Le prix de la sardine reste toujours inabordable, au grand dam des
ménagères et des amateurs de poisson bleu. A 300 dinars le kilo un peu partout
sur les marchés de la ville d'Oran, le prix de la sardine ne semble pas marquer
une courbe descendante. Pire parfois, il marque des pics inimaginables il y a à
peine deux ans, pour flirter allègrement au-dessus du seuil autorisé par l'entendement.
Les raisons invoquées par les professionnels de la pêche et les
consommateurs de la sardine ne répondent parfois à aucune logique mais donnent
les explications les plus farfelues : on discerne tout le mal dont souffre la
filière. En février dernier, et lors de l'installation du bureau de wilaya
d'Oran par le Comité national de la marine et de la pêche, son président,
Belotte Hocine, a tenu à préciser que les prix affichés actuellement sont
appelés à être revus à la hausse si des mesures strictes ne sont pas prises à
l'égard de certains pêcheurs qui utilisent tous les moyens pour s'enrichir au
plus vite. Parmi ces moyens décriés par les véritables professionnels de la
mer, la pêche à la dynamite ainsi que le non-respect des distances réglementaires
d'au moins 6 miles marins au moment de la reproduction des différentes espèces
de poisson.
Pour les nostalgiques des quais du port d'Oran, noyés sous les garbillo,
les cageots en bois chargés de sardines, de saurels et de bogues déchargés par
des dizaines de sardiniers, le temps d'une sardine plat du pauvre est
résolument révolu. Une page qui est tournée et qui suscite l'inquiétude à la
fois des professionnels de la mer et de celle des consommateurs pris de court,
d'un côté par la soudaine rareté de la sardine, de l'autre par une flambée des
prix qui dépasse l'imagination.
Pourtant, les réponses à la rareté et au prix excessif de la sardine sont
bien connues. Selon des connaisseurs de la mer, cette situation est en fait un
retour de boomerang qui n'en est qu'à ses débuts. La surexploitation d'une
richesse marine et la dégradation des fonds marins, entretenues depuis
longtemps, ont fini par créer un énorme déséquilibre tant pour la faune que
pour la flore sous-marine. En l'espace de seulement quelques décennies, la
pollution marine a gagné du terrain. Jusqu'à plusieurs miles nautiques au
large, la mer est devenue une véritable poubelle pour l'homme. Déversoir des
eaux usées, débris et des milliers de sachets plastiques dérivent au gré des
courants marins.
L'autre problème cité en relation directe avec la rareté de la sardine
concerne l'inconscience et l'avidité de certains professionnels de la mer qui
ne reculent devant rien pour lui arracher plus qu'elle ne peut en donner.
Raclant leurs filets de pêche à quelques centaines de mètres du rivage, des
chalutiers dégradent inexorablement les fonds marins, détruisant à chaque
passage toute forme de vie. Ne trouvant plus son alimentation naturelle qui
consiste en du poisson fourrage, la sardine préfère chercher son bonheur
ailleurs. L'utilisation de la dynamite est également au banc des accusés
puisqu'on reproche à ses adeptes de transgresser la réglementation en place. La
pêche à la dynamite est interdite, passible de fortes amendes et même de peines
de prison mais certains ne reculent devant rien.
Quant à l'aspect spéculatif qui a une incidence directe et une emprise
totale sur les prix de la sardine et du poisson en général, on affirme qu'avant
même de débarquer la marchandise sur les quais, celle-ci a déjà un
propriétaire. On soupçonne quelques mandataires d'avoir fait main basse sur la
production de la majorité des sardiniers. Distribuant leur précieuse
marchandise sur plusieurs wilayas et faisant jouer à leur avantage le système
de l'offre et de la demande.
Paradoxalement, et au moment où les prix s'affolent à Oran, des
témoignages convergent pour dire que la sardine est vendue à des prix défiant
toute concurrence dans certaines villes de l'intérieur et du sud du pays.
Certains professionnels de la pêche spéculent sur l'émergence d'une nouvelle
classe d'intermédiaires aux commandes du marché. « On assiste à une véritable
mainmise sur les produits de la mer et ceux qui sont derrière manipulent le
marché en l'indexant de nouvelles règles », affirme Zoubir, un spécialiste de
la pêche. «Ainsi, les prix sont fixés d'avance et personne ne trouve à y
redire», regrette-t-il. On parle également de la vente du produit de la pêche
directement à des chalutiers espagnols qui croisent dans les eaux
internationales.
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Posté Le : 11/03/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com