Le phénomène en débat au forum d'El Moudjahid

Les statistiques de la Direction générale de la sûreté nationale ont fait ressortir 148 interventions dans les stades pour la saison 2013-2014 et 102 autres pour la saison 2012-2013 . Celles-ci se sont soldées par l'interpellation de 319 personnes, 269 adultes et 50 mineurs, dont 54 ont été présentées au parquet. Au cours de ces interventions, 673 personnes ont été blessées dont 424 policiers et plusieurs véhicules, dont 79 appartenant à la police, ont été endommagés. Ces chiffres ont été avancés par Sadi Madjid, commissaire divisionnaire, lors d'une conférence-débat intitulée « Violence en générale, violence dans les stades en particulier », tenue, hier, au forum d'El Moudjahid. Selon ce responsable, « tous les moyens matériels et humains sont mobilisés sur l'axe des itinéraires des supporters et la surveillance est renforcée en dehors des stades, notamment au niveau des guichets. Les parkings et les gradins sont mis sous surveillance renforcée. « Plusieurs actions de sensibilisation ont été menées par nos services en 2013 en vue de baisser le niveau de la violence dans les enceintes sportives, dont une journée d'étude avec des experts espagnols. Plusieurs recommandations et une série d'actions relatives à ce phénomène ont été émises », a-t-il précisé. Pour Laroun, commissaire principal, « la DGSN a pris en considération les facteurs humains, économiques et régionaux, notamment le problème des constructions anarchiques des villes », qui font l'objet d'une étude à long terme jusqu'à l'horizon 2030 en vue de trouver des solutions permettant une vie décente et un cadre de vie sécurisé pour les citoyens. « La société civile, le mouvement associatif et les médias sont des partenaires pour lutter contre toute forme de violence », dira-t-il.Le sport, un problème géopolitiqueMohammed Taïbi, sociologue, a expliqué que « la violence devient un comportement logique dans une société qui évolue mais ne progresse pas en termes de communication ». « L'absence de dialogue et de compréhension pousse l'individu à recourir à d'autres moyens d'intervention pour s'exprimer », dira-t-il. Ce qui traduit, a-t-il ajouté, « la brutalité, non pas par nature mais le devient par le passage intergénérationnel ». Comment doit-on solutionner les problèmes de violence quotidienne ' Pour Taibi, la violence est l'expression d'un malaise, d'un refus ou d'une douleur. « La violence est passée de phénomène à un signe par lequel les groupes s'identifient », dira-t-il. « Le sport est devenu un problème géopolitique au même titre que l'eau et le pétrole », a-t-il ajouté. Selon lui, il faut expliquer aux jeunes que le sport est la vitrine de la patrie, une image à défendre mais dans un cadre « fair-play ». « La levée des couleurs nationales est sacrée. Elle n'est pas un phénomène de folklore public », a signalé Taibi. Selon lui, « l'absence d'un centre de données sur la violence pose problème ». Il a recommandé une étude nationale sur le phénomène.Le rôle de la mosquée reste insuffisantSur le plan religieux, le sociologue a indiqué que « la mosquée accuse un retard de six siècles et son rôle reste insuffisant ». Selon lui, lorsqu'un pays n'a pas d'élites fécondes, automatiquement, il n'a pas de consolidation et de cohésion sociale. « Les élites algériennes n'ont pas authentifié leurs projets intellectuels dans le pays », a-t-il regretté. Selon lui, « la violence urbaine reste la plus dangereuse ».Quand les uns payent pour les autres« Il ne faut pas incriminer tous les supporters à cause du comportement indécent ou criminel de certains jeunes », a déclaré, pour sa part, Abderrahmane Bergui, président de l'association Ouled El Houma. « Ils ne doivent pas payer pour les autres », dira-t-il. « Certes, nous sommes devant une situation grave mais il faut s'impliquer davantage et s'unir pour lutter contre ce fléau », a-t-il ajouté. Selon lui, les déclarations incendiaires de certains dirigeants sont à l'origine de ces agissements. « Certains jeunes se font manipuler », s'est révolté l'ancien arbitre international. « Le sport est devenu un enjeu financier et non pas une distraction », a-t-il regretté. « Quel est le rôle du stade ' Quel est le rôle des comités des supporters ' Où sont les dirigeants ' », s'est-il interrogé.