Algérie

Le phénomène prend de l'ampleur Plus de 4,5 millions d'Algériens travaillent au noir



Plus de 4,5 millions de travailleurs exerçant dans différents secteurs, particulièrement dans l'agriculture, le bâtiment et les travaux publics (BTP), ne bénéficient d'aucune couverture sociale, selon une enquête de l'Office national des statistiques (ONS), cité par l'APS. En une seule année, le taux de la population active occupée non déclarée à la sécurité sociale a progressé de 4% pour passer, ainsi, de 49,1% en 2005 à 53,1% la fin de l'année écoulée.  «53,1% de la population occupée n'est pas affiliée à la sécurité sociale et les hommes sont, relativement, plus nombreux (51,0%) que les femmes (38,1%) à ne pas l'être», précise l'ONS dans cette enquête réalisée auprès de 14.921 ménages répartis à travers tout le territoire national durant les deux derniers mois de 2006.  Les zones rurales sont les plus touchées par le phénomène, puisque 60,7% de la population occupée n'est pas déclarée contre 41,4% dans les zones urbaines, ce qui confirme que le secteur agricole enregistre les plus bas taux de couverture sociale des travailleurs. Les chiffres parlent d'eux-mêmes.  Près de 90% des travailleurs de ce secteur ne sont pas affiliés à la sécurité sociale. Un état de fait qui ne risque pas de changer du jour au lendemain pour la simple raison que la majorité des travailleurs de ce secteur sont employés comme des saisonniers de façon temporaire, notamment durant les périodes de semence ou de cueillette.  Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) arrive en seconde position avec 78,3% de travailleurs non affiliés et ceci malgré le «boom» de ces dernières années qui ne profitent, apparemment, qu'aux entrepreneurs et aux sociétés étrangères de construction. A l'origine de cette situation, selon les professionnels, le fait que les entrepreneurs évitent de déclarer leurs employés ou les embauchent en tant que main-d'oeuvre ou stagiaires afin de contourner la législation en vigueur.  Les travailleurs des autres secteurs d'activité comme l'industrie ou le commerce et services ne sont pas mieux lotis, puisque le taux des travailleurs non affiliés à la CNAS avoisine les 53,5% dans l'industrie et 34,5% dans le secteur du commerce et des services.  Il n'y a pas seulement les travailleurs qui ne bénéficient pas de la couverture sociale, même les employeurs et les personnes exerçant des activités indépendantes (médecins, avocats, architectes...) ne se bousculent pas devant les portes de la CASNOS.  L'enquête signale, en effet, que 70% des employeurs et indépendants ainsi que 76,9 % des salariés non permanents ne sont pas affiliés à la sécurité sociale. Les «offres» de la sécurité sociale ne semblent pas intéresser les employeurs et indépendants qui optent, généralement, pour l'investissement dans le commerce ou l'immobilier pour s'assurer leurs retraites.  Aussi les plus forts taux des non affiliés à la sécurité sociale sont enregistrés parmi les salariés non permanents et les employeurs et indépendants. «Plus de 7 salariés non permanents sur 10 (76,5 %) et plus des deux tiers (68,5 %) des employeurs et indépendants ne sont pas affiliés à la sécurité sociale», précise-t-on dans cette enquête.  Pour les femmes occupées comme employeurs et indépendants, on avance un taux de 92,7% de non affiliées à la sécurité sociale.  Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, M. Tayeb Louh, avait annoncé, en se basant sur les statistiques de l'ONS, au début du mois dernier, que près du tiers des salariés ne sont pas déclarés à la caisse d'assurances sociales. Selon ces statistiques, le taux des salariés non déclarés à la caisse d'assurances sociales a reculé de 31% en 2005 à 27% en 2006. Les résultats de ces trois dernières années montrent que la majorité des travailleurs non déclarés exerce au sein de petites entreprises économiques employant moins de vingt travailleurs, et dont le nombre a atteint en 2006, 173.886 entreprises, a-t-on estimé de même source. Devant cet état de fait, le ministre avait annoncé que le nouveau Code du travail, qui sera promulgué dans le courant de cette année, prévoit des dispositions et des sanctions pour lutter contre le travail au noir.




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