Algérie

Le poster qui cache le trou


Entre cotation parallèle et change officiel, une image vaut encore près de 1000 mots. Et plus d'un mois après le scrutin vulcanisateur du 9 avril, les posters du président Bouteflika III sont encore accrochés un peu partout. Sur les murs, façades, immeubles, balcons et même, selon des témoins, sur le dos de certains hommes et d'animaux errants. Bien sûr, personne ne prendra l'initiative de les enlever, au risque d'être capturé et condamné à perpétuité pour haute trahison.Faut-il attendre l'usure du temps pour que ces affiches disparaissent du paysage ' Car pour qui se promène ou circule en ville, dans les banlieues ou à l'intérieur du pays, traînant avec lui sa difficile condition de gouverné, il y a ce sentiment d'être perpétuellement épié, mal à l'aise devant ce regard robotique et cruel, qui ne vous regarde jamais de face mais vous guette constamment. L'air un peu méchant, pour débusquer en vous tout sentiment antinational ou arrière-pensée non conforme. On sait que le temps est l'allié du régime, tout en étant son ennemi principal.Le régime joue sur la durée, lasse ses adversaires par son inertie légendaire et pousse la plupart des honnêtes cadres à abandonner, ou pire, à revoir à la baisse leurs ambitions en adoptant le dos rond, forme ergonomique en vigueur du parfait soldat de la nation. Mais le temps joue aussi contre le régime ; 10 ans après l'accession de Bouteflika, rien de fondamental n'a vraiment changé et les gens le réalisent, tout comme ils réalisent que, depuis 40 ans, les mêmes hommes au pouvoir conduisent aux mêmes échecs. Petite victoire esthétique sur l'injustice, une fois usées par le temps puisque personne n'osera les retirer, ces affiches montreront le véritable visage du pouvoir. Un régime en papier, vieux et triste, délavé, déchiré et décollé de la réalité. Qui n'arrive même plus à masquer les trous dans les murs du pays.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)