Algérie

Le poids du politique...



Le poids du politique...
De notre correspondant à Oran
Samir Ould Ali

Aujourd'hui comme hier (peut-être un peu plus si l'on considère le foisonnement culturel des années 70), la vie culturelle à Oran reste fondamentalement l'otage de considérations politiques et de pratiques bureaucratiques, qui en handicapent sérieusement la relance. Et, bien entendu, le caractère «officiel» d'une date demeure le principal critère, qui détermine l'envergure d'une manifestation culturelle. C'est ainsi qu'il aura fallu tout le poids politique de la célébration du Cinquantenaire de l'indépendance nationale pour que la ville d'Oran se décide à secouer sa torpeur et à concocter un programme artistique qui repose sur quelques noms de la chanson universelle : On parle notamment des Gypsie Kings, de Khaled, de Mami, de Nadjwa Karam, de Kadhem Essaher, ou encore de Michael Vendetta pour animer des concerts, aux côtés de vedettes nationales comme les Abranis, Lotfi Double Canon, Cheb Bilal et d'artistes maghrébins. On suggère même que d'autres surprises viennent relever davantage cette fête de dix jours - comprenant également des représentations théâtrales, des expositions, ou encore des projections de films - pour laquelle une enveloppe de 150 millions de dinars a été dégagée. L'année dernière, la commémoration du 49e anniversaire de l'indépendance a été l'occasion, pour les Oranais, d'assister à de mémorables soirées, animées par de nombreux artistes, dont la très rare Nouara, les Abranis, ou encore Aït Menguellet. En général, et à de très rares exceptions, la vie culturelle oranaise ne s'anime que durant la saison estivale et à l'occasion des commémorations officielles, avant de retomber très vite dans un profond sommeil, que ni les rares - et mêmes - pièces théâtrales, ni les quelques représentations musicales, organisées ici et là, ne peuvent rompre. Ce qui n'a rien d'extraordinaire, dans une wilaya qui - même si elle s'acharne à conserver «son» festival international ' a, depuis longtemps, divorcé avec le cinéma (seule la Cinémathèque vit pour les films, alors que le Maghreb et Es-Saada ne servent qu'occasionnellement, pour les rassemblements politiques) ; Oran est une wilaya dont les compétences artistiques souffrent toujours d'une cruelle marginalisation, que les discours officiels ne peuvent démentir, une wilaya qui ne parvient pas à se doter d'une stratégie culturelle claire et qui continue de naviguer à vue. Un rapide coup d''il dans le rétroviseur, une pause pour tenter un bilan sur ce qui a été réalisé, ou non, ces dix dernières années (ce n'est malheureusement jamais fait avec rigueur) permettraient, sans doute, de prendre la mesure de l'étendue des dégâts et de ce qui reste à faire. C'est la conviction partagée par tous les acteurs de la culture, qu'ils soient à l'intérieur ou à l'extérieur du système.Finalement, le seul acquis culturel, pour les Oranais, c'est la socialisation d'Internet, qui permet aux uns d'exprimer leurs talents artistiques et aux autres de rester en contact avec la culture universelle.




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