Umar Farouk
Abdulmutallab, le Nigérian accusé d'avoir tenté de faire exploser en vol un
avion américain de la Northwest Airlines, vendredi, vient d'être inculpé par la
justice américaine. Le Nigérian, âgé de 23 ans, a comparu samedi devant le juge
qui lui a officiellement lu l'acte d'accusation.
Selon l'AFP qui cite un communiqué du
ministère de la Justice, Umar Farouk a été inculpé pour avoir «tenté de
détruire l'avion de Northwest Airlines en approche finale de l'aéroport de
Detroit le jour de Noël, et avoir introduit un explosif à bord de l'appareil».
Le jeune homme aurait également affirmé avoir été entraîné par des membres
d'Al-Qaïda au Yémen, où sa famille dit qu'il s'est rendu cet été.
Le juge Paul Borman s'est rendu à l'hôpital
de Detroit et lui a lu l'acte d'accusation au cours d'une audience de 20
minutes. Le suspect a été admis dans cet établissement pour des brûlures
consécutives à sa tentative d'activer de la penthrite, un puissant explosif,
pour faire sauter l'Airbus A330 qui transportait 278 passagers et 11 membres
d'équipage. Selon des témoins et l'ordonnance d'inculpation, Abdulmutallab a
avoué avoir injecté à l'aide d'une seringue un liquide chimique dans une poudre
qu'il avait cachée sur sa cuisse, pour tenter de faire exploser l'avion. Ce
procédé lui aurait permis de passer sans difficulté les contrôles de l'aéroport
d'Amsterdam-Schipol, jugés très sérieux, où il se trouvait en transit en
provenance de Lagos, en possession d'un visa américain datant de juin 2008.
Selon les témoignages des passagers
recueillis par le FBI, une quarantaine de minutes avant l'atterrissage,
Abdulmutallab s'est rendu aux toilettes où il est resté une vingtaine de
minutes. A son retour, il a mis une couverture sur lui, puis les passagers ont
ensuite entendu des bruits «semblables à l'explosion de pétards» et vu le feu
prendre sur une paroi de l'avion et une jambe de pantalon du suspect. Un
touriste néerlandais s'est alors jeté sur lui, l'a ceinturé et a entrepris d'éteindre
le feu avec l'aide d'autres passagers et de l'équipage.
Le père de l'accusé avait contacté en
novembre l'ambassade américaine au Nigéria «pour dire son inquiétude quant à la
radicalisation de son fils», suscitant son inscription dans une vaste base de
données officielles de 550.000 personnes susceptibles d'avoir un lien avec le
terrorisme. Mais le suspect, a indiqué à l'AFP un haut responsable américain,
n'était pas classé parmi les 4.000 personnes interdites de vol vers les
Etats-Unis.
Umar Farouk Abdulmutallab a été décrit par sa
famille et ses anciens professeurs comme un jeune homme intelligent,
raisonnable et studieux. Le Conseil suprême des affaires islamiques (SCIA),
plus haute organisation musulmane au Nigéria, a fermement condamné ce qu'elle a
qualifié de «cas isolé». La tentative d'attentat a entraîné un durcissement
immédiat des mesures de sécurité dans les aéroports du monde entier, avec la
fouille au corps de tous les passagers en partance pour les Etats-Unis ou des
contrôles supplémentaires des bagages à main. D'autres consignes strictes ont
été données par certaines compagnies, qui ont parfois dépassé les consignes
américaines.
«Une heure avant l'atterrissage sur un
aéroport américain, tous les passagers doivent être assis et ne doivent avoir
aucun bagage à proximité ni être recouverts d'une couverture», a ainsi expliqué
un porte-parole de la Singapore Airlines.
Hier, la ministre américaine de la Sécurité
intérieure, Janet Napolitano, a indiqué qu'il n'y a «aucune indication» que la
tentative d'attentat manqué vendredi fasse partie d'un complot «plus large». Au
cours d'une interview sur CNN, Janet Napolitano a également affirmé qu'il était
trop tôt pour «spéculer» sur les éventuels liens de l'auteur de l'attentat
manqué avec le réseau Al-Qaïda. «Au moment où je vous parle, nous n'avons
aucune indication sur quelque chose de plus large, mais l'enquête continue», a
déclaré la ministre interrogée sur les éventuels soutiens dont aurait pu
bénéficier le suspect. Interrogée sur les éventuels liens de Umar Farouk
Abdulmutallab avec le réseau Al-Qaïda, Mme Napolitano a déclaré: «Cela fait
partie de l'enquête judiciaire qui se poursuit et je pense qu'il serait
inopportun de spéculer sur la question de savoir s'il a de tels liens».
Le président américain Barack Obama a, à la
suite de cet attentat manqué, demandé le réexamen des procédures de sécurité en
place pour identifier les terroristes potentiels et empêcher l'embarquement
d'explosifs à bord des avions de ligne, a annoncé dimanche son porte-parole
Robert Gibbs à la chaîne ABC.
«Le président a demandé deux réexamens» de
ces procédures «vieilles de plusieurs années», a dit M. Gibbs. Il s'agit
«d'abord de nos procédures de listes de surveillance», c'est-à-dire la base de
données contenant quelque 550.000 noms, et ses subdivisions échelonnant la
dangerosité des suspects potentiels. En d'autres termes, a-t-il expliqué,
«comment pouvons-nous réviser les systèmes à l'avenir en nous assurant
qu'aucune information n'est bloquée quelque part ?» Deuxièmement, «le président
a posé au ministère de la Sécurité intérieure la question très concrète de
savoir comment quelqu'un, avec quelque chose d'aussi dangereux que de la
penthrite, a pu monter dans un avion à Amsterdam», a-t-il poursuivi.
Les mesures de sécurité ont été renforcées
par les compagnies aériennes et dans les aéroports partout dans le monde
dimanche, à la demande des Etats-Unis. Ces mesures supplémentaires, qui
consistaient notamment samedi à fouiller les passagers et à procéder à des
contrôles accrus des bagages à mains, ont été encore renforcées dimanche,
certaines compagnies n'hésitant pas à imposer des contraintes matérielles aux
passagers à bord des vols à destination des Etats-Unis.
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Posté Le : 28/12/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djamel Belaïfa
Source : www.lequotidien-oran.com