Le pétrole de la discorde

Le ministère irakien du Pétrole a annoncé hier la nomination d'un nouveau directeur à la tête de la Northern Oil Company (NOC), appartenant à la communauté chiite, provoquant des tensions communautaires dans la ville à majorité sunnite de Kirkouk, Q.G. de la société. Manaâ El Obeïdi, un sunnite qui dirigeait depuis trois ans la NOC après l'enlèvement de son prédécesseur en 2007, a été remplacé par son adjoint, Hamid El Saâdi, un chiite, a affirmé le porte-parole du ministère du Pétrole, Assem Jihad. M. Obeïdi « a atteint l'âge de la retraite et a été remplacé par son adjoint. M. Saâdi possède une grande compétence dans le secteur pétrolier, après avoir passé 40 ans à travailler pour la NOC », a-t-il ajouté.Des employés ont rejeté la nomination dans cette ville à majorité sunnite. « Nous refusons cette décision. La situation à Kirkouk est compliquée et dangereuse, la ville fait partie des zones contestées. Nous avons besoin ici de consensus et non de crises supplémentaires », a affirmé Sabah Abdel Ali, le directeur des transports à la NOC, lors d'une conférence de presse à Kirkouk. « Nous allons protester face à ces agissements », a-t-il ajouté.L'ancien directeur, Manaâ El Obeïdi, a même laissé planer la menace d'une grève et l'arrêt de la production des champs de Kirkouk. « Les employés ont le droit de grève et pourraient l'utiliser », a-t-il dit. La nomination de Hamid El Saâdi « va créer de gros problèmes. Nous ne pouvons pas rester silencieux, nous ne pouvons pas accepter que la société soit dirigée par quelqu'un de Amara », en référence à la ville chiite du sud d'où est originaire le nouveau directeur, a renchéri Adel Abdallah, le vice-président du syndicat des transports au sein de la NOC. Le porte-parole du ministère du Pétrole a nié que la nomination ait été faite sur une base communautaire, mais indiqué au contraire que l'expérience du nouveau directeur en tant qu'adjoint en faisait un candidat idéal. « Qu'un directeur provienne de telle ou telle partie de l'Irak n'a pas d'importance. Un Irakien peut travailler n'importe où en Irak. M. Saâdi a passé sa vie à la NOC et est très qualifié », a insisté le porte-parole. publicité  >