Algérie

Le poète s'en est allé'



La scène artistique vient encore de perdre un vieux de la vieille, un poète inconnu du bataillon, un troubadour à l'image de Si Mohand Ou M'hand.Il vient de rejoindre l'au-delà quelques jours après le décès du grand maître Chérif Kheddam. Ben Hanafi s'est éteint au domicile de sa fille qui réside dans la commune de Boukhalfa à Tizi Ouzou. Il sera enterré aujourd'hui dans son village natal. Ben Hanafi, de son vrai nom, Aït Tahar Mohamed, est né le 7 février 1927 au village Sidi Athmane dans la daïra de l'Arba Ath Ouacif. Ben Hanafi a eu un parcours très particulier, voire différent des autres poètes. C'était un fervent militant de la cause nationale, il a occupé le poste de commissaire politique de la zone 2 du département de Tiaret durant la guerre de libération, une région que de nombreuses familles ont préféré déserter pour travailler dans des ateliers de tailleurs. Ce titre d'ancien maquisard, il ne l'a jamais revendiqué après l'indépendance. En s'installant à Alger, il rejoint la radio nationale en tant qu'animateur au maigre cachet. En parallèle, et pour arrondir ses fins de mois, il exerçait le métier de tailleur. Il vivait dans sa solitude d'artiste, sa seule compagne étant la muse inspiratrice. Au sein de la radio nationale chaîne II, Ben Hanafi a animé plusieurs émissions. La première, «Laqlam ajdhidh», était consacrée aux enfants et la seconde s'appelait «Thivhrin dhijejiguen». Il a, par la suite, animé d'autres émissions telles que «Ichenayens ou zekka» (Les chanteurs de demain). D'ailleurs, certains artistes qui ont réussi, à l'image de Malika Domrane, Djamel Frahi, Aït Djoudi Saadi, Dalil Omar ont eu pour tremplin l'émission de Ben Hanafi. En parallèle à ses émissions, il était poète et avait à son actif quelques centaines de poèmes interprétés par divers artistes, entre autres Malika Domrane, Kaci Abjaoui, Djamel Chir, Medjahed Hamid, sans oublier la chanson à succès interprétée par la grande vedette internationale Idir et intitulée Iwezguer dijan lamthel et tant d'autres pour ne pas les citer tous. Pour rappel, Ben Hanafi vivait au 4, rue de Chartres, dans un atelier de confection, tout en assurant l'animation de ses émissions à la radio et ce, jusqu'au moment où la situation sécuritaire est devenue délétère. Dès lors, il a préféré retourner à son village, tout en continuant d'animer son émission. Pour cela, il se rendait une fois par semaine à Alger, le matin pour rentrer le soir avec ses propres moyens avec en plus un maigre cachet. Il a vécu dans la modestie la plus totale avec dignité et honneur sans pour autant réclamer son dû. Il était pétri de qualités humaines. Reposez en paix Monsieur l'artiste, loin des feux de la rampe. H. M. Kahina


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)