Désarçonné, malmené et manipulé, le peuple ne sait plus sur quel pied marcher, ni quel rythme tenir, mais cela ne l'a pas dissuadé d'investir par milliers le centre-ville de la capitale, Alger et celui de plusieurs autres wilayas du pays. Encore une fois et pour le 31e vendredi de suite, le peuple a répondu présent au rendez-vous de la grande marche du vendredi pour insister sur le départ des tenants du pouvoir, rejeter l'alternance au pouvoir sans la consultation et l'approbation du peuple et surtout dénoncer «un état de siège».Après la dernière instruction du Haut commandement de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, interdisant l'accès à la capitale aux manifestants venant d'autres wilayas, les protestataires sont sortis hier pour étriller un régime qu'ils ont qualifié de «dictatorial et usurpateur». Ils ont clamé à l'unisson son départ et dénoncé la violation de la Constitution et les lois du pays. Une nouvelle mobilisation populaire qui traduit l'attachement à sa cause et à la charte du 22 février du mouvement populaire. Cependant l'insistance dans cette voie, sans alternative ni proposition se répercute sur l'avenir du pays dont à l'heure actuelle, il est difficile d'enrayer les risques d'une explosion sociale ou d'un éventuel chaos.
En contradiction permanente avec le pouvoir, le peuple peine à trouver un compromis et crie à chaque proposition de sortie de crise au «complot et l'usurpation». Faute de confiance, le cordon entre le pouvoir et son peuple a rompu. Une fracture difficile à réparer. Le peuple maintient sa position et fidèle à la rue pour exprimer son mécontentement et crier ses maux. C'est ce qu'il a fait hier pour le 31e vendredi de suite. Vers 10h00 du matin, les rues d'Alger étaient encore vides et calmes. La seule présence remarquée, était celle des policiers mobilisés sur les lieux. Peu à peu, les premiers groupes arrivent et s'installent devant le parvis de la Grande-Poste. Ils se préparent pour la grande marche du vendredi et attendent l'arrivée de leurs camarades. Ces derniers n'ont pas tardé à rejoindre et renforcer le groupe.
Le cortège s'est déjà formé. Premiers slogans criés contre Gaïd Salah et Abdelkader Bensalah, avant d'enchaîner avec des chants patriotiques tout en levant le drapeau national. «L'élection présidentielle est un guet-apens et une mise en scène pour duper le peuple. Où sont passées toutes les promesses et mesures d'apaisements promises au peuple '», s'est interrogé N. Djamila, une militante des droits de l'Homme et membre du groupe interdisant aux manifestants des autres wilayas l'accès à la capitale. Cette décision a radicalisé un bon nombre de manifestants qui ont occupé tôt le matin le parvis de la Grande-Poste avant de sillonner les grands boulevards et rendre hommage aux détenus d'opinion dont ils exigent la libération. 13h40, fin de la prière du vendredi.
Les Algérois au rendez-vous viennent renforcer le cortège des manifestants. Solidaires et déterminés, les marcheurs refusent toute concession et désapprouvent les élections «réfléchies et élaborées par le chef d'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah et ses sbires, organisées dans la précipitation», s'exclame Lamine qui clamait la libération des détenus d'opinion et «d'arrêter le chantage et l'intimidation du peuple». Encore une journée qui dépeint un peuple meurtri, à la croisée des chemins et tente de s'affranchir de ses maux pour construire un nouvel Etat sur les principes de la liberté, la justice et la démocratie. 16h15, Alger est saturée par une foule condensée, empêchée de marcher librement en raison du blocus policier de certaines rues. La cité interdite, Alger comme qualifiée par les manifestants assiste depuis sept mois à un spectacle similaire. Malgré les provocations, les manifestants ont fait montre de «sagesse» et de pacifisme pour le septième mois de marche consécutif.
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Posté Le : 20/09/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Samira Takharboucht
Source : www.lnr-dz.com