Face à l'inflexible volonté et inébranlable détermination de démanteler tous le système politique installé par Bouteflika, les Algériens sortent dans les rues de la capitale et dans celles de plusieurs autres pays pour le 35ème vendredi de suite. Fidèles à leur cause, pacifiques et sans crispation, les manifestants empruntent leur itinéraire habituel et scandaient des slogans hostiles au pouvoir et à leurs sbires.Réaffirmant ainsi leur refus des élections et dénonçant un «état de siège». Chaque vendredi matin, la même foule se rassemble devant le parvis de la Grande Poste encore fermé aux manifestants et se préparent à la grande marche. Arborant le drapeau national qui flottait dans les airs et accrochant des portraits des révolutionnaires qui ont été jetés du haut du pont de la Seine en France, le 17 octobre 1961. Ils ont observé une minute de silence en mémoire de ces massacres avant que leur cortège n'arpente les rues du centre-ville. «L'Algérie est marquée par de douloureux événements historiques que ne nous devrions pas oublier. C'est ces événements qui nous rappellent l'amertume dans notre vécu d'aujourd'hui et le risque de la perpétrer si nous laissons les tenants du pouvoirs décider de notre avenir», estime Mustapha, expert-comptable qui se dit craindre «le pourrissement de la situation après le vote qui risque de recycler le système».
Avec un hochement de tête et des épaules, son ami approuve son avis, mais son s'exprimer. Il a pris sa pancarte et a rejoint, le groupe de manifestants qui se dirigeait vers la rue Didouche Mourad, barricadée et encerclée par des cordons de la police, comme tous les autres accès des allées et issues du centre-ville. Vers 12h30, la foule commence à s'agrandir avec l'arrivée de nouveaux marcheurs qui scandaient de loin : «Un Etat civil et non militaire», «libérer les détenus d'opinions et les richesses du pays». Un nouveau slogan s'ajoute à la liste. «Prenez exemple de la Tunisie et laisser le pouvoir au peuple». Les manifestants ont ainsi rendu hommage au peuple tunisien qui a brillé par sa patience et sa révolution qui a cristallisé le principe de la démocratie.
«La période de transition a permis à la Tunisie d'organiser des élections intègres sans aucune intervention ou ingérence des politiques déchus», estime Alim, juriste académicien qui a estime que «l'Algérie devra faire de même et ajourner les élections comme préconisé par Rahabi et ses compagnons». Organiser des élections libres, sans l'implication du pouvoir honni par le peuple est l'objectif de l'intensification de la mobilisation et l'obstination du peuple, encore un autre vendredi, pour exprimer sa volonté de «délivrer le pays». «En dépit de la manipulation politique et l'orientation médiatique, le peuple campe sur ses véritables revendications», indique Salim qui chantait l'hymne national avec ses amis. Ces dernières semaines, le centre d'Alger s'est habitué aux fanfaronnades et chants patriotiques des marcheurs. 16h40, les grands boulevards du centre ville sont noirs de monde. Hommes, femmes et enfants se joignent au mouvement populaire.
A l'unisson, ils plaidaient pour une Nouvelle Algérie, démocratique, mais surtout autonome. Pour ce vendredi 18 octobre, les protestataires ont eu le moral dur et le ton ferme en s'adressant aux symboles du pouvoir qu'ils enjoignent de partir ne serait-ce que par principe ou pour leur dignité, lit-on sur certaines banderoles dont certaines ironisent sur les positions des politiques, mais aussi sur la précarité dont vivent des travailleurs des entreprises dont les patrons sont emprisonnés. Une raison parmi d'autres qui ont fait que la contestation anarchique et non structurée est devenue virale et quotidienne en Algérie, en dehors des vendredis et mardis. La contestation collective prend de l'ampleur et les manifestants de ce vendredi menacent d'entamer une grève générale.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 18/10/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Samira Takharboucht
Source : www.lnr-dz.com