Algérie

Le poisson de plus en plus cher



Le poisson de plus en plus cher
Avec les conditions dures dans lesquelles ils exercent, les marins pêcheurs jugent que leur métier est devenu un fardeau pour eux, qu'une activité qui leur permet de vivre dignement.Dans un coin de rue, à quelques encablures de la trémie du Camp Chevalier, des jeunes ont choisi d'occuper le trottoir pour exposer quelques casiers de sardine. «Il ne reste qu'un peu plus d'un kilo, prenez ce qui reste à 300 DA, la sardine est à 350 DA aujourd'hui», lance l'un d'eux en direction des passants de cette rue encombrée. Les regards furtifs, mais alléchés, ces derniers, avançant à pas pressés dans ce coin de rue, qui fait office d'un arrêt de bus, ne semblent pas attirés par l'offre du vendeur. Le prix de la sardine, cette espèce de poisson si digeste et appréciée, notamment pour sa qualité nutritive, qui faisait partie du plat de base du commun des jijeliens, n'est plus à la portée des consommateurs. Depuis quelques années, le secteur de la pêche est en crise.En hiver comme en été, la pêche ne rapporte pas grand chose, selon des initiés, et n'offre que du poisson à des prix exorbitants. Le rouget, les crevettes, l'espadon, le merlan ou bien d'autres produits de la mer qui faisaient la gloire de la cuisine à Jijel ne sont presque plus que des espèces qu'on garde en mémoire, comme un vague souvenir. Notre jeune vendeur de poisson propose à coté de ses quelques casiers de sardine, du rouget ? à 1200 DA le kilo. Au centre-ville, c?ur battant de l'activité commerciale, le marché ne désemplit pas. Le constat est le même. La sardine est à 350 DA en cette belle journée ensoleillée du mois de janvier. «On ne comprend plus rien ; la sardine est chère, pourtant à perte de vue, il n'y a que la mer en face, à ce point elle ne rapporte plus de poisson '» se désole-t-on. Un peu plus loin, au port de pêche de Boudis, les mines des pêcheurs sont défaites. Pour eux, la pêche est désormais une activité qui ne rapporte plus rien.«Ce métier se meurt», lance-t-on en ch?ur. Le même refrain est entendu au port de pêche de Ziama Mansouriah, la seule ressource économique de cette commune. Il y a quelques jours, nous avons été témoins du retour d'un bateau de pêche les caisses vides. La sortie s'est soldée par un échec. Aucun poisson dans les filets. Les marins pêcheurs sont tous unanimes pour décréter que leur métier est plus un fardeau pour eux, qu'une activité qui leur permet de vivre. «Donnez moi un petit salaire, je ne descendrai plus en mer», lâche l'un d'eux. Entre la spéculation, la surimposition des marins pêcheurs, selon leurs dires, et une mer de plus en plus avare, sans compter les multiples aléas auxquels sont confrontés les professionnels, le poisson est devenu une espèce rare et davantage plus chère.Et dire que les indicateurs du secteur de la pêche et des ressources halieutiques indique que la production est passée de 3 467 tonnes en 1999 à 4 800 tonnes en 2013, et elle est prévue d'atteindre 6 000 tonnes en 2014. La flottille de pêche, a été portée de 131 chalutiers en 1999 à 301 en 2013 et atteindra cette année 311, selon les mêmes indicateurs. Quant aux sardiniers, ils sont passés de 38 en 1999 à 56 en 2013. Les petits métiers de la pêche ont également évolué, de 82 en 1999 à 229 en 2013 et atteindront 239 en 2014. Le nombre de marins formés, qui était de 250 en 1999, est passé à 1414 en 2013 et devra atteindre 1454 en 2014. Pendant ce temps, le prix de la sardine a, comble du paradoxe, plus que doublé pour atteindre le prix improbable de 400 DA, voire plus, dans un contexte d'effondrement du pouvoir d'achat des consommateurs.




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