Le pire

L'avenir des Printemps arabes se joue-t-il au Caire ' Au regard de la fusillade devant la Garde républicaine et de l'appel au soulèvement des Frères musulmans, l'Egypte semble plus proche du chaos politique que d'une sortie de crise.Les experts, qui reviennent sur les similitudes algériennes, mettent de côté le fait que, vingt et un ans après l'éjection de l'ex-FIS du jeu politique, on continue de payer les appels à l'insurrection du mouvement islamiste algérien avec ses attentats terroristes et son cortège de victimes. Si on a retrouvé un semblant de stabilité civile, c'est grâce à un dispositif antiterroriste toujours en vigueur et une vigilance de tout instant contre la réunification des courants islamistes. La réconciliation nationale étant un choix tactique qui divise encore les initiés.
Mais ce qui se passe au Caire n'est que le début d'une lente dislocation du rêve des Occidentaux et des monarchies du Golfe pour sécuriser le pétrole des royaumes et garantir une sorte de paix sociale au sein des sociétés arabes afin que le business continue et qu'Israël soit protégé. Le débat sur la compatibilité de l'islam et de la démocratie divise toujours les initiés.
Et c'est à Tunis que cet avenir semble se jouer de manière cruciale. C'est le "laïc" François Hollande qui a lâché que "l'islam est compatible avec la démocratie", ce qui dénote que le laboratoire tunisien semble plus crucial pour les puissances que l'Egypte. Cette dernière, par son peuple et son armée, ayant refusé de se conformer à l'agenda occidental, il ne reste que la Tunisie pour sauver les apparences que la "révolution arabe" est toujours en marche.
Car au-delà, la bérézina est complète. La Libye, après avoir été le modèle à suivre, est devenue le terrain de jeu des milices salafistes. La Syrie n'a pas abdiqué sous les coups de boutoir des légions islamistes d'Al-Qaïda.
Le Bahreïn continue de bouillonner malgré le black-out d'Al-Jazeera et le Yémen a déjà sombré dans une guerre tribale.
Aucun pays du monde arabe, si l'on y ajoute la mosaïque ethnique et communautaire qu'est devenu l'Irak, autre invention américaine, n'est épargné par l'insatiabilité et le chaos. Un grand merci aux stratèges du pire.
M B
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