Algérie

Le pouvoir algérien et la commedia dell'arte politique



Au 16ème siècle, en Italie, on inventa la Commedia dell'arte, une forme de théâtre fondée sur l'improvisation. Les acteurs incarnent des personnages grotesques et offrent un spectacle dans lequel se mêlent : la sottise, l'insolence, la lâcheté et le vice.La comédie politique : un instrument de domination politique
C'est à cela que le pouvoir cherche à réduire la vie politique depuis l'indépendance : à un interminable spectacle digne de la commedia dell'arte. Pour le montage de ce spectacle, le pouvoir réel détenu par le commandement militaire s'attribue la mise en scène et à ce titre, il écrit le scénario, s'occupe de la transposition scénique, choisit les comédiens, leur distribue les rôles et les dirige dans leur interprétation.
Depuis le 12 décembre 2019, nous assistons à un nouvel acte du spectacle dans lequel on a un Président désigné qui remplace un Président résigné. Un gouvernement pléthorique dont le nombre de ministres dépasse celui du gouvernement central chinois, des commentateurs, des propagandistes'etc.
Les comédiens se recrutent souvent parmi la foule de flatteurs, flagorneurs, opportunistes brevetés qui peuplent les cours du pouvoir. Ils savent que c'est par la flatterie la plus basse et la servilité la plus dégradante que l'on arrive à être choisi. Aussi, ils se précipitent à chaque occasion, avec une impétueuse vanité, devant les micros pour débiter de grandes tirades afin de bénir les qualités exceptionnelles du chef du moment, qu'il soit président ou général.
Pour le pouvoir, tout est dans le spectacle et il en faut pour essayer de combler le vide politique qu'il a généré. Désormais, le peuple a compris que rien, dans cette perpétuelle et grotesque commedia dell'arte, n'est de nature à changer quoi que se soit. Pour lui, il est clair que ces jeux de comédie ne cherchent qu'à perpétuer un système défaillant et agonisant.
Une démocratie sans le peuple et contre le peuple :
Avec une interprétation Orwelienne de la démocratie, le pouvoir ne s'occupe guère du droit du peuple à l'exercice de ses droits et de sa souveraineté, mais des modalités de son exclusion. Il continue de recourir aux mêmes méthodes qui ont conduit le pays à la ruine et ne montre aucune volonté de sortir de sa politique de mépris et de marginalisation du peuple.
Depuis 1996, la constitution a été révisée à trois reprises : 2002, 2008 et 2016. En guise de réponse aux revendications de la fin du système et du départ de ses symboles pour engager le pays dans une véritable transition démocratique, le pouvoir propose une nouvelle trituration de la constitution confiée aux mêmes « experts » de service issu de ses rangs et désignés par lui.
Lorsque la solution politique est réduite à une question technique, on vise la perpétuation du système. Cela devient criminel de ne pas tirer les enseignements de 57 ans de règne, de souffrances et d'humiliations imposées aux Algériens. L'ampleur des problèmes sociaux, le niveau de paupérisation et de marginalisation du peuple a conduit à la reproduction de la société coloniale avec d'une part une minorité oligarchique constituée de la mafia des généraux et de leurs relais civils, et d'autre part tout un peuple laissé dans la misère matérielle et morale.
Récemment au Cameroun le Président-dictateur Paul Biya, en poste depuis 1982, a organisé « un grand dialogue ». Le « biyalogue », ainsi que l'ont appelé les camerounais, a la même finalité que celui engagé par le Président désigné Teboune : chercher à se relégitimer auprès de leurs maitres occidentaux friands de « gestes d'apaisement ».
Quand le moudjahid Bouregaa et d'autres détenus furent libérés, une partie de l'opinion a perçu cette décision comme un signe d'apaisement. Mais très vite, force a été de constater que ce n'était qu'un leurre destiné à semer la confusion, car le pouvoir a aussitôt renoué avec ses pratiques despotiques qui consistent à étouffer toute opinion opposée à la sienne, réprimer, jeter en prison et prendre en otage les opposants qui le dérangent.
Le peuple : acteur de son destin
Depuis le 22 février 2019, le peuple a décidé de laisser les décideurs jouer leur comédie en leur tournant le dos. Il veut écrire son Histoire et en être l'acteur principal. Il se bat pacifiquement pour reconquérir sa souveraineté confisquée depuis 1962. C'est aussi une, pour lui, manière d'honorer la mémoire des martyrs. Il leur doit de continuer le combat afin que leur sacrifice ne soit pas vain.
Le peuple algérien admirable par son pacifisme, son civisme et sa haute maturité politique a compris que le meilleur moyen de se prémunir des dérives autoritaristes présentes ou à venir, c'est de reprendre la parole et se donner les moyens politiques et juridiques pour mener son propre destin.
L'organisation d'une transition démocratique revendiquée par une large majorité du peuple est l'unique moyen pour réussir la rupture avec le système actuel. Durant cette période et afin d'éviter une situation de vide politique et d'assurer la continuité de l'Etat, des institutions de transitions (convention nationale, gouvernement de transition, présidence collégiale?) peuvent être mises en place rapidement ainsi qu'un cadre politique, des mécanismes juridiques et une stratégie qui permettent cette mutation démocratique, le tout sous le contrôle du peuple. Les acteurs de cette transition doivent sortir des rangs du peuple et bénéficier de sa confiance.
A l'issue de cette période de transition, les conditions seront réunies pour l'élection d'une Assemblée constituante à laquelle sera confiée une mission claire : rédiger une constitution pour l'établissement d'un ETAT DE DROIT DEMOCRATIQUE, CIVIL ET SOCIAL


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