Photo : S. Zoheir
La protection de l'environnement fait partie aujourd'hui des priorités de tous les pays et les mesures engagées dans ce cadre diffèrent d'un pays à un autre et selon les moyens financiers. La mise en place d'une réglementation appropriée à la préservation des différents milieux est restée tributaire du niveau de développement de chaque pays d'autant que l'environnement ne peut être indépendant ; sa protection exige également la mise en œuvre d'une politique d'aménagement du territoire efficace, laquelle prend en compte l'aménagement du milieu urbain, régional, rural et physique. La protection du littoral fait partie aussi des missions des services concernés par l'aménagement du territoire.
La pollution marine a été pour longtemps placée dans l'axe des discussions à l'échelle continentale où des dispositions ont été prises pour rendre plus propre le transport maritime. Des conventions furent signées dans ce cadre par de nombreux pays.
L'Algérie, qui a marqué son adhésion à la convention internationale pour la prévention de la pollution des eaux de la mer par les hydrocarbures à travers le décret n° 63-344 du 11 septembre, a enregistré également son adhésion à la convention pour la protection de la mer Méditerranée contre la pollution, conclue à Barcelone le 16 février 1976.
Le décret n° 80-14 du 26 janvier 1980 donne les détails de cette adhésion. Dans ce même cadre, d'autres décrets pour mettre en œuvre l'adhésion de l'Algérie à d'autres conventions et protocoles ont vu le jour et ce, pour renforcer beaucoup plus la lutte contre la pollution marine.
Poursuivant les dispositions engagées, la loi n°02-02 du 05 février relative à la protection et à la valorisation du littoral est venue éclairer un ensemble de points et appeler à plus de protection du littoral.
A travers ce bref aperçu sur le volet réglementaire, il est clair que l'Algérie s'est engagée pleinement dans ce domaine important par des lois propres au littoral et d'autres relatives à l'aménagement du territoire, lesquelles accordent une attention particulière à cette richesse naturelle.
La loi n° 03-10 du 19 juillet 2003 relative à la protection de l'environnement dans le cadre du développement durable est venue, quant à elle, avec une grande précision sur les dispositions à prendre pour protéger le mer et les eaux douces, des dispositions pénales figurent également dans cette loi. Pour voir ce qui a été fait sur le terrain, une visite le long du littoral de Ténès s'est avérée nécessaire d'autant qu'on continue de parler ici et là de la présence d'une pollution des eaux et de la dégradation du périmètre réservé à cette bande côtière pourtant protégée par une réglementation stricte, laquelle semble convaincante et capable de contrecarrer toute atteinte pouvant engendrer des dégâts au littoral. Une atteinte qui se matérialise par des rejets d'eaux usées et polluées et par l'urbanisation rapide incontrôlée qui s'en prend au littoral, parfois aux ports, et entrave leur développement alors que les ports sont connus pour le rôle qu'ils jouent dans le développement global et partiel. Le port développe l'économie et couvre une grande zone ; il permet également d'assurer le transport de marchandises et de voyageurs et son extension est régulièrement prévisible. L'aménagement de ces endroits obéit à des règles bien précises et prend en compte une vision futuriste basée sur différentes variantes d'aménagement. Il est aussi connu que l'impact du port s'étend sur un grand rayon, est générateur d'emplois et donne une redynamisation particulière au tissu urbain et c'est pour cela que les spécialistes du domaine parlent de relation ville-port.
La ville de Ténès, connue pour son port, son histoire, son cadre physique et sa situation géographique stratégique confirmée depuis l'époque phénicienne,
a été notre destination en ce début de semaine où la température semblait acceptable.
Située à environ 200 km à l'ouest d'Alger et à 50 km au nord du chef-lieu de la wilaya de Chlef, Ténès est connue aussi pour ses belles plages, très fréquentées par les estivants qui viennent de plusieurs endroits du pays. Les colonies de vacances sont installées un peu partout sur le littoral de cette région. Cette année ce sont plus de 1 000 enfants issus des familles nécessiteuses des wilayas du sud du pays qui ont été pris en charge par les services de l'action sociale de cette wilaya (DAS) pour des séjours au bord de la mer.
Lorsqu'on sort de la ville de Chettia, sur la RN 1 reliant Chlef à Ténès, le climat change brusquement et donne encore plus de fraîcheur. L'élargissement de la route après une opération de réhabilitation garantit plus de fluidité sur ce tronçon routier, lequel relie la ville de Ténès et son port commercial au reste des wilayas du centre-ouest du pays.
A quelques centaines de mètres se dressent devant nous des bâtiments en construction sur le côté droit, à l'entrée de Oued Fares, qui se développe d'une manière rapide ; une ville universitaire d'autant qu'elle compte sur son territoire le nouveau pôle universitaire de Chlef, opérationnel depuis un certain temps et qui a donné une vocation particulière à cette petite localité, laquelle finira sûrement par observer une extension urbaine à la hauteur de la grande structure universitaire qu'elle compte. Poursuivant notre chemin vers la ville portuaire, nous transitons par la ville de Bouzghaia, puis celle de Sidi Akacha qui dispose d'une déviation vers le nord, qui permet de réduire l'encombrement à l'intérieur de la ville. Le dispositif sécuritaire mis en place pour garantir une bonne saison estivale est visible à travers des barrages fixes installés à plusieurs endroits, un dispositif qui réduira sans aucun doute les accidents de la circulation. Une brève escale dans cette ville pour siroter un thé nous a permis de prendre les avis de quelques personnes sur la pollution du littoral. Kamel, un jeune homme, dira à ce sujet que certaines plages ne sont pas propres. «Des ordures sont visibles au bord de la mer, abandonnées par les estivants qui manquent de civisme et dans d'autres cas ils sont rejetés par les courants marins.» Fawzi, un autre jeune à l'allure intellectuelle, dira : «Il y a trop de rejets dans la mer et de nombreux pays méditerranéens souffrent de cette situation.» Pour lui, le trafic important des bateaux de commerce près des frontières maritimes
influe considérablement sur la qualité de l'eau de mer. Poursuivant notre chemin après, nous croisons tout au long de cette RN19 des camions de transport de marchandises sûrement venus du port commercial. Un peu plus loin, le paysage de l'entrée de la ville Ténès offre à son visiteur une splendide vue, un léger vent souffle sur cette belle ville côtière, la mer est un peu agitée en ce début de semaine.
Destination la zone est du centre-ville où se situe le port, dont la construction a eu lieu entre 1868 et 1907 et a servi à l'exportation des produits agricoles et
miniers et à l'importation des matériaux de construction et produits manufacturés.
Après l'indépendance, l'importance du port s'est imposée d'autant qu'il joue un rôle primordial dans l'économie de la région centre et centre-ouest du pays.
A proximité de cette structure portuaire se trouve la plage de la ville qui a vu une opération d'aménagement ces dernières années et où des estivants profitent de cette journée dans cet endroit loué à des particuliers, lesquels offrent quelques services aux baigneurs pour cette période estivale qui s'étale généralement sur deux mois.
Une urbanisation rapide inquiétante à proximité du port
Avant de nous rendre à la direction du port, nous avons exploré l'environnement immédiat ainsi que la bande du littoral, qui semblent être victimes de l'invasion du béton, lequel veut même plonger dans l'eau, semble-t-il.
Les règles urbanistiques sont loin d'être appliquées dans cet endroit ;
l'investissement «sous couvert» touristique a pris des dimensions inquiétantes près du port, ce qui montre que les normes de protection de littoral sont violées non loin du centre-ville. Avec le temps, on ne pourra plus voir de loin les structures du port et la plage d'autant que le béton est devenu un obstacle en hauteur à une vue panoramique. Une fois à l'intérieur du port, après les formalités d'accès, nous avons remarqué que cette structure portuaire observe une activité indiquant que beaucoup de choses ont changé et que l'entreprise portuaire de Ténès se porte bien financièrement. Un syndicaliste, rencontré au cours de notre investigation, s'est dit satisfait du développement de l'entreprise qui a connu une nette évolution ces dernières années. Pour lui, cela est dû à la stabilité et à la compétence de l'équipe directionnelle qui œuvre en étroite collaboration avec le partenaire social pour prendre en charge les préoccupations des travailleurs.
Se contentant de cette déclaration, notre interlocuteur nous a orienté vers le P-DG, seul habilité, selon lui, à répondre à nos questions.
Cette entreprise portuaire, qui compte 200 travailleurs, a connu, depuis l'année 2000, une nette amélioration, selon M. El Hamri Khaled, P-DG de cette
entreprise, qui mettra en relief les chiffres de cette croissance. Une augmentation de 29% dans l'activité transport de marchandises a été enregistrée durant le 1er semestre 2009 par rapport au même semestre de l'année 2008, une année au cours de laquelle il a été enregistré le transport de 600 000 tonnes de différents produits, soit une augmentation de 42% par rapport à l'année 2007.
Pour ce qui est des dispositions prises pour la protection contre la pollution marine, notre interlocuteur dira que toutes les dispositions ont été mises en œuvre pour appliquer la réglementation en vigueur. «Des contrôles réguliers sont effectués et chaque navire est obligé de suivre la réglementation en matière de lutte contre la pollution marine», dira le P-DG, avant d'ajouter que d'autres services interviennent également dans ce cadre à côté de ceux relevant de l'entreprise.
La qualité du poisson de Ténès, un indice d'absence de pollution
Par ailleurs M. El Hamri soulignera : «Aucun cas de pollution marine par les rejets d'hydrocarbures n'a été enregistré ces dernières années dans le port», avant de préciser que les vérifications sont strictes. S'agissant du rejet des eaux usées, notre interlocuteur dira qu'aucune eau usée n'est rejetée dans le port à partir de la ville.
Entre autres, le commandant du port, interrogé à ce sujet, précisera que la lutte contre la pollution marine se base sur la loi n° 03-10 du 19 juillet 2003 relative à la protection de l'environnement dans le cadre du développement durable.
Pour lui, les infractions constatées sont mentionnées dans des P-V et des actions de sanctions seront actionnées selon les dispositions de la réglementation en vigueur.
Le cap de Ténès, qui représente un des principaux axes de navigation en Méditerranée, observe un trafic important et le risque qui se pose, ce sont les accidents pouvant survenir entre les différents navires qui passent près de cet endroit, a indiqué le commandant du port.
«Le poisson de Ténès a un très bon goût, ce qui montre que cette région du littoral n'observe aucune pollution marine», dira le P-DG de l'entreprise portuaire de Ténès.
Il faut plus de moyens pour lutter contre la pollution marineEn outre, ce port observe la réalisation d'un nouveau quai dont les travaux ont débuté en 2007. L'opération a été lancée par la direction des travaux publics de la wilaya de Chlef et la réception de cet ouvrage est prévue durant l'année 2010 et ce, à cause de quelques difficultés rencontrées.
«L'extension de ce port, qui enregistre une croissance régulière dans ses activités, doit être envisagée dès maintenant», dira le P-DG de l'entreprise portuaire, qui voit également que le port de Ténès est un pôle de développement structurant à impact régional. «Le développement du port à l'horizon 2030-2040 doit être entrepris aujourd'hui à travers un plan d'aménagement, lequel devra prendre en compte les prévisions de croissance et son extension», ajoutera notre interlocuteur. Dans ce même chapitre, M. El Hamri indiquera que l'activité du port de Ténès connaîtra une grande croissance après les dernières dispositions prises pour la décongestion du port d'Alger. Il est à noter que cette décision, prise en Conseil des ministres, n'autorise plus les navires transportant des cargaisons de rond à béton, de bois, de produits alimentaires et de marchandises non conteneurisées ainsi que les véhicules, qui seront désormais
déchargées au port d'Alger à partir du 1er octobre 2009.
Ces dispositions prévoient ainsi d'assurer une fluidité des trafics portuaires, et ainsi de réduire l'impact de la pollution marine dans des ports bien précis.
Le port de Ténès aura à traiter, en plus de ses activités habituelles, à l'exception des navires carriers, les autres catégories de produits importés par voie maritime.Sa position très proche de la capitale Alger (200 km à l'ouest) lui permettra de jouer un rôle important dans l'économie nationale, en particulier dans celle de la région centre et centre-ouest du pays.
Ces nouvelles orientations vont donc répartir entre les différents ports un trafic important de navires, lequel exigera plus de contrôle et de surveillance pour éviter la pollution de la mer et de ses composants en faune et flore. Notons que le développement des réseaux routier et ferroviaire demeurent une impérieuse nécessité d'autant qu'ils permettent d'acheminer les marchandises issues du transport maritime. Dans ce cadre, une ligne ferroviaire est au stade de l'étude pour relier le port de Ténès à la ville de Chlef et un projet autoroutier fait également partie des priorités des services concernés, lesquels sont plus que conscients de l'importance de cette structure portuaire dans le développement national et régional.A titre de rappel, le port de Ténès assure des activités commerciales, de pêche et de plaisance. S'agissant de ses principales caractéristiques, il compte un bassin de 170 000 m2, dont la profondeur varie entre 12 et 14 mètres, protégé par deux jetées et un brise-lames, un quai de 420 ML, réservé à l'activité commerciale, et offre la possibilité à plus de 3 bateaux de décharger leurs produits.Les profondeurs bord à quai varient de 5 à 7,5 mètres. Ce port selon, son P-DG, peut accueillir tout type de navire ne dépassant pas 125 m de long et 7,20 m de tirant d'eau, soit des navires de 8 500 tonnes environ de marchandises.Est ce qui concerne les installations, cette structure portuaire est bien équipée pour jouer pleinement son rôle dans le transport maritime et faciliter la tâche aux importateurs et exportateurs, quelle que soit leur nationalité.
En somme, la protection du milieu marin et la lutte contre tout type de pollution marine est l'une des priorités des services du port de Ténès qui active en étroite collaboration avec les autres services concernés par la protection du littoral.
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Posté Le : 09/04/2015
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : De notre envoyé spécial à Chlef Madani Azzeddine
Source : Publié dans La Tribune le 22 - 07 - 2009