Algérie

Le poulet, la pomme de terre et les exigences de l'OMC



Le poulet, la pomme de terre et les exigences de l'OMC
L'Algérie enregistre d'énormes pertes dans certaines filières agricoles et «une déperdition dans la production» qui pèsent lourdement sur les caisses de l'Etat. Autrement dit, un facteur de plus qui nous fait perdre davantage de devises avec l'importation des intrants, souvent très mal consommés. C'est ce qu'a affirmé le Dr Idres Nacer, expert vétérinaire et membre de la fondation Filaha, lors d'une conférence de presse qui a eu lieu, hier, à la Safex en prévision de la tenue de la 9ème édition du Salon international de l'agriculture du 19 au 23 novembre au palais des expositions des Pins maritimes .Le docteur Idres a illustré ses propos en citant la filière avicole. Il explique que le poulet algérien est à 99% importé, du fait que l'Etat importe tous les intrants avicoles, aliments de bétail, soja et maïs, matériel biologique, produits vétérinaires, équipements. Le conférencier a affirmé que les pertes ne se limitent pas à l'importation des intrants, il y a d'autres pertes supplémentaires. Il précise que nos aviculteurs consomment deux fois plus que la norme internationale en aliment de bétail pour un kilo de volaille. Et d'affirmer que le poulet dans ce cas est vendu à 300 DA le kilo, alors que son prix revient à l'Etat à 600 DA le kilo. Il a également précisé que le poulet algérien est aujourd'hui bourré d'antibiotiques ce qui constitue un danger de santé publique et une perte économique. Pour Idres, il est urgent aujourd'hui de rompre radicalement avec le système de polyvalence et de favoriser la spécialisation pas uniquement dans les filières, «mais il faut aller vers la spécialisation de segments des filières», a-t-il recommandé. Car le secteur agricole enregistre des pertes dans la production par manque de spécialisation et de formation. Le conférencier a estimé qu'il est grand temps de réguler toutes les filières et de passer rapidement à la spécialisation, et ce, avant l'ouverture totale du marché algérien en vertu de l'accord d'association avec l'Union européenne et l'Organisation mondiale du commerce, «car on risque gros, c'est la disparition complète de certaines filières mal organisées et mal structurées», a-t-il averti.Sur un autre registre, le conférencier a exhorté l'Etat de jouer convenablement le rôle qui lui revient, à savoir «la régulation» notamment avec l'objectif d'aller vers l'OMC. Il précise que la question du calibrage des fruits et légumes est aujourd'hui impérative. «Trois calibres doivent être présentés aux clients dans tous les marchés, conformément aux normes internationales», a-t-il déclaré. Et d'ajouter «vendre une pomme de terre pleine de terre à des prix excessifs et pour la même taille et au même prix pour les riches et les pauvres, c'est inconcevable en ces temps».LA FLAMBEE DES PRIX : «LA DEREGULATION ENCOURAGE LA SPECULATION»Concernant la flambée des prix de la pomme de terre, le plus souvent sans raison valable, les membres de la fondation Filaha étaient tous unanimes à affirmer que seule la régulation peut contrecarrer les comportements des spéculateurs.Le président de la fondation Filaha, le Dr Amine Bensemmane, a affirmé que l'Etat avait lancé un plan Marshall pour organiser la filière de la pomme de terre, l'amélioration de la semence jusqu'à la création des chambres froides de stockage et de production, mais l'Etat a failli dans son rôle de suivi et de contrôle. «Le suivi pour le déstockage dans des chambres froides n'a pas été fait», a-t-il souligné. Et de poursuivre qu'il y a encore de l'anarchie dans les marchés de gros, s'interrogeant comment on va s'y prendre une fois à l'OMC '150 EXPOSANTS AU SALON AGRO-EXPOLe président de la fondation Filaha a affirmé que cette 9ème édition accueillera 150 exposants dont 15 étrangers. Ce salon professionnel organisera en parallèle des conférences «d'une extrême importance» pour le développement du secteur. Il cite «l'agriculture familiale et le développement durable», «l'oléiculture entre inquiétudes et espérances» ainsi qu'une conférence sur «l'eau et l'agriculture». Enfin, les organisateurs du salon tablent sur 15 000 visiteurs professionnels du Maghreb, d'Europe et du reste du monde.




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