Algérie

Le plafond de verre


Le plafond de verre
La constante nationale la mieux établie et la plus respectée en Algérie est sans doute la perturbation de la scolarité pour des millions d'élèves. A une semaine de la rentrée scolaire, les syndicats des enseignants, reçus jeudi dernier au ministère de l'Education nationale, déclarent déjà que les mêmes causes - revendications non satisfaites -, provoquent les mêmes effets : la grève ! L'une des décisions les plus concrètes prises ces derniers mois par les autorités en charge du secteur était la suppression du fameux «seuil» des programmes pour l'examen du bac exigé, souvent dans la rue, par les lycéens et institué par les autorités éducatives depuis six ans.Cette mesure qui était saluée par les spécialistes de l'éducation risque d'être suspendue et la «ataba» chère aux candidats au bac rétablie si l'on en juge par la mauvaise humeur des syndicats. C'est avec un certain abattement que les observateurs constatent que la rentrée scolaire ne se présente pas avec la promesse de la mise en ?uvre d'un début de réforme du système éducatif, mais avec le risque déjà lancinant de la reconduction des mouvements de grève des années précédentes.Ce serait un regrettable scénario pour la titulaire du département ministériel qui avait fait du dialogue et de la concertation son credo depuis son installation en mai dernier jusqu'à la dernière réunion, avant-hier, avec l'ensemble des directeurs de l'éducation. Pour Mme Benghebrit, dont la volonté réformatrice a été attestée par l'ampleur des attaques qui l'ont ciblée en provenance des milieux conservateurs, la stabilité du secteur n'est pas un projet mais un moyen et une condition indispensable pour entamer le travail de réforme en profondeur laissé en suspens depuis des décennies.Si l'on a beaucoup évoqué l'anachronisme du seuil antipédagogique hérité de la gestion des équipes passées, il est peut-être temps de parler d'un plafond de verre qui bride l'action ministérielle lorsqu'elle sort de l'ornière et heurte le statu quo général. Tout en affûtant leurs armes pour la rentrée, les syndicats le reconnaissent eux-mêmes. Leurs revendications restées sans écho ne dépendent pas exclusivement du ministère de l'Education nationale, mais également d'autres départements au niveau du gouvernement concernés par les questions salariales ou du logement.La solidarité gouvernementale à l'algérienne a pour effet de rendre nulle toute velléité d'amélioration dans les secteurs respectifs en opposant obstinément une fin de non-recevoir aux préoccupations basiques des salariés mais également des sans- emploi. Loin de pouvoir endiguer l'échec scolaire et de relever le niveau de l'école algérienne, il est probable qu'on assiste de nouveau à un échec gouvernemental dans la mise en ?uvre de son propre programme.


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