La situation se complique dans ce que les spécialistes appellent l'AFPAK pour Afghanistan et Pakistan avec une recrudescence de la violence jusque et y compris dans les lieux supposés être des citadelles imprenables. Ce qui n'est nullement le cas en Afghanistan où les talibans n'attendent pas le retrait des troupes américaines prévu pour 2011, sauf bien entendu à obliger ces mêmes troupes à demeurer sur place. Car, rien ne va, comme le prouve l'attaque de mercredi contre une base US en Afghanistan faisant près d'une vingtaine de tués, dont des agents de la CIA, ce qui est déjà un grand coup et celui-ci prend plus de relief quand on apprend que l'attentat en question a été mené dans une base du nord-est de l'Afghanistan, d'où les services de renseignements déterminent les cibles des drones traquant les talibans et les membres d'Al Qaïda.C'est ce qu'a rapporté vendredi le Washington Post. Située à moins de quatre kilomètres au sud de la ville de Khost, proche de la frontière pakistanaise, la base avancée, Chapman, accueille depuis quelques années des agents américains dont l'activité est de recueillir des informations permettant de diriger les frappes de ces avions sans pilote, selon le quotidien. En raison de sa proximité avec des territoires tenus par les insurgés, la base sert également de centre de recrutement d'indicateurs. C'est d'ailleurs en affirmant vouloir servir comme indicateur que l'auteur de l'attentat a pénétré mercredi dans le camp, une ceinture d'explosifs cachée sous ses vêtements, souligne le Post qui cite deux anciens membres de la CIA ayant visité le camp occupé par des soldats afghans et américains.Les drones eux-mêmes décollent et atterrissent sur des aérodromes basés en Afghanistan et au Pakistan, poursuit le Post. Al Qaïda a rapidement revendiqué cet attentat, le plus meurtrier pour la CIA depuis 1983, quand huit agents avaient trouvé la mort dans l'attaque d'une base militaire à Beyrouth. Comment dans ce cas se présente la nouvelle stratégie américaine pour l'Afghanistan ' Le voisin pakistanais appelle déjà l'Occident à ne pas aller vite. Et ce même Occident lui-même doute du bien-fondé de cette démarche qui programme aussi bien l'envoi de renforts US que le retrait total américain à partir de l'année prochaine. Ce qui est considéré comme une « démarche volontariste qui repose sur un pari ambitieux », par le ministre français de la Défense, Hervé Morin.« C'est un calendrier extrêmement contraint » et qui suppose des progrès « significatifs et substantiels », a encore observé M. Morin, relevant que les 30 000 soldats américains prévus comme renforts en Afghanistan commençaient tout juste à y être déployés. Le ministre a assuré par ailleurs n'avoir « à aucun instant » évoqué avec le général McChrystal l'hypothèse de l'envoi de nouveaux renforts français en Afghanistan, laissant une nouvelle fois entendre que la France pourrait plutôt renforcer son action de formation de l'armée et de la police afghanes. « La seule présence de militaires supplémentaires ne permettra pas de renverser la tendance sans actions simultanées de développement et de reconstruction », a-t-il fait valoir. Quelque 3750 soldats français sont engagés sur le théâtre des opérations afghan, dont 3300 en Afghanistan même.Ravagé lui aussi par la violence, le Pakistan en parle en termes crus. Il demande aux forces internationales de ne pas se retirer trop vite de l'Afghanistan voisin, où elles sont déployées depuis 2001, en réaffirmant son rôle de partenaire des Etats-Unis dans leur « guerre contre le terrorisme ». « La décision de quitter l'Afghanistan ne devrait être prise que lorsque le pays pourra se protéger lui-même », a déclaré le porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères, Abdul Basit. L'annonce, début décembre, par le président américain, Barack Obama, d'un début de retrait militaire américain dès juillet 2011 a suscité l'inquiétude de plusieurs responsables pakistanais. Ces derniers craignent qu'un départ des Occidentaux d'Afghanistan ne laisse le champ libre aux talibans afghans pour reconquérir le pays et ne renforce les talibans pakistanais qui mènent depuis deux ans et demi une intense campagne d'attentats meurtriers contre le fragile gouvernement d'Islamabad.Certains responsables pakistanais ont également exprimé des craintes de voir les 30 000 renforts américains qui doivent être déployés d'ici l'été 2010, pousser les talibans afghans à se réfugier de l'autre côté de la frontière et risquer de déstabiliser ainsi le Pakistan sur son territoire. Un spécialiste des questions militaires a évoqué une telle hypothèse, mais en disant qu'il y aura repli et rien d'autre, en attendant le départ des soldats américains. Et autant dire, à bien suivre son raisonnement, tout le gouvernement afghan incapable, selon lui, d'assumer la tâche qui serait alors la sienne, celle de conserver le pouvoir et de maintenir son autorité tout en s'opposant aux talibans.
Posté Le : 03/01/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : R. I.
Source : www.elwatan.com