Algérie

Le pourrissement


C'est l'impasse dans le secteur de la santé. Les résidents en sciences médicales poursuivent leur grève illimitée malgré les menaces de leurs tutelles (Enseignement, Santé) et une répression policière féroce.Des médecins spécialistes et des internes ont décidé de se joindre à la protesta.
«Il n'y a pas eu de nouvelles négociations depuis la dernière rencontre avec le ministère de l'Enseignement supérieur», s'indigne, dans une déclaration à El Watan, le porte-parole du Collectif algérien des résidents algériens (Camra), Mohamed Taileb.
En grève depuis plus de quatre mois, les résidents en sciences médicales, qui réclament, principalement, la suppression «dans sa forme actuelle» du service civil, ont décidé de durcir leur mouvement «à cause de la source oreille» des autorités.
Dans un communiqué rendu public hier, le Camra, qui déplore la répression de son rassemblement à la faculté de médecine Ziania de Ben Aknoun (Alger), appelle ses adhérents à «l'arrêt de toutes les activités dans les hôpitaux de 8h à 16h».
Le communiqué précise que les résidents ne sont pas astreints au service minimum comme le stipulent les textes de loi : la loi 90-02 relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail et à l'exercice du droit de grève, une correspondance du directeur des relations de travail du ministère du Travail et le statut du résident.
«Selon l'article 9 de son statut (décret 11-236, ndlr), le résident ''participe'' seulement à l'activité des établissements de santé. La responsabilité du service ne lui incombe pas», signale, en substance, le communiqué du Camra qui rappelle, aussi, la durée légale de travail des gardes d'urgence et de service.
Le Camra réitère sa décision de boycotter la deuxième session des examens du diplôme d'études médicales spécialisées (DEMS). Le collectif appelle ses 15 000 adhérents des 11 CHU du pays à la solidarité : «Notre slogan est celui-ci : Cessons de nous taire et de couvrir un système de santé qui a échoué. Nous sommes prêts pour l'année blanche.»
Appel du SNECHU aux «hautes autorités»
Face à la détermination des résidents, les deux tutelles sont inactives. «Le ministre de la Santé a mis en place le comité intersectorielle de suivi. Les nombreuses réunions de ce comité ont été un échec. Il nous a été proposé de baisser le nombre de spécialités concernées par le service civil à 18. Cette proposition n'a pas été acceptée», indique Taileb.
Le Pr Mokhtar Hasballaoui se fera sûrement des soucis les prochains jours avec l'entrée en scène de nouvelles catégories de son secteur. Le Collectif autonome des médecins spécialistes algériens (Camsa) a annoncé une grève cyclique de deux jours à partir du 27 mars.
De son côté, le Collectif autonome des internes en médecine algériens (Caima) a décidé le boycott du stage interne. Le ministre de la Santé, son chef du gouvernement et le chef de l'Etat dont l'arbitrage est réclamé par les protagonistes n'ont pas réagi.
Une piste est proposée, mais pas assumée, devant la menace d'une année blanche, d'une démission collective des résidents et de l'absence de futurs spécialistes qui feront fonctionner les établissements du pays, surtout ceux du Sud et des Hauts-Plateaux : prolongement de la durée du service civil. «Nous n'avons pas entendu parler de cela», s'est contenté de dire Taileb.
Confronté à une situation qui fragilise davantage le secteur, le Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires (Snechu) déplore, dans un communiqué rendu public mardi, les «positions figées des protagonistes, qui ont conduit à une situation d'impasse laissant place à l'installation d'autres mouvements de protestation au sein de la corporation, aboutissement progressivement à une déstabilisation sérieuse de notre système de santé et de la formation en sciences médicales».
Le Snechu souhaite l'intervention des hautes instances pour proposer des «solutions justes et viables». Le syndicat réitère son appel aux plus hautes autorités du pays à trouver une solution urgente afin d'éviter l'embrasement et le chaos sanitaire et universitaire. L'appel aux «hautes autorités» trouvera-t-il un écho '
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