Algérie

Le point


Le nucléaire civil dans un environnement de guerre? Entre ceux qui hésitent à prioriser l’option de la projection des forces ou de la projection des masses, car ils ont les moyens financiers et militaires de les adopter toutes deux, ceux qui ont choisi de faire de la dissuasion nucléaire un fondement essentiel de leur défense, ceux qui pensent qu’il leur est impératif d’accéder à la possession de l’arme nucléaire pour se mettre hors des menaces et préserver la relative décision nationale, il y a des pays comme l’Algérie, par conviction ou par résignation, qui ne veulent percevoir le nucléaire que sous l’angle de l’économie et qui, au lieu de se désigner un ennemi étatique précis pour ajuster les moyens de la parade et se préparer en conséquence en terme de capacité à lui faire face, comptent bien multiplier les appels au dialogue comme moyen d’éviter la rupture de la paix.Quand bien même la capacité à conduire les travaux de recherche en vue de la réunion des conditions d’accès à un savoir-faire scientifique et technologique destiné à accéder à la fabrication de l’arme nucléaire, finirait à coup certain par être à portée de nos chercheurs, il n’en demeure pas moins que l’Algérie s’est déjà engagée à ne jamais suivre cette voie et à ne produire du nucléaire que dans la vision de sa contribution à développer le pays dans ses divers secteurs, à acquérir la capacité à produire de l’électricité nucléaire, à investir dans le dessalement de l’eau. L’Algérie, qui fonde officiellement sa politique extérieure sur la sécurité collective, sur la prévention des conflits, la gestion et le règlement des crises sur la base d’un dialogue, qui en appelle au désarmement généralisé en terme d’armes de destruction massive, désarmement, bien sûr, impossible à voir se réaliser, en appelle également à l’interdiction totale des essais nucléaires, c’est-à-dire à l’interdiction de la prolifération verticale et horizontale, s’oblige ainsi à rester elle-même en conformité avec ses convictions, donc à s’arrêter, ou plutôt à ne pas dépasser, pour ce qui concerne l’enrichissement de son uranium, le niveau au-dessus duquel serait engagé un programme militaire. Serait-il possible pour l’Algérie d’avoir à ressentir le besoin de posséder l’arme nucléaire, et donc d’avoir à regretter de ne pas disposer d’un programme nucléaire militaire, parce que s’exercerait sur elle une menace majeure à laquelle elle ne pourrait guère faire face avec des moyens conventionnels? Pour le moment, la question pourrait se poser de savoir pourquoi faire un programme militaire pour un pays assuré de ne pas avoir d’ennemi aux moyens supérieurs aux siens, et qui agit d’ailleurs sur le plan international pour que le constant dialogue en vienne à bout des relations belliqueuses? C’est une chose que de faire de la diplomatie, c’en est une autre que de se donner les moyens de se défendre quand la diplomatie n’aura pas réussi à nous mettre à l’abri de menaces sérieuses. On peut quand même se demander d’où viendrait le désir de puissance militaire et, notamment, par l’acquisition des moyens à engager le feu nucléaire qui fait passer le développement dans la zone des préoccupations oubliées alors que les promesses de prioriser le développement sont contenues dans tous les discours officiels des pays qui, pourtant, vont engager un budget important pour la poursuite d’un programme nucléaire militaire. Il est vrai que les discours guerriers tenus par certaines puissances contribuent à créer un environnement de peur susceptible d’enraciner la conviction pour les pays menacés que seule la possession de l’arme nucléaire les fera mettre à l’abri de menaces militaires. L’Amérique du Nord est le pays le plus proliférant, car il incite les pays qui estiment qu’un jour ils pourraient être ciblés, d’autant que les puissances nucléaires ne se sont jamais engagées à ne jamais utiliser l’arme nucléaire contre des pays qui n’en possèdent pas. Les pays en développement ont une préoccupation cardinale, celle du développement, de la lutte contre le chômage, de la satisfaction des aspirations socio-économiques des populations ou plutôt de la réduction des frustrations socio-économiques de ces dernières. Ils aimeraient bien ne plus être menacés. Alors, les grandes puissances qui entretiennent ce climat de peur ont l’obligation de contribuer à un apaisement généralisé des tensions au lieu d’en être les responsables. C’est ainsi que les pays en développement ne rechercheront du nucléaire que l’exploitation de sa dimension civile.
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