Algérie

Le phénomène prend de l'ampleur durant les vacances



Les vacances scolaires sont devenues, au fil du temps, synonymes de travail des enfants. En effet, le phénomène prend de l'ampleur ces dernières années. Au moment où d'autres enfants se consacrent au repos et aux départs en vacances, certains, par contre, se livrent à la débrouille pour aider leurs familles. Ils collectent des déchets pour les revendre, ils investissent les marchés pour vendre du persil, des 'ufs ou des sachets et sont dans les espaces publics pour vendre bavettes, bouteilles d'eau minérale et autres produits de consommations « fait maison ».Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - Certains d'entre eux sont mobilisés par leurs parents au niveau de leur commerce. Parfois, en l'absence du patron, ce sont des enfants entre 10 et 14 ans qui gèrent la boutique. Dans un magasin, dans la périphérie de la capitale, deux enfants gèrent l'activité commerciale, reçoivent la clientèle et encaissent. « J'aime bien le commerce car c'est pour moi une opportunité pour manipuler l'argent », nous confiera Salim, un écolier qui profite de la période des vacances pour prêter main-forte à son papa. Dans un commerce spacieux à Alger, trois enfants en âge de scolarité sont debout derrière un comptoir à accueillir la clientèle. Questionné sur la présence des enfants en période des vacances, Ahmed, un sexagénaire, réplique que la période des vacances est propice pour garder les enfants « sous son emprise ». « C'est l'occasion de prémunir mes enfants contre les mauvaises fréquentations », dira-t-il, car, selon lui, « l'oisiveté est mère de tous les vices ».
Un autre commerçant du quartier de Belouizdad adopte la même attitude. Selon lui, mis à part la période estivale où il a pour habitude de programmer des vacances en famille, autant garder ses enfants à l'abri des tentations de la rue. « Retenir mes enfants auprès de moi durant toute la période des vacances conforte l'autorité parentale », estime, pour sa part, Saïd qui gère une supérette.
Ailleurs, ce qui retient le plus l'attention, c'est la prolifération des enfants, en période de vacances, dans les rues de la capitale, les stations de bus et les marchés, tous occupés à la vente de différents objets. Mais ils n'éprouvent pas le moindre assujettissement malgré tous les efforts endurés durant la journée. Walid, 14 ans, qui réside avec ses parents à El-Harrach, prend chaque jour le chemin de la gare routière de Kharouba, pas loin, pour vendre aux voyageurs l'eau minérale en petites bouteilles. « Je suis matinal, puisque ma mère me réveille juste après la prière du fadjr, et me donne de quoi acheter quelques fardeaux d'eau à vendre », fait-il savoir. Mais le retour à la maison dépend de l'écoulement de la marchandise. « Il m'arrive de rentrer souvent à la tombée de la nuit », commente-t-il. Comme il avoue aussi ne ressentir la moindre fatigue, du moment qu'il gagne bien la journée. Et d'enchaîner qu'il attend avec impatience les vacances pour se remettre à la débrouille. Le petit Walid témoigne qu'il remet tout le gain à la maman et en échange, elle le récompense. Questionné sur la situation économique du foyer, il dira que le père est ouvrier journalier, et qu'il gagne difficilement sa vie.
Rencontré aux alentours du marché couvert de Bab-el-Oued, un groupe de petits débrouillards, à peine la quinzaine, s'affaire à proposer aux passants des sachets d'emballage, du persil, et des feuilles de brick (bourek) « fait maison ». « C'est un travail passionnant », répliquent-ils. Ils s'accordent aussi à témoigner qu'ils saisissent l'opportunité des vacances pour se permettre une paire de baskets. « Avec la paie de mon père, je ne peux pas me la permettre », confie Samir, 13 ans, qui réside non loin. Son compère, Saïd, presque le même âge, avoue que son père est sans emploi. « Mon papa se débrouille chaque jour au marché de Boumati à vendre parfois la friperie, parfois les oranges, et certains jours, il est embauché dans une gargote au marché de Bachedjarrah. »
Mais la majorité des enfants rencontrés, occupés en période de vacances, sont visibles notamment aux alentours des marchés des fruits et légumes et aussi à proximité des arrêts de bus, dans la périphérie d'Alger. Pour la plupart, ils s'approvisionnent en fruits de saison, oranges et mandarines. « Ce que nous redoutons le plus, c'est la ronde des agents de police qui nettoient parfois les lieux », regrette Samir, 14 ans. Il explique qu'il s'associe avec deux ou trois de ses amis, pour se rendre très tôt le matin au marché de gros le plus près pour s'approvisionner en quantité pour la journée. « C'est très rentable puisque j'arrive à rembourser le prêt et mettre de côté une somme de près de10 000 dinars, de quoi m'acheter pas mal de fringues.» Il citera « une belle paire de baskets, un joli pull et un beau pantalon ». Fateh, son associé, même âge, souhaite, lui, que les vacances ne finissent pas. « Autant faire les affaires tant que le climat de ces derniers jours est propice aux bonnes affaires », lâche-t-il tout optimiste.
A. B.


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