Algérie

Le poète sonne le tocsin



Le poète sonne le tocsin
"J'ai connu la fierté d'être Algérien, mais j'ai connu aussi la déception de ne pas être Algérien à part entière." Ainsi parlait Idir, hier, au Forum de Liberté, dans une salle pleine à craquer. Fier d'être cet enfant de Novembre, de cette Indépendance payée au prix du sang, puis ce lycéen dont le pays accueillait Che Guevara. Mais cette fierté a vécu. Elle a laissé place à la déception. Et la déception, c'est connu, est le lot de gens trompés dans leurs espérances. Ce sentiment de trahison, aujourd'hui partagé par des millions d'Algériens, Idir a su le dire hier. Simplement, mais amplement. Non pas par des vers mis en musique, mais par des mots, des mots de tous les jours. Des mots qui résonnent de vérité et de sincérité, de pertinence et de sagesse. Mais aussi d'engagement. Et qui expriment ce désir, certes serein et apaisé, mais ardent et rageur, de vivre son identité dans toute sa plénitude. Pour être Algérien à part entière.Comme ce passeport vert qu'il a exhibé face à un parterre de journalistes, d'artistes, d'acteurs de la société civile et de fans venus, non pas pour écouter la poésie sublime ou les mélodies berçantes du chanteur, mais pour entendre les pulsions de l'homme. Détrompons-nous : Idir n'a pas exhibé son passeport pour nous prouver son algérianité. Ne doutent de celle-ci que les écervelés et c'est vrai qu'ils courent les rues chez nous, dans cette Algérie qui n'est pas celle d'Idir, celle qu'il a rêvée et qu'il rêve encore. Car enfin, comment douter de l'algérianité d'Idir, cet enfant des hauteurs de la Kabylie dont les chansons, algériennes par le texte, le son, la voix, la langue et la sensibilité, ont été traduites dans une vingtaine de langues ' N'est-ce pas là la plus belle des manières de célébrer le pays, en diffusant sa culture aux quatre coins de la planète ' Idir a exhibé son passeport pour dire et illustrer un malentendu, poser un questionnement. Il ne comprend pas qu'on lui ait donné ce passeport algérien et qu'en même temps, sa langue et sa culture restent interdites d'algérianité. Son passeport est officiel, pas sa langue.Ce n'est pas un raccourci, c'est une maldonne. Il y a quiproquo. Il y a déni. Et, forcément, il y a malaise. Un vieux malaise qui, parce qu'il a déjà trop duré, menace désormais d'accoucher d'irrémédiables cataclysmes. Idir ne manque pas de nous en prévenir. Hier, au Forum de Liberté, un poète a sonné le tocsin. Et le poète a toujours raison.NomAdresse email




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