Algérie

Le phénomène des haraga est "contraire aux espoirs" de Frantz Fanon



Le phénomène des haraga est
Le phénomène des haraga est "contraire aux espoirs" que Frantz Fanon a développé pour les pays africains décolonisés, de l'avis d'un professeur algérien à Brown University (USA) qui s'est interrogé, dimanche à Alger, "avec quels moyens critiques" Fanon aurait-il pu analyser le phénomène des haraga.
"J'ai essayé d'imaginer la perspective ainsi que les moyens critiques que Fanon aurait mobilisés pour aborder le phénomène des haraga", a déclaré Réda Bensmaïa, professeur au département d'études françaises et francophones à Brown University au colloque international intitulé "L'Afrique aujourd'hui et Fanon" qui se tient à Alger.
"La harga est contraire aux espoirs que Fanon a développé pour les pays africains décolonisés" a indiqué Bensmaïa soulignant que "quand Fanon parlait du démantèlement de l'aliénation en période post-coloniale, il n'évoquait pas seulement le passé, mais également le présent qu'on vit maintenant".
Dans l'espace Schengen "à moins de faire partie de l'élite ou de quelques privilégiés, les Algériens comme les autres Africains ne jouissent pas des droits de la libre circulation" consacrés comme principe des relations entre Etats indépendants et anciens colonisateurs, a relevé l'universitaire.
Le phénomène des harraga est "un fait social total" qui possède des données structurelles non seulement économiques et sociales, mais également culturelles, religieuses, symboliques consacrant ce que Fanon a écrit, dans les Damnés de la terre, comme +lieu de déséquilibre occulte où se tient le peuple+, a rappelé Bensmaïa.
D'ailleurs Alice Cherki, psychiatre et psychanalyste, a estimé, lors de ce colloque, que "si Fanon était vivant, il se joindrait aux +sans papiers+ en France" comme il aurait été, a-t-elle ajouté, solidaire des "indignés qui représentent un mouvement de citoyenneté qui agite le monde" actuellement.
Pour sa part, Nigel C. Gibson, directeur au Collège Emerson à Boston (USA) a considéré, dans une communication intitulée "Fanon : la nécessité de secondes libérations", que "les nouvelles générations font face au pacte néocolonial mondial" et que des pays pourtant décolonisés assistent à "de nouveaux commencements".
Frantz Fanon, né en Martinique en 1925, était médecin-chef à l'hôpital psychiatrique de Blida avant de rejoindre, dans la clandestinité en 1957, les rangs du Front de libération nationale (FLN) et de s'engager pour l'indépendance de l'Algérie. Fanon est décédé en 1961 des suites d'une leucémie dans un hôpital américain.


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