Algérie

"Le peuple a gagné la première partie, il doit tuer le match"



L'ancien président du RCD estime que les Algériens ont démontré une solidarité inédite qui témoigne de "la volonté d'avoir une conscience nationale qui accepte l'autre".Le Dr Saïd Sadi, ancien président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), a animé une conférence hier à la Bourse du travail à Paris, à l'invitation de l'Alliance des démocrates de la diaspora algérienne (Adda), une des organisations des expatriés qui militent pour le changement politique en Algérie. "Pour une deuxième Soummam : la Révolution du sourire face à son destin" est le titre de cette conférence qui a permis à M. Sadi d'exposer sa vision sur l'avenir du hirak.
"Nous sommes à une phase charnière de l'histoire contemporaine de l'Algérie", a tenu à souligner l'orateur, estimant qu'il est "nécessaire de mettre à plat l'ensemble de la problématique nationale, sans complaisance et sans sectarisme, de telle sorte que ce qui se dit dans la rue trouve un prolongement dans le débat autour de l'avenir de la nation".
Selon Sadi, cette conceptualisation n'a pas été faite depuis le Congrès de la Soummam et l'assassinat, en 1957, d'Abane Ramdane, qui représente à ses yeux "le symbole porteur de la construction de la conscience citoyenne algérienne". Commentant l'épisode de l'élection présidentielle, l'ex-président du RCD a décliné les différents moyens utilisés par le système (censure, propagande, arrestations?) pour se régénérer.
Mais ces pratiques ne semblent pas marcher, car c'est le peuple qui garde l'avantage, d'après Sadi. "Nous sommes à la mi-temps d'un match et le peuple a gagné par un à zéro. Alors, il faudra évidemment tuer le match", a préconisé Saïd Sadi sur le ton de la boutade. Plus sérieusement, il considère que les Algériens ont accompli une belle performance en parvenant à se mobiliser ensemble contre le système. "C'est la première fois depuis l'indépendance que les populations se sont soulevées de manière solidaire et pour un même objectif", a précisé l'orateur.
Et d'ajouter : "Le message délivré par la rue comporte clairement une exigence de rupture radicale avec l'ordre en place" et témoigne de "la volonté d'avoir une conscience nationale qui accepte l'autre". S'exprimant sur les enjeux du hirak, il a considéré que la problématique posée aujourd'hui est celle de la citoyenneté, comme ce fut le cas au Congrès de la Soummam.
"Tant que la problématique de l'arbitrage citoyen dans la cité algérienne n'est pas réglée, il est faux de prétendre qu'on a trouvé une solution à l'impasse politique actuelle", a affirmé Sadi. S'exprimant sur la capacité de Tebboune à redresser la situation, il a rappelé que sans le soutien de l'armée celui-ci ne serait jamais parvenu au poste de président.
"C'est l'armée qui décide encore aujourd'hui du destin de la nation algérienne", a relevé Sadi. Le pouvoir militaire, l'instrumentalisation politique de la religion et le régionalisme sont, a-t-il rappelé, les principales problématiques que le Congrès de la Soummam avait solutionnées, avec l'ambition de construire les bases d'un Etat moderne. "Or, aucun de ces principes qui avaient été énoncés n'a été retenu", a-t-il regretté.
Abordant enfin le contexte international dans lequel se déroule le hirak, Sadi a fait mention de "tutelles extérieures qui veulent empêcher la collectivité algérienne de se construire". Il est à noter que la conférence de Sadi a été organisée à la veille d'une nouvelle marche de la diaspora aujourd'hui à Paris pour contester la présidentielle du 12 décembre. La marche aura lieu entre la place de la République et celle de Stalingrad.

De Paris : Samia Lokmane-Khelil


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