Algérie

Le pharmacien engagé de Kouba



Le pharmacien engagé de Kouba
Le destin en a décidé ainsi. Il est parti à la veille du 1er Novembre, date symbolique s'il en est. Le moudjahid Bensemman Tewfik n'est plus. Il s'est éteint en ce début de semaine après avoir longuement défié un mal insidieux qui le rongeait. Cet homme d'une grande courtoisie, qui a toujours refusé les murs et les frontières, était épris de liberté et passionné de vie. Il y a un vieil adage qui dit que «les hommes éclatants ont un penchant pour les lieux obscurs et peu en vue». Tewfik était un homme discret.Lorsque nous l'abordions dans sa pharmacie à propos de son passé glorieux, le Koubéen engagé, discret et pudique s'excusait poliment de ne pas nous entretenir sur ce sujet. En fait, il ne parlait que très peu de son parcours militant. Point de fanfaronnade pour cet être qui avait horreur des glorioles et des honneurs, cela faisait partie de son caractère bien trempé. Pourtant, il pouvait mettre en avant son noble vécu sans en rougir, car à la fleur de l'âge il avait choisi sa voie, celle de l'honneur.Dans la nuit coloniale, il avait compris qu'il était impérieux de croire à la lumière. Au lendemain de la grève des étudiants en mai 1956, il intègre le FLN à Alger, en suppléant Okbane, malade, pour s'occuper de la zone qui va de Kouba jusqu'El Harrach, comprenant Hussein Dey et Diar El Djemaâ. Puis, il a été l'adjoint de Hachem Malek à la Zone autonome d'Alger dans la Région II, en remplacement de Saâdedine Réda, arrêté par la soldatesque coloniale. Tewfik a mené la lutte avec courage et abnégation, malgré son inexpérience, témoigne Brahim Chergui, chef politique de la Zone autonome.Le jeune étudiant a fait ses preuves d'organisateur discipliné, il a été arrêté en 1957 à Kouba, où il a subi les pires tortures. Et comme il s'obstinait à ne pas divulguer les noms de ses camarades militants, ses oppresseurs n'ont pas trouvé mieux que de le faire circuler à travers la principale artère de Kouba encastré dans une sorte de placard, sur lequel ils ont fait inscrire ces mots : «Moi, Tewfik Bensemman, j'étais responsable du FLN à Kouba, mes 24 complices chargés de ramasser l'argent, ici, à Kouba sont en prison.Ne m'imitez pas. Ne les imitez pas». «Ce procédé avait choqué les leaders», se souvient Sid Ali Abdelhamid, doyen du mouvement national et ancien cadre du PPA/MTLD, qui a connu Tewfik au camp de Bossuet, où les deux hommes et bien d'autres ont été emprisonnés durant plusieurs mois. Ce lâche procédé n'a pas ébranlé outre mesure les convictions de Tewfik, qui est resté digne dans l'adversité. A sa libération, peu avant l'indépendance, Toufik a repris ses études de pharmacie.Il a été directeur des HLM, adjoint au maire d'Alger, le docteur Bachir Mentouri, puis s'est pleinement consacré à son officine. Tewfik, à l'instar de son frère Réda, décédé il y a quelques mois, était un très bon joueur du RCK, confient ses anciens amis. Il a été inhumé, samedi, au cimetière de Sidi M'hamed à Alger. A sa famille et à ses proches nous présentons nos sincères condoléances et prions Dieu qu'il l'accueille en Son Vaste Paradis.




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