Algérie

Le peuple exige un changement radical



«Non à l'abrutissement du peuple», «La Bedoui, la Saïd, Chaâb yourid tadjdid» (ni Bedoui, ni Saïd?; le peuple veut le renouvellement), «La Bedoui, la Ramtane ; Chaâb yourid isqat ennidham» (Ni Bedoui, ni Ramtane, le peuple veut la chute du régime), «La tamdid, la tahdid, chaâb yourid tadjdid» (ni prolongement, ni menace ; le peuple veut du renouveau), «Ihubed wadu n tlelli, Ara Ibeddlen lehkem irkn» (Le vent de la liberté a soufflé pour le départ du système pourri) ; ce sont là quelques slogans nouveaux scandés hier par des milliers de citoyens et d'étudiants à travers les principaux boulevards et rues de la ville de Bouira, en réponse aux propositions de sortie de crise que le Président Bouteflika avait annoncées la veille.Il faut rappeler que dans la ville de Bouira et même dans certains chefs-lieux de daïra comme Lakhdaria et M'chédallah et même à Bechloul et Haïzer, la colère s'était manifestée déjà la veille, soit quelques minutes après la diffusion de cette lettre attribuée au Président Bouteflika, via les canaux officiels.
Et le personnage qui revenait le plus lors des discussions de la veille et même durant les marches d'hier, c'est incontestablement Nourdine Bedoui et à un degré moindre Ramtane Lamamra. Le tout nouveau Premier ministre est traité de tous les noms d'oiseaux et les citoyens que beaucoup avaient considérés un temps comme un peuple amorphe et incapable de se prendre en charge, s'est révélé d'une lucidité politique inouïe tant même les plus jeunes rappellent à tue-tête qu'il fait avant tout partie de ce système dont tout le peuple réclame le départ. Et puis, n'était-il pas le ministre de l'Intérieur lors des dernières élections législatives et locales et l'architecte de toutes les fraudes enregistrées et les faux résultats annoncés qui ont envoyé de faux députés au Parlement ' Même les sénatoriales n'ont pas échappé aux critiques et dont l'architecte reste indéniablement le fameux Bedoui, et, par ricochet, le FLN : un parti qui est condamné par la rue à rejoindre le musée, alors que son clone le RND a également eu son verdict de la rue : berra (dehors).
Ainsi, l'espace d'une matinée, alors que les magasins sont toujours fermés pour la 3e journée consécutive, au grand dam des citoyens qui avaient espéré un moment voir au moins les supérettes de l'alimentation générale et les cafés ouverts, a connu plusieurs marches de dénonciation de ce qui est désormais appelé, les tentatives du pouvoir de revenir par la fenêtre après avoir été évacué par la porte.
Des marches entreprises d'abord par les fonctionnaires de la justice pour, selon eux, manifester leur soutien au peuple. Puis par les lycéens et les citoyens qui se sont regroupés au niveau de la place des Martyrs avant d'entamer une longue marche qui allait les conduire à travers plusieurs rues et boulevards de la ville, avant d'être rattrapés par les étudiants qui ont, eux aussi, organisé leur marche depuis le campus jusqu'à la place des Martyrs avant d'emprunter le principal boulevard Krim-Belkacem qui mène vers le siège de la Wilaya. Là, les milliers de marcheurs se sont rencontrés pour poursuivre ensemble la marche à travers d'autres rues de la ville, avec des slogans cités plus haut, mais aussi, les «Pouvoir assassin», «Y en a marre de ce pouvoir», «Djazaïr horra dimocratia» (Algérie libre et démocratique», «Ulac smah ulac» et d'autres pancartes comme «Pour une Algérie meilleure, pour une démocratie majeure», «Pour une Assemblée constituante», «Pour une 2e République », etc.
Les marcheurs, qui étaient plus d'une dizaine de milliers entre étudiants, lycéens et citoyens, ont parcouru des kilomètres à travers la ville, avec les deux drapeaux, national et amazigh, attachés ensemble, tout au long de la marche pour dire que tous les marcheurs sont de dignes enfants d'une Algérie unie et fière, avant de se disperser dans le calme.
Cela étant, notons que dans l'après-midi, un sit-in a été observé par les magistrats au niveau de la cour, pour apporter leur soutien au mouvement populaire , rappeler la nécessité du respect de la Constitution et des lois de la République, mais également exiger l'indépendance de la justice et du juge, et dénoncer les pressions exercées sur eux. Une marche est prévue par ces magistrats pour demain jeudi.
Y. Y.


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