Algérie

Le pouvoir aux mains des puissances de l'argent



En effet, il faut aujourd’hui se rendre à l’évidence que les véritables maîtres du monde ne sont plus les gouvernements, mais les patrons des grands groupes industriels et financiers internationaux et les dirigeants d’institutions transnationales comme le FMI, la Banque mondiale, l’OMC, l’OCDE et les Banques centrales des pays riches.  Tous ces puissants dirigeants dont l’impact des décisions peut affecter lourdement la vie des populations ont la particularité de ne pas être élus et de tenir la force de leurs pouvoirs de la puissance financière des entreprises qu’ils patronnent ou des prérogatives transnationales dévolues aux institutions qu’ils dirigent. Le pouvoir de ces grandes sociétés internationales dont l’importance des budgets dépasse dans bien des cas celui des Etats et ceux de certaines organisations mondiales s’exerce en effet à l’échelle planétaire, alors que ceux des gouvernements sont, comme on le sait, limités aux strictes frontières des Etats au service desquels ils ont été élus ou désignés. Devenues au fil du temps les pourvoyeurs financiers des partis politiques les plus influents, ces puissantes firmes influent aujourd’hui très lourdement sur la souveraineté des Etats, au point de remettre en cause certains principes sacro-saints de la démocratie. La liste qui va suivre, volontairement succincte, de multinationales disposant de budgets nettement supérieurs à ceux de l’écrasante majorité des Etats de la planète montrent à l’évidence la puissance financière colossale dont elles disposent comparée à celle des Etats de plus en plus nombreux à s’être enlisés dans d’inextricables problèmes d’endettement. Le chiffre d’affaires de la firme américaine de commerce de détail Wal Mart, estimé en 2006 à 340 milliards de dollars, est, à titre d’exemple, nettement plus important que les PIB des pays comme le Danemark (243 milliards), la Norvège (251), l’Arabie Saoudite (250), l’Afrique du Sud (212), et l’Egypte (75,2). On peut également citer la firme pétrolière Exxon Mobil dont le chiffre d’affaires avait atteint 340 milliards de dollars durant cette même année 2006, soit un chiffre nettement plus élevé que les PIB de pays aussi prospères que la Finlande (187), Singapour (107,3), la Malaisie (117) et la Pologne (242). Le chiffre d’affaires de 186 milliards de dollars  réalisé par la firme japonaise Toyota est quant à lui supérieur aux PIB des nations comme Israël (118), les Philippines (86), l’Algérie (84,6), le Chili (94,3), l’Irlande (184) et le Venezuela (109,3). On peut, enfin, citer le cas parmi tant d’autres de la firme allemande Volskwagen qui avait réalisé en 2005 un chiffre d’affaires de 152 milliards de dollars nettement plus élevé que les PIB de pays comme le Pakistan (97) et le Nigeria (72) pour ne citer que ceux-là. Dopées par l’envolée des prix des hydrocarbures les firmes pétrolières comme Exxon Mobil (340 milliards de dollars), BP (268), Shell (307) réalisent des chiffres d’affaires dépassant parfois le PIB de certaines nations considérées comme les plus riches de la planète. Les fusions qui s’opèrent entre certaines multinationales sont de nature à rendre les plus opulentes d’entre elles encore plus puissantes dans un avenir proche. Le cumul des chiffres d’affaires des dix entreprises les plus puissantes du monde en l’occurrence, Wal Mart (340 milliards de dollars), Exxon Mobil (340), Shell (307), BP (208), Général Motors (193), Ford (178) Général Electric (158), Daimler (186), Volkswagen (152) et IBM (102), avait atteint, à la fin de l’année 2006, la somme faramineuse de 2330 milliards de dollars, soit environ le quintuple du cumul des PIB de tous les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord réunis estimé à, à peine, 454 milliards de dollars en cette même année 2006. C’est dire la lourdeur démesurée du poids financier de ces multinationales par rapport à celui bien plus faible de l’écrasante majorité des Etats de la planète. Ce surcroît de puissance financière obtenu à la faveur de la mondialisation de l’économie ne manquera pas évidemment de donner des ailes aux patrons des multinationales qui s’attellent déjà à accaparer progressivement certaines prérogatives de puissance publique (armée, sécurité, régulation et surveillance des flux financiers, etc.) traditionnellement dévolues aux Etats. Certaines d’entre elles ont déjà commencé à se doter  de certains attributs de la puissance publique en créant leurs propres armées et entreprises de sécurité et en se réservant une part d’influence de plus en plus grandissante sur les places financières et les réseaux d’information et de communication. Il n’est pas du tout exclu que la conquête des pouvoirs policier et militaire fasse partie des challenges de la plupart de ces grands groupes mondialisés. Ces polices et armées privées qui, du reste, existent déjà aux USA leur seront évidemment bien utiles quand il s’agira de faire plier des Etats étrangers (cas de l’Irak et de l’Afghanistan) ou des gouvernements de gauche récalcitrants aux règles qui doivent régir le nouvel ordre économique mondial désormais placé sous leur contrôle.  
 


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