le prisme des lieux de mémoire, des monuments aux morts et des gestes commémoratifs exprimés en hommage à nos chouhada.C'est, en effet, le thème central de son livre Les lieux de mémoire de la guerre d'indépendance algérienne (Paris, éditions Karthala, octobre 2017). L'historien le dit clairement : «Les commémorations, organisées dans ces lieux avec leurs rituels, sont particulièrement importantes pour le pouvoir qui peut mettre en scène sa légitimité en tant qu'héritier des combattants qui ont mené la lutte pour l'indépendance de l'Algérie.»
Comment sont pensés les monuments aux morts dédiés à nos glorieux chouhada ' Que nous révèle cette écriture «urbaine» de l'histoire ' Quels enjeux de pouvoir expriment les protocoles et les scénographies des lieux de mémoire ' A quel «régime mémoriel» répondent ces martyrologes taillés dans le marbre ' Pourquoi certaines séquences, certaines figures du Mouvement national, sont-elles mises en valeur plus que d'autres ' Les gestes commémoratifs sont-ils l'apanage exclusif des autorités '
Autant de questions auxquelles s'est évertué à répondre l'historien Emmanuel Alcaraz dans son livre Les lieux de mémoire de la guerre d'indépendance algérienne (éditions Karthala, Paris, octobre 2017). Un ouvrage très documenté qui se trouve être le fruit d'une thèse de doctorat en histoire réalisée sous la direction de Benjamain Stora et soutenue par l'auteur en 2012 à l'université Paris 13.
«En Algérie existe une ??boulimie commémorative'' au sujet de la guerre d'indépendance algérienne», relève d'emblée l'auteur dans son introduction, faisant sienne une célèbre formule de l'historien Pierre Nora qui a fait florès. «La mémoire de ce conflit fait partie du paysage visuel algérien.
Depuis 1962, les monuments aux martyrs sont présents dans toutes les villes et les villages algériens», note le chercheur. D'après lui, cet attrait pour les monuments aux morts a été hérité de la France coloniale. «A l'origine, imitation de pratiques importées par le colonisateur, les musées et les monuments aux morts donnent lieu à des innovations, à des réappropriations liées à la culture et à l'histoire algériennes et donc à des métissages culturels.»
Le chercheur ? qui vit à Tunis où il enseigne au lycée Gustave Flaubert de la Marsa ? observe, cependant : «En France, la nation précède les lieux de mémoire. En Algérie, les lieux de mémoire sont antérieurs à la construction d'un sentiment national et en seraient peut-être des éléments fondateurs.»
«Mettre en scène sa légitimité»
«Comment est opérée une reconstruction de l'histoire a posteriori par les acteurs politiques et sociaux dans ces lieux de mémoire nécessaires au pouvoir, à la société et au nationalisme algérien '», interroge Emmanuel Alcaraz. Pour lui, «il s'agit de s'intéresser aux liens entre ces lieux et les modes de légitimation du pouvoir algérien».
Et d'expliciter son hypothèse de travail en affirmant : «Les commémorations organisées dans ces lieux avec leurs rituels sont particulièrement importantes pour le pouvoir qui peut mettre en scène sa légitimité en tant qu'héritier des combattants qui ont mené la lutte pour l'indépendance de l'Algérie.» «La guerre d'indépendance algérienne, poursuit-il, est une ressource émotionnelle à cause du profond respect de la population pour les chouhada et pour les moudjahidine.
Face aux difficultés du présent ? terrorisme, dégradation de la légitimité de l'Etat à cause de la mauvaise gouvernance, instabilité sociale consécutive aux difficultés de la vie quotidienne d'une partie de la population ?, le pouvoir réactive la ?guerre des mémoires' contre l'ennemi d'hier pour tenter de reconstruire une unité nationale.» «L'hypothèse développée ici est que le pouvoir algérien fait appel au roman national algérien afin de conserver son hégémonie culturelle, ou, du moins, idéologique, sur la société», appuie-t-il.
L'historien estime que ces commémorations obéissent à une logique sélective : «Il faut aussi étudier les familles du nationalisme algérien mises en scène dans ces lieux et celles qui sont peu mises en valeur, voire oubliées.»
Parmi ces «familles» écartées du récit national, «le populisme messaliste arabo-musulman» et le «républicanisme libéral musulman de l'UDMA de Ferhat Abbas». Il ne fait donc aucun doute que «les lieux de mémoire portent les traces de ces divergences» et qu'ils trahissent une «crise identitaire du peuple algérien», dit Alacaraz. «Le multiculturalisme caractérise avant tout l'identité nationale algérienne qui est arabe, berbère, musulmane mais aussi africaine. Or, cette richesse est souvent niée dans les lieux de mémoire officiels», dissèque-t-il.
«Les premiers mémoriaux sont édifiés dans les bases de l'ALN»
L'auteur nous apprend que les monuments inspirés de l'épopée libératrice ont commencé à être érigés avant même l'accession à l'indépendance nationale : «Les premiers mémoriaux de la guerre d'indépendance sont édifiés au Maroc et en Tunisie dans les bases du FLN/ALN, pendant le conflit.
Leur fonction est de participer à la construction de l'Etat algérien, sur le plan symbolique, vis-à-vis de la communauté internationale.» Il ajoute dans la foulée : «Dès 1962, certains monuments aux morts de la période coloniale, qui n'ont pas été rapatriés en France, sont recyclés pour devenir des monuments aux martyrs algériens de la guerre d'indépendance.» A la lumière de «césures historiques» dans le temps post-colonial, Alcaraz opère une périodisation qui va structurer le champ mémoriel et sa mise en scène visuelle.
Cette périodisation est articulée sur trois moments-clés qui constituent des tournants, des dates charnières avec des variations dans le «régime mémoriel» : 1971, 1984 et 1999. «De 1962 à 1971, les commémorations de la guerre d'indépendance sont spontanées et populaires», soutient l'historien. «Le protocole est peu strict. L'Etat algérien indépendant est dans une phase de construction.
La fabrication de la mémoire nationale n'est pas la priorité dans un pays en voie de développement.» La donne va changer dès le début des années 1970. Désormais, «l'Etat revendique le monopole de la gestion de la mémoire». «Dans le domaine de l'écriture de l'histoire de la guerre d'indépendance, l'Algérie a du retard par rapport à la France. La quadrilogie sur la guerre d'Algérie d'Yves Courrière a été publiée en France de 1968 à 1971 et circule clandestinement en Algérie.»
Monopole de l'Etat sur la «fabrique de la mémoire»
Après la nationalisation des hydrocarbures, Boumediène veut «nationaliser» l'histoire. «Pour ne pas laisser le monopole de l'écriture de la guerre d'indépendance aux Français, le pouvoir algérien décide de prendre en charge davantage la gestion de la mémoire nationale.» Plusieurs institutions seront créées au pas de charge pour étrenner cette lourde mission.
C'est ainsi qu'en juin 1971 est créé un «Fonds des Archives nationales, nécessaire pour construire un Etat». La même année est fondé le CNEH (Centre national des études historiques) dont le premier directeur est Mostefa Lacheraf. «Ce centre avait notamment pour objectif de rédiger des manuels scolaires d'histoire», indique Alcaraz.
«La fabrication de la mémoire nationale est donc l'objectif privilégié et non l'étude critique», pointe-t-il. Il en veut pour preuve le «rattachement du CNEH au ministère de l'Intérieur». «Sous Boumediène, les commémorations de la guerre d'indépendance deviennent davantage organisées et un protocole strict est institué, mettant en valeur les dirigeants algériens», dit le chercheur.
Autre date-clé : 1984. C'est une année fortement symbolique en ce qu'elle marquait le trentième anniversaire du déclenchement de la Révolution. Chadli a réhabilité à l'occasion, par décret présidentiel, tous les bannis de l'histoire. «Il a amnistié et réhabilité 21 dirigeants de la guerre d'indépendance dans le cadre de la célébration du 1er Novembre 1984», relate Alacaraz.
«Les restes de certains ont été exhumés et réinhumés au cimetière El Alia à Alger le 24 octobre 1984.» Il s'agit de Abane Ramdane, Krim Belkacem, Mohamed Khider, Bachir Chihani, le colonel Ali Mellah ainsi que le colonel Chaâbani. Deux années auparavant, à l'occasion, cette fois, du vingtième anniversaire de l'indépendance, le président Chadli avait inauguré Maqam Echahid avec deux musées à la clé : le Musée du moudjahid et le Musée central de l'armée.
Les années 1980 s'achèvent dans un bain de sang suite aux émeutes d'Octobre. C'est le «premier grand craquement», quand l'armée a ouvert le feu sur les émeutiers. La «parenthèse enchantée» post-Octobre aura été de courte durée. La terreur des années 1990 a «stoppé les débats démocratiques, dont celui portant sur la mémoire nationale de la guerre d'indépendance». 1999 marque un nouveau tournant avec le retour de Bouteflika aux affaires. Sous son règne, l'historien voit des «ouvertures mémorielles», dont la réhabilitation de Messali.
Pourquoi y a-t-il si peu de commémorations à Serkadji '
Dans son corpus d'étude, le chercheur s'est focalisé sur quatre lieux emblématiques : la prison Serkadji, le Musée central de l'armée à Maqam Echahid, Ifri-Ouzellaguène et la «mémoire contestataire» du Congrès de la Soummam, et enfin, la bataille d'El Djorf, près de Tébessa, qui a été longtemps absente du calendrier des commémorations officielles. Pour chacun de ces lieux de mémoire, l'auteur s'est employé à décrypter les enjeux mémoriels, politiques et symboliques qui y sont attachés.
Analysant l'évolution du statut de Serkadji, «prison civile d'Alger à l'époque coloniale», Emmanuel Alcaraz souligne que «Barberousse/Serkadji est une des rares prisons dans le monde à être devenue un symbole national», estimant que «ce lieu de souffrance (?) est très connu de la population algéroise, contrairement à d'autres, oubliés, comme la villa Sésini, un ancien centre de torture». L'auteur précise que Serkadji «a cessé son activité en 2015 pour redevenir un ?musée de la mémoire nationale'».
Il rapporte que sous Boumediène, la prison «est désaffectée» et le premier Musée national du moudjahid, institué en 1972, devait y être établi. «L'Unesco, par le biais de l'ICOM (International Council of Museums) a apporté une aide technique pour créer ce premier musée», affirme-t-il.
Georges-Henri Rivière, surnommé «le magicien des vitrines», a apporté une précieuse contribution à cet immense projet muséal. Mais à la mort de Boumediène, le projet a été abandonné «et les collections assemblées ont été réparties entre le Musée national du moudjahid et surtout le Musée central de l'armée».
Etrangement, bien que nous avons affaire à un lieu très chargé émotionnellement, un lieu fortement présent dans la mémoire collective quand on sait que c'est là qu'a été guillotiné le premier militant nationaliste algérien, en l'occurrence, Ahmed Zabana, le 19 juin 1956, «les autorités organisent peu de commémorations à Barberousse/Serkadji».
L'auteur suggère que c'est parce que c'est «un lieu investi par la mémoire communiste où Henri Alleg a été emprisonné et Fernand Iveton guillotiné». «Il s'agit de voir en quoi le militantisme ?syndicalo-taulard' pour reprendre une expression de Mohammed Harbi, la mémoire des luttes menées à Barberousse par les détenus FLN et communistes, est gênant pour le pouvoir algérien», commente Emmanuel Alcaraz.
Autre interprétation avancée : au vu du profil des militants qui y étaient détenus, Serkadji dit en creux l'importance des «luttes civiles» dans le combat anticolonial, avec une forte participation des femmes. «Le primat de la culture de guerre dans l'épopée nationale explique-t-il ce choix '» «Les monuments aux martyrs semblent célébrer une indépendance conquise par les armes, et non par la lutte politique.»
L'Armée des frontières glorifiée
Ce primat de l'action militaire sur la lutte politique est clairement revendiqué dans les collections du Musée central de l'armée, estime l'auteur. Inauguré le 1er novembre 1984 à Riadh El Feth, ce musée «a été retenu à cause de son emplacement dans la capitale, dans un complexe mémoriel majeur participant à la ?mondialisation de la mémoire'». «L'hypothèse d'une mémoire nationale de la guerre d'indépendance marquée par la culture de guerre, étroitement associée à la mémoire ?religieuse' du djihâd, semble particulièrement pertinente pour le Musée central de l'armée», souligne l'historien.
«Dans le récit proposé par ce musée, les événements de nature politique, notamment l'histoire du mouvement nationaliste de 1914 à 1954, le Congrès de la Soummam et la création du GPRA, sont cités mais peu mis en valeur», décortique-t-il dans son analyse sémiologique. Il observe par ailleurs que «le rôle de l'ALN de l'extérieur dans la guerre d'indépendance est mis sur le même plan que celui des combattants de l'intérieur, ce qui est contestable». «Un tel choix s'explique aisément.
L'ALN de l'extérieur, véritablement unifiée par le colonel Boumediène, a donné naissance à l'ANP. Le musée cherche donc à lui donner une légitimité guerrière en l'associant aux luttes livrées par l'ALN de l'intérieur.» Et de faire remarquer que «des dirigeants de l'ALN de l'extérieur ont pris une grande part au coup d'Etat de 1965 qui a renversé Ben Bella».
Autre lieu d'envergure retenu dans cette étude, disions-nous : Ifri-Ouzellaguène où s'est déroulé le Congrès de la Soummam. Le choix de ce lieu est motivé par la volonté d'«illustrer les difficultés à produire du consensus en Algérie et une formule de citoyenneté acceptable par tous». Poursuivant sa vaste opération de charme en direction de tous les dissidents, Chadli y inaugure un musée le 20 août 1984. Ifri reste cependant une citadelle imprenable. De tous les lieux de mémoire, c'est peut-être le plus prisé par l'opposition.
Les partis hostiles au pouvoir «mettent en scène leur interprétation contestataire du Congrès afin de légitimer leurs revendications en faveur d'une démocratisation de l'Algérie. Ils cherchent à se réapproprier ce lieu de mémoire», écrit Alcaraz. L'auteur parle même de «bataille de commémoration» entre les deux parties autour de ce haut lieu de l'histoire de la guerre de Libération nationale.
La bataille d'El Djorf longtemps occultée
Pour les années Bouteflika, l'historien a choisi d'étudier les modes de célébration de la bataille d'El Djorf, une des plus âpres confrontations directes entre l'ALN et l'armée coloniale, et dont les combats se sont déroulés du 20 au 28 septembre 1955, dans les monts Nememchas.
«La redécouverte de ce lieu pose la question de la mémoire des dissidences au sein de l'ALN dans les Aurès à la suite de l'exécution de plusieurs chefs de cette bataille et du passage de l'un d'eux dans le camp français», indique Emmanuel Alcaraz. L'oubli volontaire de la bataille d'El Djorf, c'est pour «effacer le souvenir de l'exécution de Bachir Chihani», résume-t-il.
Rappelons que Bachir Chihani était chef par intérim de la Wilaya I historique (Aurès-Nememchas). Il sera exécuté le 23 octobre 1955 «par ses subordonnés, essentiellement Adjel Adjoul, Abbas Laghrour et Lazhar Cheriet», dit le chercheur. «El Djorf peut être opposé à un autre lieu de mémoire traité dans les monuments aux martyrs : Arris, dans les Aurès, point de départ de l'insurrection le 1er novembre 1954 (?) En effet, les monts Nememchas constituent un espace antagoniste rival de l'espace aurésien, ?la montagne chaouïe».
A en croire l'auteur, il n'y aurait pas que le poids moral de l'exécution de Bachir Chihani qui expliquerait le passage sous silence de cette lourde bataille. «La prise du pouvoir par Boumediène correspond à la montée en puissance du groupe des DAF (déserteurs de l'armée française, ndlr) qui ont rejoint l'ALN de l'extérieur, et qui constituent des cadres importants de l'ANP sur lesquels Boumediène s'appuie.
Certains de ces officiers n'ont pas combattu dans les maquis de l'intérieur. Ils ont donc un intérêt à souhaiter l'oubli des batailles menées par l'ALN de l'intérieur. Dans les faits, plus aucune commémoration n'est organisée à El Djorf, en dépit de sections importantes de l'ONM dans la région», argue-t-il.
Ce n'est qu'à la faveur de la réhabilitation de Bachir Chihani en 1984 par Chadli qu'El Djorf va «redevenir un lieu de mémoire et de commémoration à part entière». Les commémorations reprenaient timidement, à l'échelle locale, avant de gagner en audience dans les années 2000. L'auteur voit dans la réhabilitation de la bataille d'El Djorf sous Bouteflika une volonté de flatter le «particularisme» des Nememchas et de s'attirer la sympathie des populations de l'Est.
Peu de commémorations civiques
L'un des enseignements de cette étude est que les actions commémoratives demeurent dans une large mesure une pratique revêtant un caractère officiel. «Les monuments aux martyrs algériens et les célébrations associées n'exercent qu'une fonction civique limitée. Ils contribuent peu à la construction d'une citoyenneté républicaine.
Les acteurs majeurs des commémorations sont rarement des groupes sociaux autonomes», observe Emmanuel Alcaraz. L'auteur prend toutefois le soin de signaler la multiplication des gestes commémoratifs au niveau local et régional. Il cite à ce propos «la dernière génération de mémoriaux, dans les années 2000, notamment en Kabylie, qui ont été inaugurés suite à l'action d'associations mémorielles autonomes par rapport à l'Etat».
Ces commémorations sont «source de prestige pour les communautés locales. Il s'agit de montrer que les mémoriaux sont aussi le produit de mobilisations locales qui interpellent le pouvoir sur l'oubli de leur rôle dans la guerre d'indépendance afin d'obtenir une reconstruction de l'histoire a posteriori en leur faveur».
A noter qu'un décret a été spécifiquement promulgué (décret du 19 mars 2000) pour réglementer les actions commémoratives en fixant notamment les conditions d'édification des stèles et mémoriaux ainsi que les critères de classification des cimetières de chouhada. Information édifiante livrée par les monuments locaux : le recensement nominatif des chouhada et leur identification ainsi que la détermination exacte de leur nombre.
Ce dernier point donne parfois lieu à une forme de rivalité. «Le régionalisme peut également être étudié à travers le prisme du nombre de tués figurant sur les stèles», constate l'auteur. «A titre d'exemple, en Haute-Soummam, le monument aux martyrs du cimetière d'Ifri-Ouzellaguène où s'est tenu le Congrès de la Soummam, est particulièrement impressionnant par le nombre de tués. Il s'agit de la commune d'Algérie revendiquant le plus grand nombre de martyrs : 1500.»
Quand El Alia nourrit l'opposition
Nous terminerons par un ultime espace ayant acquis au fil du temps une haute valeur symbolique au regard de ses pensionnaires illustres : le cimetière El Alia, «lieu de mémoire dédié aux grands hommes». Alcaraz rappelle que le Carré des Martyrs était, avant la construction de Maqam Echahid, «le lieu principal des commémorations étatiques».
Force est de le constater : le cimetière El Alia est devenu, ces dernières années, le théâtre de commémorations citoyennes dans une «tentative de réappropriation de ces grandes figures par l'opposition algérienne». On l'a vu notamment avec les cérémonies de recueillement à la mémoire du président Mohamed Boudiaf.
«A partir de l'analyse de la genèse historique du mouvement national algérien dans ses différentes composantes et des modalités de ses réappropriations actuelles de mémoire, écrit le professeur Aïssa Kadri qui a préfacé le livre, l'ouvrage présenté ici se propose donc non pas seulement d'étudier les lieux de mémoire, mais également de retrouver dans leur affirmation dans l'espace public, dans leur mise en scène, dans leur institutionnalisation, les modes de légitimation par lesquels celui-ci subsume ses contradictions.
Et dans le même mouvement, de rendre compte des tensions mémorielles, des oublis, des tabous, des contestations qui travaillent une mémoire jusque-là hégémonique. Ce faisant, l'analyse va au-delà de la simple approche historique pour toucher au présent de l'Algérie.»
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