Epuisés, démenés, incertains et indécis, mais pas démotivés. Les Algériens s'agrippent à leur cause et investissent les rues de la capitale, Alger et des autres villes du pays en force pour le 11ème vendredi consécutif. La mobilisation ne faiblit pas en dépit des blocages et empêchements des manifestants de rejoindre leur lieu de contestation emblématique, la Grande-Poste.Des vagues incessantes de manifestants ont déferlé tôt le matin, sur Alger leur pancartes et affiches à la main, exigeant pour la énième fois la rupture définitive avec le pouvoir en place, considéré illégitime jusqu'alors. Cette dernière semaine du mois d'avril a été marquée par des mouvements de grève et de colère dans différents secteurs. En première ligne, celui des jeunes en tête de chaque mobilisation. Ils représentent l'espoir d'une Algérie nouvelle, démocratique et libre, telle conçue dans leurs esprits. Ces différentes manifestations s'articulent autour de revendications sociales et politiques, qui ont, au fil des masses populaires de chaque vendredi depuis plus de deux mois, favorisé la maturation de la conscience révolutionnaire et combative des Algériens soifs de justice et de liberté. Ce vendredi 3 mai, également journée internationale de la presse a été placée sous le thème de la : détermination populaire mobilisée pour chasser les tenants du pouvoir encore actifs après le départ de l'ex-Président Abdelaziz Bouteflika. 7h00 du matin, des centaines de manifestants venus d'autres wilayas du pays se sont réunis à la place de la Grande-Poste. Ils ont veillé toute la nuit pour participer le lendemain à la marche du vendredi. Arrivés la veille pour contourner le cordon habituel de la gendarmerie placé au niveau des accès menant à Alger, paralysant ainsi toute la circulation routière et bloquant des automobilistes pendant des heures. Les plus avertis ont rejoint la capitale la veille en empruntant des raccourcis oubliés. La plupart de ces marcheurs était drapés de l'emblème national et d'autres portaient des tee-shirt noirs sur lesquels, ils ont inscrit leur slogans. Peu avant midi et au moment où d'autres personnes s'invitent au rassemblement, les services de l'ordre ferment les accès au tunnel des facultés, par mesures de sécurité, allèguent-t-ils. La foule des manifestants s'agrandit, progressivement sous un ciel grisâtre et triste traduisant l'état d'âme de l'Algérien, en désolation totale. Plus rien ne pourra désormais arrêter ce peuple déterminer à poursuivre son combat dans le calme et la quiétude qui est mise à l'épreuve du temps qui passe au dépourvu d'une solution réelle à la crise. 13h50, les algérois sortent accomplir leur rituel du vendredi, devenu également chronique par la force de la cause. Des personnalités nationales ont pris part à cette peut être dernière sortie sous la lumière du jour. Bien que le mois de ramadhan ne changerait rien à la lutte populaire, mais sûrement, le peuple réfléchira à d'autres formes de protestation. La s?ur du martyr Larbi Ben M'Hidi a apporté son soutien à ce mouvement qui ne devrait pas « s'estamper et se dissiper avant d'atteindre l'objectif fixé », commente-elle, le bras tendu vers un jeune manifestant qui lui tenait la main. Un exemple parmi d'autres de personnalités qui souhaitent contribuer à modifier le cours de l'histoire de l'Algérie en accompagnant le peuple dans sa révolution du « sourire », devenue un symbole international de toute lutte légitime contre un pouvoir despotique. A 16h48, une marée humaine s'empare d'Alger centre. Hommes et femmes, tous sortis dénoncer « tout acte raciste visant la division du peuple ». « khawa khawa, pas de racismes», un slogan longtemps crié par les manifestants. « Notre objectif est unique, nul ne pourra nous déstabiliser. Les violences d'antan entre algériens ne se reproduiront plus » a invoqué Anis, qui brandissait une pancarte caricaturant « Gaid Salah, en le décrivant comme un vampire qui tente en vain de vider le peuple de son sang». Au sens manifeste et clair, le « peuple appelle le chef de l'ANP a respecter ses engagements et activer les articles 7 et 8 ». Pour cette nouvelle mobilisation, les manifestants ont battu le pavé et affirmé leur position vis-à-vis des dernières propositions de l'institution militaire, celles d'ouvrir le dialogue avec les institutions de l'Etat. « Nous allons marcher jour et nuit jusqu'à démanteler ce pouvoir pièce par pièce », apostrophe Riadh d'une voix rouillée à force de crier. Il était essoufflé, mais obstiné, comme tous ses amis, qui ont rejoint le mouvement à pieds d'El Harrach, après que les stations météo aient été fermées. Pareillement pour plusieurs autres marcheurs, résidants dans les communes limitrophes au centre d'Alger. Alger sature. Le peuple a accompli sa prouesse dans le calme mais surtout dans l'incertitude et la peur d'aller vers l'impasse, à défaut de solutions. Un prochain vendredi peut-être dans l'incertitude.
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Posté Le : 03/05/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Samira Takharboucht
Source : www.lnr-dz.com