Algérie

Le pouvoir face à l'obsession du "4 juillet"


Dans un contexte de contestation populaire inédite, marqué par des marches massives et soutenues à travers tout le territoire national, le projet d'une élection à tenir dès le 4 juillet semble d'ores et déjà mort-né.Plus d'une soixantaine de candidats à la candidature dont personne ne connaît les noms, une marge de man?uvre et des délais légaux de plus en plus étroits, des partis et des personnalités d'opposition qui rejettent tout compromis, des Assemblées populaires communales (APC) qui boycottent jusqu'à la révision des listes électorales et, par-dessus tout, une majorité écrasante d'Algériens qui ne veut pas entendre parler d'un vote sous l'égide de l'actuel système? À ce point impossible à maintenir, l'échéance électorale prévue pour le 4 juillet prochain pour "désigner" un nouveau président continue quand même à être cet improbable cheval de bataille sur lequel le pouvoir semble miser toutes ses cartes pour imposer son très contesté modèle de transition.
Et c'est ainsi qu'à la veille d'un 12e vendredi de révolte, que ni les campagnes judiciaires spectaculaires ni les effets du Ramadhan ne parviennent finalement à affaiblir, le gouvernement a tout de même jugé bon de réaffirmer toute sa volonté d'aller vers une élection à laquelle il reste le seul à vouloir encore accroire.
Lors d'une audience qu'il a accordée jeudi au très contesté Premier ministre, Noureddine Bedoui, le non moins contesté chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, a ainsi tenu à souligner l'impératif de respecter les délais prévus par la Constitution, ainsi que les mécanismes nécessaires au bon déroulement de l'élection présidentielle censée se tenir le 4 juillet prochain.
Une semaine plus tôt, le même président par intérim avait déjà lu un message à la télévision dans lequel il a martelé, contre l'avis de la majorité des Algériens, la décision du régime qu'il représente, d'organiser quoi qu'il advienne un scrutin et une transition dans les délais prévus par l'actuelle Constitution. Pourtant, à moins d'être définitivement autiste en faisant fi et de la volonté populaire et de l'opinion internationale, le gouvernement doit assurément avoir pris conscience que l'organisation d'un scrutin présidentiel dans moins de deux mois ne peut être concevable ni politiquement ni matériellement.
Du point du vue du strict respect de la Constitution, la collecte par les candidats de parrainages indispensables à la validation de leur candidature semble déjà presque impossible à faire dans les délais impartis par la loi électorale. D'autant que de nombreux élus locaux censés délivrer ces parrainages ne sont guère acquis à la feuille de route du gouvernement et que plus d'une centaine d'APC, réparties sur plusieurs wilayas du pays, ont déjà décidé de boycotter la préparation de toute élection rejetée par le peuple. Qui plus est, la possibilité de mener une quelconque campagne électorale semble d'emblée illusoire dans un contexte de défiance populaire où même les ministres n'arrivent plus à s'afficher publiquement. D'un point de vue politique, l'impasse pour le pouvoir est encore bien plus inextricable, dès lors qu'aucune personnalité ou parti d'opposition, pas même ceux réputés proches de certains cercles du régime, n'accepte ne serait-ce que de dialoguer avec l'actuel chef de l'Etat. Dans un contexte de contestation populaire inédite, marqué par des marches massives et soutenues à travers tout le territoire national, le projet d'une élection à tenir dès le 4 juillet semble d'ores et déjà mort-né. À moins que le régime dans son entêtement ne décide de s'aventurer dans l'élection d'un nouveau président sans les voix de la majorité de l'électorat, ni l'implication de quelques candidatures crédibles.

Akli Rezouali
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