«Après octobre 88, certains candidats à l'APC ont eu la naïveté de confectionner un programme électoral avec des engagements sur le développement de leurs communes. Aussitôt installés, ils ont vite compris que le pouvoir qu'ils croyaient détenir se situe ailleurs et que rien n'avait changé», confie un ancien maire.Plusieurs de nos interlocuteurs, parmi des élus et des cadres, se sont attachés à décortiquer la réalité du pouvoir local: «Quand un maire dispose d'un budget qui suffit à peine à couvrir les salaires des employés municipaux, que peut-il entreprendre' Rien, parce que l'impôt le plus juteux n'est pas perçu par les communes mais par le trésor public. Le nerf de la guerre est détenu par le pouvoir central qui, lui, reverse ce qu'il veut aux collectivités locales. Et, il le fait par le biais du wali. Aussi, un maire a intérêt à être docile et encore pour des broutilles, car par exemple, sur les 137 milliards de dinars consentis au titre du quinquennal 2010/2014 à la wilaya de Témouchent, près de la moitié concerne des projets gérés par les ministères, 54 milliards au titre des PSD sont, eux, gérés par le wali mais seulement 5 milliards au titre des PCD sont affectés aux communes». Mais encore, indique un ex-député : «La répartition des richesses du pays et de l'investissement est arrêtée à un niveau institutionnel qui échappe à toute souveraineté populaire.Ce sont des technocrates qui finalisent les programmes quinquennaux et qui affectent les crédits par secteur d'activité. Bien entendu, il y a derrière des choix politiques, eux aussi définis par une minorité». Au niveau des wilayas et des communes, c'est le même processus qui est reproduit: «En fait le véritable pouvoir local est détenu par les directeurs d'exécutifs. Ce sont eux qui établissent les projections et qui confectionnent les fiches techniques à l'intention du wali sur la base des directives de leur ministère. C'est cette technostructure qui dans l'ombre détient le pouvoir, le wali n'étant en définitive qu'un coordonateur», affirme un membre de l'APW.«Et cette technostructure, censée identifier les besoins des populations, d'ailleurs en dehors de toute consultation de ces populations, et de les traduire en projets, les traite avec un dédain qui n'est autre que du mépris. Je vous donne un exemple avec les projets d'amélioration urbaine qui concernent directement le quotidien du citoyen, avez-vous vu jamais un bureau d'études tenu de consulter les habitants sur les contours de tels projets'». En définitive, assène un autre élu : «Vous comprendrez alors la raison de la démultiplication programmée de wilayas déléguées. On veut renforcer le pouvoir de cette technostructure mais, cette fois-ci, on fait l'économie du décorum, celui des assemblées élues qui donne l'illusion d'un pouvoir local issue de la souveraineté populaire. Là, on joue franc jeu en signifiant en toute impudeur la réalité du pouvoir».
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Posté Le : 01/04/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed Kali
Source : www.elwatan.com