Algérie

Le pôle démocratique s'impose comme un sérieux outsider L'événement : les autres articles


Arrivé tardivement dans l'arène de la campagne électorale, le pôle démocratique moderniste a fini par s'imposer comme un rassembleur au sein de la frange démocratique et un outsider à prendre au sérieux face aux favoris de l'élection de l'Assemblée constituante en Tunisie.
Le festival de clôture de la campagne, tenue vendredi soir dans l'enceinte de la coupole, a été une véritable démonstration de force et l'occasion de mobiliser les troupes dans une salle archicomble qui a dépassé toutes les prévisions. Environ 10 000 personnes ont fait le déplacement au Palais des sports pour prendre part à cette kermesse qui a donné des ailes aux «pôlistes». Ce conglomérat, composé de quatre partis politiques et cinq associations regroupant des militants démocrates, a eu l'effet escompté en rassemblant la population se reconnaissant dans le projet moderniste de la société tunisienne.
Un rassemblement tombé à pic pour combler le vide provoqué par les dissensions au sein du camp démocratique. Le pôle, d'essence gauchiste, a été créé à l'initiative du vieux parti At Tajdid (le renouveau), d'Ahmed Benbrahem, un ancien parti communiste converti en 1993 à la social-démocratie. Pour Mahmoud Benromdane, cadre du pôle, ce rassemblement a pour objectif essentiel de sauvegarder les acquis démocratiques et les soutenir. Pour lui, parler de sauvegarde implique qu'il y a menace sur ces acquis, notamment de la part des mouvements islamistes. Benromdane, rencontré au siège du pôle à El Manar I, en veut pour exemple l'intention affichée par les islamistes de renvoyer les femmes au foyer pour, disent-ils, absorber le chômage. Les femmes au foyer ! Il n'en est pas question pour ce mouvement qui tient fort à la parité au point d'avoir placé 49% de femmes en tête des listes. Du jamais vu !
Le pôle, qui comprend aussi le Parti socialiste de gauche, le Parti républicain et la Voie du milieu, refuse en outre l'étiquette de parti laïque tout en incluant dans ses principes la séparation entre la religion et la politique. «Nous sommes arabes et musulmans mais attachés aux valeurs de la démocratie et aux libertés», précise-t-il.
La dynamique née au sein des partis composant le pôle au cours de sa courte vie a visiblement créé des décantations qui font craquer des dogmes. Notre interlocuteur révèle à ce sujet que l'état d'esprit au sein d'At Tajdid veut que ce parti n'aura plus raison d'être au lendemain de l'élection et devra laisser place à une autre forme de rassemblement, qui s'appuiera sur plusieurs organisations autour d'un nombre de valeurs partagées.
Les sondages ont crédité le pôle démocratique moderniste de 15% d'intentions de vote, ce qui est loin d'être négligeable dans la configuration actuelle de la classe politique tunisienne. Il pourra même faire davantage, si le rapprochement avec le PDP d'Ahmed Nejib Chebi aboutit. Ceci dit, le handicap dont souffre le pôle est lié à son manque d'ancrage, voire son absence dans la Tunisie profonde, où le discours moderniste a moins de chances de prendre face à des populations d'extraction conservatrice.
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