Algérie

Le plan d'urgence du gouvernement



Réduite à la portion congrue, la part du marché du transport de marchandises revenant à la flotte nationale fait désormais l'objet d'une attention de la part des autorités de tutelle, qui sont en train de ficeler un «plan d'urgence» pour y remédier.Selon le ministre des Travaux publics et des Transports, qui s'exprimait devant le gouvernement en fin de semaine dernière, un plan d'urgence est donc en train d'être mis au point, afin que les opérateurs nationaux soient privilégiés dans le fret maritime de marchandises, un immense marché du fait de la vocation d'importateur de l'Algérie et, du coup, de ce que cela coûte en devises au pays. L'on se souvient qu'il y a plus d'une année, l'Association des banques et établissements financiers (Abef) avait touché du doigt le sujet du fret maritime lorsqu'elle avait appelé les importateurs nationaux à recourir «aux capacités nationales de transport maritime», tout en précisant, tout de même, que ce recours doit être opéré «chaque fois qu'il est possible», du fait sans doute des faibles capacités de la flotte nationale.
Ce plan d'urgence, sur lequel s'exprimait le ministre de tutelle devant le gouvernement, vise essentiellement, dans un délai très court, à mettre en place des mécanismes opérationnels permettant la sécurisation des approvisionnements du pays en produits stratégiques (céréales, poudre de lait, etc.), notamment par la priorisation de la flotte maritime nationale dans la réalisation des importations des produits stratégiques. En outre, relève le communiqué du gouvernement, ce plan vise la participation, de manière substantielle, au transport des marchandises de et vers l'Algérie, par le développement de la flotte maritime nationale en moyens de transport adaptés aux échanges commerciaux du pays. Cela permettra, au bout, la réduction de manière significative des transferts de devises vers l'étranger, au titre des services de transport maritime, selon l'argumentaire du gouvernement.
Il faut savoir que le transport aérien et maritime de marchandises a été gelé en 1998 avant qu'il soit de nouveau, au tout début 2018, ouvert aux opérateurs nationaux après que les banques ont été instruites. La levée du gel du fret maritime et aérien s'inscrit dans la perspective d'«augmenter la part de marché du pavillon national en matière de transport aérien et maritime de marchandises, à encourager les exportations hors hydrocarbures, et à diversifier les ressources financières», écrivait l'Entreprise portuaire d'Alger à l'époque. Deux ans se sont écoulés depuis mais sans que la part de marché des opérateurs algériens évolue. Il faut rappeler peut-être qu'il y a quelques semaines, un décret exécutif signé du Premier ministre incluait, parmi les 19 activités liées aux transports, le transport aérien et maritime de marchandises parmi les activités stratégiques soumises à la controversée règle 49/51.
Jusque-là, selon des chiffres datant d'il y a quelque temps, il faut savoir que le marché algérien du fret de marchandises pèse plus de 10 milliards de dollars, mais une infime partie (moins de 5%) est l'apanage de la flotte nationale prise de court par des armateurs qui ont eu de tout temps les yeux rivés sur l'Algérie du fait des opportunités que le pays offre en sa qualité de grand commerçant, notamment pour l'import. Lorsqu'il était fait état de la décision de levée de gel sur l'activité, en mars 2018, le discours ambiant clamait que c'était une nouvelle donne favorable aux potentiels exportateurs, à l'instar des producteurs agricoles, d'autant que dans les prévisions du secteur, on projetait l'acquisition de 24 navires pour, au fur et à mesure de leur réception, atténuer l'hégémonie des transporteurs étrangers opérant vers et à partir du pays. Des propos qui n'ont pas dépassé le stade du discours, coûtant ainsi à l'économie nationale, nos avoirs en devises, des sommes faramineuses, notamment depuis un peu plus d'une année à cause de la pandémie qui a induit une flambée sur le marché du fret et qui s'est, inévitablement, répercutée sur les prix des produits importés.
Azedine Maktour


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