Des sites à valeur historique, des ouvrages aux senteurs du passé et de surcroît en excellent état de fonctionnement, comme le pont du Ricci, sont de plus en plus menacés par l'action de l'homme. La ville de Blida, avec sa démographie galopante et son infrastructure industrielle en développement, se « mégalopolise ».
Sa proximité aux zones montagneuses lui permet, en effet, quelques échappées en dehors de ces espaces épileptiques, mais de plus en plus, le lot des désagréments semble n'épargner aucun lopin de terre. Pour rejoindre le relief imposant du Miocène Pliocène qui domine la localité touristique de Sidi El Kebir, au seuil du pont Ricci, datant de presque un siècle, les prémices des premières pentes raides ponctuées de quelques cèdres accompagnés d'un végétal méditerranéen annoncent déjà la grande entame des monts de Gouroumène qui culminent, dans un relief karstique et gorgé d'eau, à 1629 m d'altitude. Pas une seule ride, l'ouvrage, le pont du Ricci a de longue date résisté aux caprices du climat, notamment au régime fougueux du torrent de l'oued Sidi El Kebir.D'aucun l'empruntant aujourd'hui n'éprouvera, certes, aucun plaisir à y marquer une halte. Pour retrouver la sérénité d'antan, il faut s'enfoncer bien plus profondément dans la montagne. Les fumées et les détritus envahissent de part et d'autre les talus de cet ouvrage, dévalorisant et son cadre environnemental et l'esthétique de son architecture affinée en pierraille jaunâtre. Cet endroit aurait bien pu décrocher le trophée des sites « top clean » car, ce n'est ni l'eau ni d'ailleurs la perpétuelle brise ' alternativement, la matinée, soufflant du côté de la montagne et le reste de la journée venant du côté de la mer qui y font défaut.La configuration topographique du site permet cet état du temps à longueur de l'année. Le paradoxe est, cependant, flagrant : si l'usure du temps n'a pas eu gain de cause sur cet ouvrage, c'est la bêtise humaine avec ces rejets de plus en plus bourrés de produits chimiques qui vont détruire à petit feu cette réalisation qui embellit cette porte des montagnes. Des propos recueillis auprès des riverains, l'extravagance est poussée à fond, quand on sait qu'une canalisation de gaz desservant la firme étrangère Nestlé Waters plus en amont vers Sidi El Kebir, collée à même le pont et qui risque de provoquer l'irréparable du fait de comportements irresponsables de quelques « pyromanes » qui incendient ce lieu de décharge illicite à chaque amoncellement des ordures.« Plusieurs fois, affirme-t-on, les flammes ont atteint la conduite de gaz. Ce n'est pas la solution tout indiquée pour se débarrasser complètement de ces immondices, puisque de nuit, à plusieurs reprises, on a vu des camionnettes conduites par des gens inconnus venir déverser à la sauvette des déchets, parfois même des substances chimiques », affirme un habitant, et d'ajouter : « à moins de 300 m en aval, le camion de l'APC de Blida rebrousse chemin, il passe rarement par cet endroit qui, bizarrement, n'est pas inclus dans son schéma de parcours. » « Une signalisation indiquant décharge interdite serait peut être dissuasive », ironise un autre. Les talus du pont, comme constatés de visu, sont en état d'éboulement continu, ce qui nécessite un reboisement immédiat, d'autant plus que la surélévation des terres est constituée principalement de remblai. Sur un autre volet, beaucoup de citoyens ont affiché leur consternation quant à voir ces incessants va-et-vient des engins lourds de Nestlé Waters emprunter ce chef-d''uvre qui devrait en principe être interdit au transport de ce gabarit. « Ceux-ci peuvent, nous dit-on, emprunter plus bas la route de Bordj El Oued et ainsi assurer la sécurité des usagers et notamment celle de nos enfants ainsi que la pérennité du pont », réclament ces habitants.
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Posté Le : 23/09/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abdelli Mohamed
Source : www.elwatan.com