Algérie

Le point



Qui et quoi culpabiliser? Lorsqu’il est relevé que l’économie n’est pas re- lancée, on s’empresse de déceler les failles au niveau des réformes qui n’auraient pas été achevées. Lorsqu’il est enregistré un retard dans la mise en œuvre du programme présidentiel, on s’empresse de déceler les causes des défaillances au niveau des instruments de contrôle et de suivi sur le terrain. Lorsqu’il est enregistré des émeutes, on s’empresse d’en culpabiliser les élus et les partis, parfois la main étrangère, et ensuite l’administration locale. Lorsqu’il est enregistré des attentats, on s’empresse de critiquer les pouvoirs publics de ne pas... en parler, sauf si ceux-là ont un caractère spectaculaire qui fait «bouger» et réagir le monde entier. Il faudrait quand même bien un jour se mettre sérieusement à faire de vrais diagnostics, à identifier les causes de ce qui est incriminé, à ne plus s’amuser à chercher midi à quatorze heures et à, enfin, décider de s’attaquer aux racines du mal, ou plutôt des maux. Existe-t-il un seul endroit public où les populations entrent en débat par le biais des partis politiques? Il a souvent été justifié la fermeture du champ politique par la menace de la subversion, comme si seuls les islamistes ont des mots à dire et que la population n’est prête qu’à les écouter et leur obéir. On ferme le champ politique et les médias pour sauver la démocratie alors que celle-ci est en train de mourir. S’il n’y a pas de champ politique, comment convaincre les populations qu’il y a d’autres voies que l’islamisme si, réellement, c’est l’islamisme qui est la source des périls? Toute réflexion à approfondir sur la solution de sortie de crise doit bien intégrer la donnée selon laquelle toutes les élections n’ont pas réussi à en venir à bout et qu’elles n’ont pas créé un environnement favorable au succès des démarches entreprises. Elles n’ont réussi qu’à reconduire les contradictions alors même qu’il était perçu, ou plutôt que les candidats avaient vendu la thèse que chacun d’eux détenait la clé de sortie de crise. Dès lors que, d’élection en élection, la situation perdure, les élections ont perdu toute crédibilité, au point où plus personne ne croit en leur vertu ou qu’il existera une élection qui, dans le système actuel, pourra contribuer à une sortie de crise. La sortie de crise ne relèverait pas tant des hommes que du changement du système politique actuel, car même si les hommes changent, ils reconduiront les mêmes comportements. Il n’est qu’à faire le constat que même si les contextes stratégiques changent, le système reconducteur des contradictions demeure le même. Bachir Medjahed


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