Photo : A Sahel
Par Salah Benreguia
La mission du Fonds monétaire international (FMI), qui a achevé la semaine dernière un travail portant sur la rédaction de la partie réservée à l'Algérie du rapport annuel sur l'économie mondiale lequel sera présenté début 2012 à son conseil d'administration du FMI, a mis en exergue les différents agrégats économiques du pays. Si ledit rapport souligne, certes, les performances positives de l'économie du pays et a prévu, en général, de bonnes perspectives pour cette année et aussi pour l'exercice prochain, il a sérié, toutefois, les différents points sur lesquels l'Algérie doit continuer à faire face à d'importants défis. Face à la montée des troubles sociaux dans le monde arabe et au ralentissement économique enregistré dans la plupart des économies développées, ainsi qu'à la hausse des cours des matières premières, certains gouvernements des différents pays ont considérablement accru les subventions et augmentations des salaires. L'Algérie, qui n'est pas en reste, a établi une batterie de mesures à l'instar de celle décidée à la faveur de la toute dernière tripartite, en l'occurrence l'augmentation du salaire national minimum garanti (SNMG). Sur ce point, la mission du FMI a indiqué, dans son rapport, que la position budgétaire du pays restera déficitaire en raison de l'augmentation des dépenses totales de 34%, et malgré l'augmentation des recettes d'hydrocarbures. Ainsi, le déficit budgétaire se creusera en 2011 pour atteindre 5% du PIB, contre un déficit de 2% du PIB en 2010. L'autre point mis en valeur est «l'augmentation très marquée des dépenses de fonctionnement en 2011, ce qui peut réduire, dans le futur, les marges de man'uvre et laisser moins de place aux dépenses d'investissement». Pour lutter contre les effets de cette hausse des dépenses publiques, la mission du FMI conseille au gouvernement algérien de continuer à orienter la politique monétaire en 2012 vers le contrôle de l'excès de liquidité et des pressions inflationnistes, qui pourraient survenir à la suite des hausses importantes des salaires de ces dernières années. En effet, cette institution monétaire plaide pour une «plus grande rationalisation des dépenses courantes» et de poursuivre une politique de « mobilisation dynamique des recettes hors hydrocarbures». Dans la foulée, cette mission a indiqué que même si son taux global est resté stable à 10%, le chômage est beaucoup plus élevé chez les jeunes (21%) et les femmes (19%).
La diversification de l'économie, le principal défi
Pour ce qui est des défis qui attendent l'Algérie, le chef de la mission du FMI a soutenu, lors de la rencontre avec les journalistes à l'Ecole supérieure de banque (ESB) la semaine dernière à Alger, que malgré les progrès réalisés ces dernières années en matière de stabilité macro-financière, le principal défi est celui «d'atteindre une plus grande diversification économique avec un secteur privé dynamique et générateur d'emplois». «Les perspectives à moyen terme restent favorables, à condition que des réformes ambitieuses soient poursuivies. Ces perspectives sont cependant soumises à certains risques : d'une part, la détérioration de l'environnement économique international pourrait entraîner une baisse prolongée du prix du pétrole qui dégraderait fortement les équilibres budgétaires. D'autre part, avec la maturation du programme des investissements publics, le secteur privé devra être en mesure de prendre le relais comme moteur de la croissance de l'activité hors hydrocarbures», analyse l'expert du FMI. Et de suggérer plus loin, de poursuivre un programme de réformes structurelles ambitieux qui permette l'amélioration du climat des affaires et de la compétitivité des entreprises. «Il faudra continuer à veiller sur l'efficacité du programme d'investissement public nécessaire pour poursuivre l'amélioration des infrastructures», ajoute-t-il. M. Joël Toujas-Bernaté a noté que la détérioration de l'environnement économique international pourrait entraîner une «baisse prolongée» du prix du pétrole qui «dérangerait fortement» les équilibres budgétaires du pays. La mission du FMI souligne, par ailleurs, que le secteur privé doit prendre le relais comme moteur de la croissance hors hydrocarbures. En effet, le secteur privé reste, aux yeux des experts du FMI, faible et fragmenté, notamment dans le secteur industriel, et sa capacité à innover et à favoriser la compétitivité est limitée. Le programme de soutien aux PME devrait être accéléré, selon ces spécialistes, avec un ciblage plus efficace et des objectifs cohérents qu'il conviendrait d'élaborer en coopération avec les représentants du secteur privé. Les programmes de restructuration des entreprises publiques, récemment décentralisés vers les ministères sectoriels, devraient prendre de la vitesse pour donner plus d'espace aux initiatives privées et réduire la pression sur le budget. Plus généralement, les autorités devraient explorer toute autre réforme susceptible d'améliorer le climat des affaires, suggère la mission du FMI.
Posté Le : 31/10/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : S B
Source : www.latribune-online.com