Algérie

Le pouvoir d'achat des ménages en berne



Pour l'Association de protection et d'orientation du consommateur, un salaire digne ne doit pas être inférieur à 60 000 DA pour une famille de cinq membres.La crise sanitaire engendrée par la Covid-19 a induit une baisse drastique de l'activité commerciale et de la rentabilité des opérateurs économiques, au vu de la chute vertigineuse de la consommation domestique. Cette diminution de la consommation a contraint les producteurs à n'exploiter qu'environ 20% de leurs capacités de production, selon des acteurs économiques. Ces derniers notent que plusieurs paramètres peuvent expliquer cette réduction de la consommation de biens et services en Algérie.
Le facteur prédominant reste, selon eux, indéniablement, l'érosion du pouvoir d'achat des ménages, notamment celui des bourses moyennes. Ils citent l'exemple d'une catégorie de travailleurs comme les ouvriers du BTP ou les saisonniers qui, de longs mois durant, ont perdu carrément la totalité de leurs revenus. Il faudrait une aide directe de l'Etat de 10 000 DA pour qu'ils puissent subvenir à leurs besoins. Des artisans sont également restés de long mois sans activité, tels que les chauffeurs de taxi, les transporteurs et les restaurateurs.
Ce qui a poussé le gouvernement à prévoir une allocation d'aide mensuelle de 30 000 DA pour compenser, un tant soit peu, leur perte de pouvoir d'achat. Même s'ils disposent d'un salaire régulier, d'autres citoyens ont dû diminuer leur consommation par précaution. Autrement dit, beaucoup de ménages appréhendent des lendemains incertains.
Les citoyens tendent à se méfier des circuits bancaires et du canal postal qui rendent difficile l'accès à leurs comptes bancaires ou postaux. Aussi, les mesures de confinement imposées à la population, les restrictions des déplacements et des rassemblements, ainsi que les incertitudes qui pèsent sur l'économie nationale ont eu un impact négatif direct sur la consommation. La pandémie de Covid-19 a également touché le portefeuille des familles modestes qui ont vu la liste de leur consommation habituelle élargie à des détergents et autres produits d'hygiène devenus indispensables en raison des mesures et gestes barrières.
Le simple citoyen a aussi eu à subir la hausse des tarifs des produits agroalimentaires à laquelle ont recouru les producteurs pour compenser l'envolée des prix des matières premières à l'international à cause, entre autres raisons, de la dévaluation du dinar.
Le fait d'interdire les fêtes de mariage et autres regroupements familiaux, occasions de grande consommation, a contribué, en outre, à la baisse de la consommation des ménages. Idem pour le tourisme qui a accusé le coup après l'arrêt des transports intérieur et international. Les méfaits de la crise économique et sanitaire à laquelle est confronté le pays ont rendu de plus en plus difficile le quotidien des Algériens. Le pouvoir d'achat des ménages ne cesse de s'éroder face à une forte inflation des prix.
Si la courbe des prix des produits alimentaires a suivi une tendance haussière, celle des salaires, en revanche, stagne depuis 2012. Le recul de la consommation face à la flambée des prix a impacté grandement l'activité commerciale, puisque le chiffre d'affaires de nombre d'opérateurs a chuté de plus de 50%, selon certaines estimations. Ce qui a mis en péril des milliers d'emplois.
Un "salaire digne", tel que le conçoit l'Association de protection et d'orientation du consommateur (Apoce), ne doit pas être inférieur à 60 000 DA par famille de cinq membres. Son président, Mustapha Zebdi, estime que la solution à cette épineuse problématique réside dans la stabilité du marché. Cela passe, selon lui, par le "plafonnement des marges bénéficiaires des commerçants sur les produits de première nécessité".
L'on doit prendre en compte, par ailleurs, que l'entreprise demeure elle-même un véritable consommateur. Les PME, faut-il le préciser, consomment, elles-aussi, des biens intermédiaires pour pouvoir fabriquer leurs différents produits. Par conséquent, "la consommation finale et la consommation intermédiaire sont indispensables au processus économique et au retour de la croissance économique, garante de la préservation des emplois et des revenus", soulignent des économistes.
Pour ces derniers, l'économie nationale est entrée en récession avec une contraction forte du produit intérieur brut (PIB). Cela correspond à un recul de la consommation et de l'investissement privé, ainsi qu'à la chute des investissements publics. Une attention particulière doit être réservée, de ce fait, à la problématique de la consommation, considérée par les économistes comme un levier indispensable de croissance pour l'économie.

Badreddine KHRIS


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